Plus de dix ans qu'on l'attendait... un peu comme Duke Nukem Forever, ou le dernier Wolfenstein. Si le dernier Wolfenstein a été une bonne surprise, Duke Nukem a été une des plus grosses bouses de tous les temps. Du coup, savoir à l'avance si le nouveau Thief serait bon ou pas, c'est un peu jouer à pile ou face. Sauf que les vidéos de preview n'étaient pas très optimistes....
Mais qu'en est-il de l'histoire ? Déjà, c'est la suite des précédents. Je ne saurais dire où exactement l'histoire se cale, vu qu'à part le héros et un personnage secondaire (Basso), il n'y a rien à rattacher aux jeux précédents (à part le faux oeil de Garrett qui indique que ça se passe après le premier Dark Project). Pas de marteleurs, pas de mécanistes, pas de notion écologique forte, pas non plus de grand méchant/démon sur le point de détruire le monde. Et pas non plus le côté steampunk-médiéval-fantastique qui faisait le charme des opus précédents : toute magie est quasiment inexistante, pas de zombies, pas de burricks ou autres créatures étranges (étrangement attachantes); on a simplement droit à des humanoïdes qui ne ressemblent pas à grand chose, n'ont pas grand intérêt, et ne servent pas à grand chose non plus. Et l'explication derrière leur existence et leur apparence est franchement nase.
L'histoire de ce Thief 4, c'est donc Garrett, qui vit de petits larcins avec Erin, la soeur de Basso. Lors d'un cambriolage qui tourne mal, Erin se retrouve aspirée dans une sorte de fumée blanche magique et disparaît... tandis que Garrett tombe dans les pommes et se réveille des jours (semaines ?) plus tard. Et il va donc passer le jeu entier à essayer de retrouver Erin. On aurait difficilement pu faire plus hollywoodien. Beurk.
Dans sa quête, il va rencontrer une poignée de personnages pas franchement intéressants, qui vont se contenter de lui donner des ordres ou d'essayer de le tuer. Mention spéciale(ment nulle) au grand méchant, qui n'est rien de plus qu'un clone de Daniel Day Lewis dans Gangs of New York. Niveau originalité, on a vu mieux.
Bon, l'histoire est à chier. Parlons un peu des graphismes. C'est tout à fait correct pour un jeu aussi récent. Les visages sont bien animés, les décors et villes sont plutôt pas mal, les textures ne sont pas plus pourries que dans les autres jeux actuels. Par contre, le level design aurait pu être meilleur : comme ils me manquent, le manoir de Lord Bafford, le manoir de Ramirez, ou la maison de Constantine.... Des niveaux où on démarre sans map, où on devait se balader, explorer, deviner où se trouve l'objectif, et finalement deviner comment l'atteindre.
Ici, la linéarité et l'assistanat sont de mise. Il n'y a jamais plus de deux façons d'accéder à un objectif, et ça consiste généralement à prendre un couloir plutôt qu'un autre. Le reste du temps, on se contente d'avancer dans les rues, dans les couloirs, en suivant la flèche qui indique précisément où se trouve l'objectif de mission. Bien pour le joueur obèse sur son canapé, décevant pour un vieux de la vieille.
Pour en terminer avec le moteur de jeu, je me sens obligé de parler de la jouabilité. Certes, c'est du classique, rien d'original, mais certains choix catastrophiques plombent l'ensemble.
* Le fait de ne pouvoir se pencher sur le coté que si le jeu l'a décidé : on se retrouve régulièrement derrière un tonneau ou une table, où le jeu n'avait pas prévu qu'on puisse se pencher, et du coup, ben on peu pas, et on est obligés de sortir à découvert.
* Les pouvoirs psyhciques de Garrett, qui lui permettent de voir à 20 mètres les pièges (surlignés en rouge) et les objets sur lesquels on peut agir (en bleu). Vous allez me dire "t'as qu'à pas l'utiliser si ça te gêne !". Oui. Sauf que la construction des niveaux fait que le jeu est difficilement accessible sans se servir de ces aides, à part à vouloir jouer - mourir - charger la partie - jouer - mourir - charger la partie - utiliser le pouvoir - désactiver le piège.
* Le "swoop", qui permet en appuyant sur espace, de parcourir cinq mètres en un pas et presque en silence. Et là, même chose. Je sais que je ne suis pas obligé de l'utiliser, mais le jeu s'attend à ce qu'on l'utilise, et quasiment impossible de finir le jeu discrètement sans s'en servir.
* Les QTE : à nouveau, je n'arrive pas à comprendre comment les designers de ce jeu ont pu un jour se dire "et si on mettait un QTE pour ouvrir les fenêtres ?" Si quelqu'un en est capable, j'aimerais qu'on m'explique ce que ça apporte au jeu de devoir s'acharner sur la touche "E" à chaque fois que je veux ouvrir une fenêtre.... ou me faufiler dans un passage étroit (qui comme par hasard, aura systématiquement une putain de poutre en biais en plein milieu.... à croire que les mecs se sont pas rendus compte à quel point ça le fait pas).
* J'ai failli oublier : l'escalade des murs. Dans plusieurs passages du jeu, Garrett se retrouve à escalader une poutre, une gouttière, et escalade un mur (verticalement et horizontalement) un peu comme dans Assassin Creed. Sauf que Garrett c'est un mec qui est aussi souple et aussi costaud que moi, et qui n'a pas sa place à faire des acrobaties pareilles... Et pour couronner le tout, l'animation du personnage lors de ces séquences est juste pitoyable.
* Et enfin, le truc qui m'a le plus énervé, et qui m'a donné envie de jeter le clavier par la fenêtre quand je l'ai découvert : il y a un piège au pied d'une armoire que je veux fouiller, je me mets donc sur le coté, et j'appuie pour l'ouvrir. Et là, cet enculé de Garrett se déplace automatiquement face à l'armoire, et du coup déclenche le piège !!! Bah oui, faut croire que c'était trop compliqué pour les développeurs de produire une animation du mec qui n'ouvre pas les tiroirs en étant pile en face....
Tout ça pour dire que si j'ai fini ce jeu, c'est bien parce que je me suis forcé, et que je n'ai absolument pas cherché à faire les missions annexes (qu'il faut d'ailleurs souvent se démerder soi-même pour trouver). Je regrette mes 40 euros.
