Créé en 2013, TIMEframe est le fruit du travail effectué en 72 heures par Random Seed Game lors d'une Ludumdare dont le thème était "10 seconds". L'idée proposée est donc d'être témoin des dix dernières secondes d'existence d'un monde condamné à être détruit par un cataclysme imminent.
Concrètement, le principe du jeu est d'explorer le monde qui nous entoure en vue à la première personne, et trouver ainsi parmi les ruines des éléments d'information sur la civilisation qui y vivait mais semble avoir disparu. Le temps se déroulant au ralenti, les dix secondes à disposition avant l'apocalypse (provoqué par l'impact d'un météore) durent en fait dix minutes. Au bout du temps imparti, le joueur se retrouve à son point de départ, à la manière de Bill Murray dans Un jour sans fin: libre à lui de partir dans une autre direction à la découverte d'une autre facette du monde qui l'entoure pour une autre session de dix minutes. Si ce principe semble un peu "casse-gueule" de prime abord (recommencer l'exploration d'un monde vide qui tourne au ralenti, et recommencer toute les dix minutes... ça semble très redondant), en fait il n'en est rien: en y disséminant une douzaine de points d'intérêts et de nombreux monuments, ruines, etc.., Tyler Owen (le développeur) réussit à pousser le joueur à fouiller ce monde agonisant, et à se dire qu'il faudra observer de plus près cette statue visible au loin lors de la prochaine session de dix minutes. Car il faudra bien plus de dix minutes pour découvrir le monde de TIMEframe, et on en vivra la fin plusieurs fois!
Ce plaisir de l'exploration ne suffirait toutefois pas, si le jeu ne possédait pas également une direction artistique sublime. Le jeu étant réalisé avec peu de moyen et dans un laps de temps très court, il s'avère techniquement très pauvre et les textures sont grossières. Mais le développeur a réussi à faire de ces contraintes une force, qu'il utilise pour créer un monde dont le style graphique très épuré vient renforcer son aspect désertique. Il se dégage une vraie émotion à la découverte de certains paysages. Le travail sur les lumières et l'écoulement ralenti du temps poussent à la contemplation: il n'est pas rare de s'arrêter pour observer la progression du météore ou la désagrégation d'une statue, et d'en éprouver de la mélancolie. L'unique musique, interprétée par Clark Aboud, est également une merveille: elle réussit le tour de force d'être belle, de coller parfaitement à l'ambiance du titre, tout en étant assez discrète pour ne pas lasser à chaque nouvelle session de dix minutes.
Pour conclure, rares sont les jeux parvenant à pousser à l'exploration et à la contemplation avec aussi peu de moyens. La maîtrise technique et artistique dont a fait preuve le développeur permet à TIMEframe d'offrir de vrais moments d'émerveillement et d'émotion. Inutile de se demander si il s'agit bien d'un jeu: c'en est un vrai, car il place l'exploration au cœur du gameplay. Inutile de se demander si il s'agit d'un bon jeu: c'en est un, car il est susceptible de procurer de l'émotion au joueur et qu'il est difficile, une fois entré dedans, de le lâcher avant d'avoir au moins trouvé tous les centres d'intérêts.