Cela faisait plus de 6 mois que Tokyo Dark me faisait de l’œil. Sans savoir réellement à quoi m'attendre, le design du jeu (notamment de l'héroïne) et la promesse d'une aventure à fins multiples dans les rues de Tokyo m'attiraient irrémédiablement. C'est donc avec une grande impatience que j'ai lancé Tokyo Dark la première fois.
Détective Ito, je t'aime !
Vous incarnez l'inspectrice Ayami Ito qui enquête sur la disparition de son partenaire et compagnon. Son chemin va l'amener vers des recoins sombres de Tokyo, mais elle va rapidement réaliser que des phénomènes étranges et surnaturels sont à l'oeuvre.
Quelle classe cette Ayami Ito ! Comment ne pas être attiré par une héroïne comme elle ? Détective aux longs cheveux violets, imper' beige, mains dans les poches, démarche et regard décidés, chemise blanche et cravate noire (jetez un œil à l'affiche du jeu - pas celle visible sur senscritique - vous verrez de quoi je parle). Comme je le disais plus haut, c'est pour elle que je me suis intéressé au jeu. Mais notre inspectrice est tout de même au-dessus du lot, car le reste du design du jeu, environnements comme personnages, même s'il est assez réussi, ne possède pas ce je-ne-sais-quoi que dégage Ito.
Attentes faussées ou promesses non tenues ?
Si vous vous attendez à parcourir les rues de Tokyo pour y mener une passionnante enquête de disparition tintée de folklore, vous allez être déçu. Tokyo Dark pêche sur de nombreux points, provoquant ainsi un décalage entre ce qu’on pourrait attendre du titre et ce qu’il nous offre effectivement.
Avant tout, vous ne visiterez que quelques fragments de lieux tokyoïtes qui ne donnent pas forcément l’impression d’être dans la célèbre ville japonaise. Ces lieux sont très étroits et sombres la plupart du temps, ce qui atténue leur intérêt. De plus, il n’y a aucune exploration, puisque peu de lieux sont à visiter et leur petitesse permet d’arriver à l'endroit recherché dès qu’on arrive sur place. De plus, les différents quartiers semblent déconnectés les uns des autres et on perd cette impression de parcourir une ville unie.
Pour la passionnante enquête tintée de folklore, il va falloir passer son tour également. Premièrement, même si l’on suit une inspectrice en quête de vérité, on ne va pas enquêter, nous, le joueur. La narration et le gameplay sont faits de telle sorte que l’on va suivre l’enquête sans s’y investir. C'est tout de même regrettable, car je me serais senti plus concerné si on m'avait laissé la possibilité de rechercher des indices, de comprendre par moi-même certains mystères.
Deuxièmement, le côté surnaturel arrive très tôt dans l’aventure et dépasse allègrement le cadre du simple folklore entourant une enquête. De ce fait, il nous est difficile de nous raccrocher à des éléments concrets, ce qui, encore une fois, tend à atténuer notre implication.
Tokyo (very) DARK
Je m'attendais à quelque chose de sombre en lançant Tokyo Dark (il me semble qu’il y a un indice dans le titre…), mais je ne pensais pas que l'ambiance serait aussi oppressante. Le gros problème du jeu, c'est qu'on ne peut quasiment jamais respirer, la faute à un manque d'alternance entre les moments oppressants et les scènes plus légères. On est constamment plongé dans cette ambiance sombre, glauque, proche de la folie, et les rares scènes qui peuvent nous sauver de la déprime sont soit trop courtes, soit trop peu mises en valeur ou réussies pour remplir correctement leur rôle.
La principale fautive est la musique du jeu. Le compositeur a bien compris que c'était un jeu d'aventure horrifique, car la musique est d'une efficacité redoutable pour vous plonger dans les abysses de la dépression. La majeure partie des compositions sont très oppressantes et celles-ci sont utilisées dans quasiment tout le jeu, même lorsqu'on pourrait s'attendre à une ambiance plus neutre. Quant au reste des compositions musicales, je les trouve peu inspirées, plutôt inintéressantes, voire bruyantes. Je ne compte plus le nombre de fois où j'étais content de quitter une scène pour que la musique s'arrête. En résumé, c'est souvent bruyant, rarement agréable et quasiment toujours oppressant. Alors forcément, ça n'aide pas à se sentir bien dans un jeu.
Immersion à revoir
L’immersion, vous l’avez compris, n’est pas des plus réussies. Mais je vais encore enfoncer un peu le clou puisqu’il y a encore des choses à dire. Notre inspectrice croise de nombreux personnages, dont certains sont récurrents et laissent penser qu’ils seront plus fouillés et auront une importance dans l’histoire. Eh bien non. Tous ces personnages ne servent finalement pas à grande chose d’autre que de donner la réplique à notre héroïne, même si certains revêtent un certain capital sympathie et qu’on aurait aimé voir leur histoire un peu plus fournie. De plus, les dialogues sont longuets et la mise en scène est très basique, la faute notamment à une animation des personnages plus que sommaire. Alors même si l'histoire est assez intéressante, elle ne suffit pas à vous tenir en haleine.
Le SPIN : la petite originalité bienvenue dans le gameplay
Le gameplay est classique, peu inspiré dans l'ensemble, malgré quelques bonnes trouvailles. J'ai dit plus haut que rien n'est fait pour nous donner l'impression de participer à l'enquête de notre héroïne. Je me dois de nuancer ces propos : le gameplay et la narration ne nous permettent pas de nous poser des questions ni de participer activement à la découverte de la vérité. En revanche, nos choix vont être pris en compte, via le SPIN (sanity, professionnalism, investigation, neurosis), sorte de bilan de l'état de santé (mentale essentiellement) et d'efficacité de notre inspectrice. Chacune de nos actions va augmenter ou baisser l'une ou l'autre des composante du SPIN et ainsi influer sur le dénouement du jeu. Il sera ainsi possible de régler de différentes manières les problèmes qui nous font face, sachant qu'il y a généralement une bonne façon de faire (demandant un peu de réflexion) et une mauvaise, plus rapide et expéditive. En fonction de votre SPIN, mais aussi de vos choix en cours de partie (surtout un choix décisif à la fin), vous débloquerez l'une des six fins disponibles.
Ce SPIN est une idée sympathique, mais aussi intéressant qu'il puisse être, il subit en réalité les autres défauts du jeu, car on reprendrait volontiers la partie six fois d’affilée si l’aventure était plus réussie, ce qui n'est pas le cas. Si vous lancez un new game + pour débloquer les autres fins, vous aurez la surprise de lire des monologues et des dialogues légèrement différents du premier run. C’est peu, mais c’est tout de même très appréciable.
On pourrait penser que j’ai détesté Tokyo Dark, en lisant l’énumération de tous les défauts que je lui trouve. Mais non, il y a des choses intéressantes dans ce jeu qui dégage tout de même une aura de sympathie et qui me poussent inexplicablement à lui mettre une note supérieure à la moyenne. L’héroïne, très classe et assez attachante, le design général du jeu, réussi dans son ensemble, le SPIN, les différentes fins possibles et le new game +. Tous ces points permettent de sauver Tokyo Dark du naufrage causé par une musique mal gérée et peu agréable, des dialogues longuets et une mise en scène trop basique, ainsi qu’un gameplay et une histoire qui peinent à impliquer le joueur. Tous ces écueils nuisent fortement à l'immersion, alors que c'est pourtant la qualité recherchée dans ce genre de titre. Dommage, messieurs dames du studio Cherrimochi, vous ferez mieux, je l'espère, la prochaine fois.