Petite remarque préliminaire, j'ai été agréablement surpris de la qualité de l'optimisation du jeu sur PC. Les ralentissements sont rarissimes, les chargements invisibles et la qualité globale très élevée. Lara est d'ailleurs superbement animée, on y croit, mais à 200%.
Ceci posé, par où commencer... Mon périple dans le Yamatai fut court, mais intense.
Court, parce que j'ai vu le générique de fin en 11h de jeu, sachant que je n'ai pas foncé en ligne droite mais que j'ai pas non plus fouillé chaque zone de fond en comble. Toutefois, je crois qu'on peut rajouter 3 à 4 heures supplémentaires pour approcher des 100%, c'est pas énorme, mais c'est potable, c'est dans la moyenne des Tomb Raider.
Intense, parce que je n'ai pas eu le temps de m'ennuyer une seule fois. Aux affrontements succèdent les énigmes, aux énigmes succèdent les phases de plateforme, suivies des phases "action pure et dure", qui allie des QTE chiantes à des mini-gameplay relativement sympas. Le tout étant très bien dosé, je n'ai jamais vraiment eu l'impression de m'ennuyer. Et puis, l'ensemble du gameplay repose sur la fluidité.
Pour bien expliquer cela, je me dois d'exposer sommairement les aptitudes de Lara. Grosso modo, elle sait faire la même chose que dans les derniers opus, mais elle s'est également équipée d'un arc très bien exploité. Celui-ci vous permet de combattre à distance silencieusement, mais aussi d'envoyer des flèches reliées à une corde afin de créer de nouvelles routes, de tirer des ennemis dans le vide ou encore de tirer des objets se situant en hauteur. Cet arc tire également des flèches enflammées, idéales, pour semer la panique chez les adversaires et faire cramer des trucs à distance. L'intérêt étant que tout cela est mis à contribution aussi bien pour les affrontements que pour les énigmes et les phases de plateforme. Lara pourra aussi utiliser d'autres armes pour agir sur des objets précis, mais je n'en dirai pas plus. L'autre grand ami de Lara est le piolet, qui sert aussi bien à l'escalade qu'à défoncer des crânes ou forcer des serrures, voire même de faire office de levier de fortune.
Aussi, Lara est toujours à l'aise dans ses mouvements. Qu'il s'agisse d'entrer ou de sortir de couverture, d'attaquer à distance, au corps à corps ou furtivement, ou même des gunfights en soi, jamais on a cette impression de lourdeur des jeux qui allient trop d'éléments différents. Au contraire.
J'en profite pour revenir sur l'animation de l'héroïne, qui est fascinante. Qu'il s'agisse d'avancer accroupi, de se faufiler dans une fissure, d'avancer dans un milieu aqueux, d'utiliser divers objets, d'escalader, d'enjamber, ou même de s'asseoir au coin d'un feu ou de rester immobile quelques instants, les mouvements gracieux et légers nous enchantent. C'est autrement plus fascinant, et de façon bien moins coupable qui plus est, que d'admirer les formes aberrantes de l'ancienne Lara et ses mouvements de pornstar. J'en serais presque venu à tomber enfin amoureux d'un tas de pixel, si je n'avais pas été courroucé par cette voix.
Oui, car je suis un faible. Même si j'ai une très bonne compréhension de l'anglais, je mets un point d'honneur à toujours privilégier la vf. Et celle de Tomb Raider le reboot est plutôt pas mal... Sauf pour la doublure de Lara. Oh, elle ne surjoue pas, elle ne manque pas non plus de conviction, c'est juste qu'elle joue faux. Et ça m'a hérissé tout le long du jeu, surtout que cette fois, Lara est particulièrement bavarde, à la manière d'un Jason Brody, elle se sent obligée de commenter TOUT ce qu'il se passe autour d'elle. Avec un bon doublage, c'est pas nécessairement gênant, mais là...
Puisqu'on en est au chapitre des déceptions, je ne peux pas taire la quasi absence de psychologie des personnages. C'était un peu un des arguments de vente du titre, et au finish, on ne sent pas réellement Lara évoluer, douter, se résoudre. Elle avance, bon, elle nous fait bien part de ses inquiétudes de temps à autres, mais elle ne se remet jamais en question, elle évacue très vite la culpabilité, la colère, pour simplement jouer la Superwoman qui sauve ses potes. C'est vraiment triste, il y avait matière à creuser, surtout que les développeurs ont accumulé les traumatismes pour la jeune fille: elle donne la mort pour la première fois, voit des proches mourir, subit des sensations fortes, est blessée de toutes les façons possibles et imaginables, voit son image s'abîmer (ses vêtements se déchirent peu à peu, et sa collection de cicatrices ne fait qu'augmenter)... Et non, finalement on a pas vraiment l'impression que la psyché du personnage évolue.
Quant au scénario, il ne vole pas extrêmement haut, c'est un Tomb Raider quoi, mais il reste plaisant à suivre, justement dans le fait qu'on se trouve en terrain connu. Des efforts ont été faits pour renforcer le background à l’aide de logs à trouver (pas inintéressants dans l’ensemble, même si certains n’ont aucun intérêt) et d’antiquités à récolter puis observer (ce qui mieux fait que d’habitude, je trouve, et c’est plutôt agréable, en plus de renforcer l’immersion).
Me reste à parler des derniers points qui m’ont déçu : les QTE et le survival.
Car oui, les QTE, quand c’est bien fait, c’est relativement sympa, bien qu’un peu inutile. Mais lorsqu’on vous demande d’alterner rapidement gauche et droite, et que ça ne fonctionne qu’au petit bonheur la chance (même en allant très vite, ça ne fonctionne pas toujours, et à l’inverse, ça va parfois très bien en adoptant un rythme plus mesuré. J’ai essayé de me synchroniser avec les touches montrées à l’écran aussi, mais sans succès. C’est typiquement le genre de choses qui fonctionnent très bien avec une manette et qui foirent complètement au clavier), et quand on ne vous explique pas clairement qu’il y a une touche « action » et une touche « combat », il y a de quoi passer des moments très désagréables.
Côté survival, c’était aussi un argument de vente du titre, et il me semble bien qu’il y a une version plus orientée survival accessible via le menu de lancement, mais j’ai préféré m’essayer d’abord à une partie normale. Du coup, la chasse ne sert pratiquement à rien, à part gagner un peu d’xp. Du coup, on a pas envie du tout de courir après les bestioles, on se contente, parfois, de tuer celles qui traversent notre chemin.
Personnellement, je n’attendais pas du tout ce Tomb Raider. J’avais peur de voir un gameplay trop éloigné de la série (et je n’avais pas tout à fait tort, d’ailleurs les pièges, qui occupent une place importante dans les précédents opus, sont ici totalement inexistants) et un jeu trop commercial. Mais une petite voix m’a dit que je devais quand même me rendre compte par moi-même. Et ce fut une bonne idée. Malgré sa faible durée de vie, c’est le meilleur jeu d’action sorti ces derniers mois pour moi. Un jeu qui vaut la peine, je recommanderai toutefois aux plus patients d’attendre un peu la possible sortie d’une édition intégrale, la sortie de DLC étant plus que probable.
On sent vraiment la volonté de séduire le public derrière ce jeu. Et le résultat est plutôt satisfaisant.