Mesdames et messieurs, c'est ainsi que s'achève le deuxième procès contre l'odieuse Lara Croft. La voici déclarée coupable de meurtres à répétition... Que-dis je ? De massacre même ! Un véritable carnage. Sans pitié ni remords, sans once d'humanité. Lara Croft est une femme dangereuse. C'est un monstre.
Au cours de son aventure, elle a assassiné de sang froid environ trois cents de ses ennemis... Vous rendez-vous compte ?! Et vous savez ce qu'a été sa seule ligne de défense ? Un simple et maigre " Mais ce n'était pas ma faute ! Ils étaient tous contre moi, je ne pouvais rien faire !!". Ridicule.
Mais après tout, il faut avouer que Tomb Raider II est un jeu particulier. Je dois accorder à Lara qu'elle n'a pas tout à fait tort, ses ennemis étaient partout... et quand je dis partout, c'est vraiment partout. Bon, quand elle se jette dans la base de son ennemi le mafieux, c'est normal qu'elle rencontre des hommes armés jusqu'aux dents.
Cependant, quand elle explore les profondeurs sous-marines et qu'elle découvre l'épave d'un bateau échoué depuis des décennies, c'est tout de suite moins évident d'y trouver à l'intérieur des hommes prêts à la massacrer... On pourrait alors supposer que ce sont en réalité les hommes de main du mafieux, arrivés ici avant elle, ce serait logique ! Mais ce n'est pas possible, puisque parfois ils se trouvent dans des pièces et compartiments qui étaient fermés et verrouillés avant que Lara ne les ouvre... Mystère et boule de gomme ! Sont-ce là des rescapés qui ont survécu par eux-mêmes pendant tout ce temps ? Je comprends mieux pourquoi ils se jetaient tous sur elle ! Et elle les a tué sans pitié ! Un monstre vous dis-je.
De même, il peut paraître très bizarre de retrouver perdus en montagne Tibétaine, comme par hasard pile poil à l'endroit où Lara s'est crachée en avion, une armée de ces mêmes ennemis !
Ils étaient partout. Et c'est bien là le problème de ce jeu. Là où le premier opus nous laissait explorer et découvrir des lieux antiques, en nous imprégnant de la majesté de ces lieux, TR2 lui brise notre contemplation en nous envoyant des dizaines et des dizaines de vagues d'ennemis sans aucune logique. Personne autour de vous dans ce lieu perdu ? Vous vous croyez en sûreté ? Faites-donc quelques mètres pour découvrir trois ennemis surgissant derrière-vous !
De toute manière, je ne sais pas de quoi je me plains, ce n'est pas comme s'il y avait une tonne de décors à contempler. Et oui, très malheureusement, là où TR1 ne nous plongeait que dans des lieux perdus, mystiques, des temples et des vallées, ce deuxième opus choisit de frapper là où on ne l'attendait pas : dans des milieux urbains. Pilleuse de tombe en pleine ville ? Veuillez accueillir Lara la nécrophile, prête à profaner vos cimetières !
Si parcourir la ville de Venise est agréable, je le reconnais, le tout devient un peu plus lassant quand on se retrouve sur une plate-forme pétrolière. Certes, c'est un lieu original où placer un jeu vidéo, mais est-ce ce que l'on souhaitait vraiment pour la suite d'un jeu qui nous avait tellement vendu du rêve par ses lieux perdus ? Pas du tout, et c'est donc avec grande peine qu'on s'aperçoit que la fabuleuse ambiance du premier opus est ainsi tuée, elle aussi.
Mais ce n'est pas le seul problème. Avoir des niveaux en ville, en soi bon allez, pourquoi pas, mais on se frotte ici à un conflit de réalité. Le level design du premier se construisait autour de pièces à explorer en vue d'y trouver des leviers et objets à actionner afin de continuer notre progression. Ici, c'est la même chose. Mais là où cela est crédible dans des temples ayant été pensé pour repousser les profanes, c'est tout de suite bien moins probable au beau milieu d'une ville.
"Bon allez Lara, c'est parti, tu vas sous l'eau actionner le levier qui permet de descendre mon lustre, qui permet de passer par la fenêtre du haut, ce qui me donne la possibilité de m'infiltrer chez le voisin, ensuite arrivé là bas tu..."
"Allez Lara, parcours donc toute la ville afin de trouver la clé du détonateur ! Et dès que tu l'as, actionne le et fais exploser le mur, c'est le SEUL chemin possible pour accéder à l'Opéra de Venise, c'est bien connu !!".
... euh... what ? Bon, je sais bien que moi-même dans la réalité, en compagnie de #VGM, j'ai galéré à trouver l'opéra de Venise la nuit sans carte, mais j'ai pas eu besoin de tout faire péter pour y arriver.
Et ce conflit de réalité va se retrouver dans la totalité des niveaux urbains. Certes, le level design reste très bon, mais il casse l'immersion tellement des fois les actions à effectuer sont pour le moins étranges.
Le charme et la tranquillité du premier opus sont donc rompus... Alors qu'est-ce qui justifie ma note ? Tout simplement qu'en dépit de ses grands défauts, de ses ennemis par centaines qui me fatiguent et me blasent, Tomb Raider II est indéniablement une grande aventure comme on en vit peu dans le jeu vidéo.
C'est une aventure très longue, mêlant l'exploration à l'action, qui nous fera parcourir le tour du globe à la recherche d'un artefact.
C'est une aventure lente, mais donc immersive, car je trouve qu'on se sent vraiment être Lara, découvrant tous ces décors, et apprenant à son rythme à en déjouer la complexité.
C'est une aventure qui nous fera traverser des milieux urbains, mais aussi et bien heureusement des temples et nous fera affronter des pièges vicieux. Car c'est ça la véritable essence de Tomb Raider, et heureusement qu'on la retrouve ici. Dans la plupart des niveaux du dernier tiers, la magie de TR1 sera là. Et, en plus, dans cet opus Lara a gagné en fluidité et en mouvement.
C'est une aventure teintée de magie, de mystère, de découverte. Heureusement, les musiques sont toujours aussi bonnes et participent à nous faire peur, à nous éblouir. Les ambiances musicales, tantôt douces, tantôt un peu dérangeantes, sont toujours réussies.
C'est une aventure visionnaire ! Non sans déconner, ce jeu est carrément en avance sur son époque. Il pourrait être de la génération actuelle tellement il fout de l'action et des ennemis partout sans raison !! Même le dernier level est un niveau rajouté juste pour bourriner ! Il a tous les défauts des jeux Triple A actuels. Visionnaire je vous dit ! TR 2013 n'a rien inventé !!
Bref, il y en a peu des jeux de cette trempe, des grands représentants de l'aventure avec un grand A. C'est ce que j'aime quand je joue à Tomb Raider, et c'est ce que je retrouve ici. Un jeu que j'aurais souvent envie de refaire, comme la plupart des autres opus de cette saga. Malheureusement, c'est aussi un jeu perfectible.
Ah oui, et pour la condamnation de Lara Croft, je vais être bon prince : elle sera simplement condamnée à rattraper ses fautes dans le prochain volet. Et si elle pouvait aussi le faire dans le prochain TR de Crystal Dynamics, ce serait pas mal.