En 1996, le monde du jeu vidéo allait subir une nouvelle révolution. Comment ? En inventant tout simplement une nouvelle façon de jouer. Jusqu'alors, les jeux dits d'action-aventure étaient confinés au seul territoire austère de la 2D. Dès lors, avec le bond en avant technologique proposé par la PlayStation première du nom, cet univers s'ouvre à la troisème dimension. Le jeu ? Tomb Raider, dont la plantureuse héroïne, mélange improbable entre Indiana Jones et Pamela Anderson, allait alimenter les fantasmes et accompagner les nuits solitaires des jeunes joueurs que nous étions alors. Treize ans et trois générations de consoles plus tard, la belle fait son retour. Bilan.

Tomb Raider : Underworld, puisque c´est là le titre de ce nouvel opus des aventures de la bimbo aventurière, reprend donc après Tomb Raider Legend, le remake plus ou moins officiel du premier épisode de la série. L´histoire vous conduira, comme c´est maintenant usuel de la franchise, aux confins d´univers mythologiques. Ici, c´est Avalon et les légendes nordiques qui sont exploitées, puisque Lara ira y chercher sa mère, supposée vivante.

Le bât blesse une première fois quand on considère l´aspect graphique du jeu. Si les décors sont plutôt jolis et correctement travaillés dans leur ensemble, on s´étonnera toutefois de la pauvreté des textures et des rendus 3D. Lara possède une panoplie de mouvements revue et corrigée, améliorée, mais son aspect reste relativement rudimentaire pour un jeu next-gen sur PlayStation 3. Il faut savoir, ceci explique peut-être cela, que le jeu est aussi disponible sur des consoles de génération précédente, telle la PS2. La qualité de la version PS3, sans se placer non plus au niveau d´un simple portage PS2, s´en voit du coup amoindrie. Pourtant, le travail général est correct, et l´univers est travaillé, notamment sur les designs et architectures exploités.

Malheureusement, l´aspect graphique du jeu n´est qu´une des trop nombreuses lacunes dont il souffre. Si la perspective d´un scénario dévoilant les tenants et les aboutissants autour de la mort de la mère de Lara — alors qu´elle n´était qu´une enfant — pouvaient sembler intéressante sur le papier, il en va très différemment une fois réalisée. Lara évolue avec une apparente indifférence et une totale désinvolture, et les conflits qui l´oppose à Amanda Evert et, pire encore à Jacqueline Natla, son ennemie de toujours, sont très superficiels.

Tant et si bien que l´empathie indispensable à toute immersion dans le jeu ne prend jamais. Sans compter qu´après huit épisodes, on attend un peu plus qu´un énième scénario mythologique, où l´on retrouve les mêmes personnages, les mêmes situations, les mêmes comportements... jusqu´à la nausée.

Et là encore, c´est au niveau du gameplay que le jeu fait mal. Hormis quelques mouvements supplémentaires, le jeu est une copie des précédents opus, et conserve à notre grand regret les mêmes défauts impardonnables : sauts approximatifs, placement des caméras particulièrement mal pensée... La progression de Lara, si on ajoute d´assez nombreux glitches et bugs de collision, en devient particulièrement pénible. Sans aller vers la redondance d´un gameplay scripté à l´excès, on était en droit d´en demander davantage d´un jeu de la trempe d´un Tomb Raider.

La réalisation est donc passablement médiocre, aucun élément n´étant véritablement mis en avant : le travail sur le son est quelconque, la musique passe inaperçue... Et ces caractéristiques ne sont malheureusement pas réhaussés par la durée de vie du titre. L´aventure, en trainant, est bouclée en quelques heures à peine, et le niveau de difficulté est au plus bas. Les boss de fin de niveau sont rares et beaucoup trop faciles à battre pour que cela représente le moindre défi, surtout aux joueurs rompus au genre action-aventure.

Nous vous parlions d´Uncharted : Drake´s Fortune, développé par Naughty Dog en exclusivité pour la PS3. Tomb Raider : Underworld, malgré des univers proches, en est l´exact opposé. Là ou Uncharted surprend, Tomb Raider : Underworld ennuie ; Uncharted est magnifique, Tomb Raider : Underworld déçoit visuellement ; Uncharted renouvelle le genre, Tomb Raider : Underworld s´embourbe dans une pénible routine. Pourtant, le jeu de Naughty Dog est sorti bien avant ce dernier épisode, et on aurait pu supposer que Crystal Dynamics et Eidos auraient mis le paquet afin de lui damer le pion. Mais il n´en est rien, et on en vient à regretter amèrement les premiers Tomb Raider, qui avaient au moins le mérite de se montrer inventifs et haletants.

Rappelons que pour les plus mélancoliques, Tomb Raider, premier du nom, est disponible sur le PSN pour quelques euros à peine. Et, si on fait abstraction des ses graphismes dépassés, il se montre autrement plus fun à jouer et intéressant que ce huitième volet, dont le seul intérêt, au final, sera de proposer des trophées (trop) faciles à obtenir.
Kaeron
5
Écrit par

Créée

le 5 nov. 2010

Critique lue 763 fois

4 j'aime

Cédric Le Men

Écrit par

Critique lue 763 fois

4

D'autres avis sur Tomb Raider: Underworld

Tomb Raider: Underworld
Rakanishu
8

Critique de Tomb Raider: Underworld par Rakanishu

Avant de commencer ce Tomb Raider Underworld, il est préférable d'avoir joué à Anniversary et Legend car les histoires développées dans ces opus se rejoignent ici. Mais pas d'inquiétude, une vidéo...

le 24 août 2010

9 j'aime

1

Tomb Raider: Underworld
LinkRoi
8

La dernière vraie aventure avant....

Parlons de Tomb Raider : Underworld ! Termindas, terminadus, terminados ! dernier épisode de la trilogie (anniversary/legend/underworld) et très certainement le meilleur sur à peu près tous les...

le 5 mai 2020

7 j'aime

3

Tomb Raider: Underworld
JulienC
8

Lara Croft / Uncharted : même combat ?

Que de chemin parcouru par Lara Croft depuis ses débuts en 1996 ! Exploration épique, médiatisation cosmique, avant que l'ange ne se brûle les ailes. Grandeur et décadence. L'histoire d'un mythe...

le 12 oct. 2010

5 j'aime

Du même critique

Open Range
Kaeron
9

Open Range de Kevin Costner, le blu-ray

Après avoir connu une période dorée aux États-Unis, dès la fin des années 30 et jusqu'au début des années 60 auprès d'illustres réalisateurs tels Howard Hawkes, John Ford ou John Sturges, puis une...

le 5 nov. 2010

6 j'aime

Le Jour où la Terre s'arrêta
Kaeron
6

Critique de Le Jour où la Terre s'arrêta par Cédric Le Men

Autant le dire tout de suite, on sera débarrassé : cette nouvelle mouture du Jour où la Terre s'arrêta n'égale en rien le film original, réalisé en 1951 par Robert Wise. Véritable brûlot politique...

le 5 nov. 2010

6 j'aime

Dans l'ombre de la lune
Kaeron
8

In the Shadow of the Moon de David Sington et Christopher Riley, le DVD

Le 21 juillet dernier, à deux heures et cinquante-six minutes UTC, le monde célébrait dans une confidentialité presque absolue un anniversaire hors du commun. Sans doute encore trop absorbée par le...

le 5 nov. 2010

5 j'aime

7