Des ambitions qui peinent à trouver une transcription ludique.

Planescape: Torment reste l'une de mes meilleurs expériences ludiques, forcément magnifiée par le souvenir : l'univers déjà et bien évidemment l'écriture rarement égalée (qu'il s'agisse des personnages, du scénario ou tout simplement du texte). Je n'étais pas prêt à croire à un nouveau miracle, surtout aussi longtemps après, avec sa suite putative. De fait je ne savais pas trop à quoi m'attendre et je dois avouer le résultat à la fois enthousiasmant et frustrant, qui illustre en permanence l'écart entre les ambitions et leur concrétisation.
Le positif c'est déjà l'univers qui fait de Torment un parc touristique baroque et barré, plein de détails et d'à-cotés inspirés et weird. Rien que pour cet aspect le jeu vaut le détour, d'autant qu'il est en plus servi par une histoire efficace et bien architecturée, même si elle se révèle malheureusement assez courte et trop peu substantielle; avec un système simple et efficace. Sur ce plan on retrouve le digne successeur de Planescape, avec des qualités d'écriture certaines, mais sans le génie ou la richesse.
Pour le reste l'écart est permanent entre les ambitions et leur concrétisation. Déjà les fameuses marées relèvent d'une mécanique assez lourde et envahissante pour un impact ludique qui m'a semblé au mieux assez fumeux (même après trois parties complètes pour en vérifier l'impact). Ensuite les 'crises', intéressantes sur le principe et servies par un système intéressant, s'avèrent laborieusement conçues et assez pénibles à jouer par rapport au reste de l'aventure.
Enfin le jeu laisse transparaître une impression de contrainte budgétaire, au-delà de sa relative brièveté. Les environnements sont par endroits sublimes mais assez régulièrement d'une grande pauvreté, et les passages purement textuels coincent un peu même si parfois le texte suffit à susciter une ambiance.
Au final un titre qui laisse un léger goût de trop peu et d'inachevé mais affiche une personnalité intrigante et offre une balade merveilleuse dans un univers baroque, riche et séduisant. A mon sens la plus belle tentative de résurrection des anciennes gloires du jeu de rôle PC et celle qui appelle de manière la plus évidente une suite (à laquelle Pillars of Eternity et Wastelands 2 ont eux eu droit).

Créée

le 13 mars 2020

Critique lue 99 fois

bunnypookah

Écrit par

Critique lue 99 fois

D'autres avis sur Torment: Tides of Numenera

Torment: Tides of Numenera
boulingrin87
6

Kamoulox !

Chris Avellone est un peu le grand gourou du CRPG, loin devant son collègue et ami Brian Fargo (qui est d’ailleurs bien aimable de ne pas lui en vouloir : arrivé 20 ans après dans l’industrie et avec...

le 20 mars 2017

7 j'aime

6

Torment: Tides of Numenera
Odin
4

Tourment du joueur

J'aime les CRPG, j'adore ça même, c'est ce qui me procure le plus de plaisir en jeux vidéo. J'aime cette vue isométrique, à la fois jolie et tactique, ces quêtes à choix multiples, ce système de...

Par

le 3 mars 2017

7 j'aime

2

Torment: Tides of Numenera
Jérôme_Richenauer
8

Critique de Torment: Tides of Numenera par Jérôme Richenauer

Ohhh que c'est compliqué. A l'annonce d'un successeur à Torment, je n'avais qu'une hâte: sauter dessus. Je suis fan du premier. Mais, contrairement à beaucoup, mon amour pour ce jeu et son côté culte...

le 18 mars 2017

5 j'aime

4

Du même critique

Fallout 4
bunnypookah
4

Un jeu de rôle Fallout en 2015 c'est donc un FPS croisé avec Minecraft.

Bethesda a atteint un tel niveau de médiocrité avec ce Fallout 4 que même le ressort habituel de l'exploration d'un vaste monde pour y découvrir les quelques pépites qui s'y cachent - lieux...

le 16 nov. 2015

16 j'aime

3

A Plague Tale: Requiem
bunnypookah
4

La soupe réchauffée fait ressortir les saveurs désagréables.

Je ne vais pas beaucoup m'étendre sur sur ce deuxième opus et pour l'essentiel je renvoie à ma critique d'Innocence :...

le 24 oct. 2022

15 j'aime

Dordogne
bunnypookah
4

Nostalgie d'un passé rêvé

Sous la direction artistique le néant... ou presque. Dordogne est symptomatique d'un mal qui ronge le jeu vidéo français depuis (presque) toujours et indé depuis pas mal d'années : le truc narratif...

le 16 juin 2023

12 j'aime

5