Un titre qui veut dire plus qu'il n'y paraît

Cette critique n'en est pas réellement une, c'est une sorte de minuscule dissertation rudimentaire, alors soyez près au spoil. Au premier abord on est face à un simple jeu d'énigmes, un point-and-click pour enfant très mignon. Le jeu dispose d'une durée de vie assez courte et les énigmes sont relativement simples, tout son charme se trouve dans l'Univers dans lequel nos protagonistes évoluent et dans le message qu'il cherche à faire passer.

Toutes les énigmes que l'on rencontre partagent un thème commun, celui de l'enfance et du passage à l'âge adulte, Mackenzie le personnage jouable est en effet très mature pour son age, (elle est incapable de voir la fée de la deuxième énigme) elle apporte la vérité, là ou Pénélope très enfantine, apporte les mystères qu'elle soit résoudre, leur amie Chloé est elle aussi encore une enfant au comportement électrique, elle aussi capable de voir la fée . La résolution des énigmes se fait toujours de manière fantaisiste, en créant un ange à partir d'une formule magique de dessin animé ou en pénétrant le monde des rêves par exemple.

Les PNJs sont tout aussi intéressants, les "figurants" ou habitants "lambda" de la ville se ressemblent tous, puisqu'ils sont une copie conforme du Cri d'Edvard Munch (l'un d'eux se prénomme même Edvard) ils sont une critique de la société, représentant les comportements que l'on adopte aujourd'hui et qui nous empêchent de vivre, ils parlent de travail, de santé, de shopping et de superstition, ils en perdent donc toute identité et vivacité, répétant la même chose en boucle ils sont en fait moins rationnels que nos personnages sensés être plus enfantins, comme le montre leur apparence et leur relation au tableau de Munch qui exprime lui aussi l'anxiété et la détresse du monde dans lequel il vit. Ils sont aussi inutiles à la trame narrative. Les autres PNJs qui sont acteurs des diverses énigmes eux ont chacun une apparence propre, il est révélé plus tard qu'ils ont presque tous été membres d'un cirque, de là on comprends mieux en quoi ils se détachent des autres habitants. L'astronome Ogden, est un adulte qui recherche désespérément à échapper à la réalité en se cloîtrant sous des étoiles artificielles qui ne disparaissent jamais, allant jusqu'à transformer Pénélope en poupée pour sa fille, il n'accepte pas la réalité et se "voile la face" en quelque sorte, métaphore rendue littérale à la fin de l'acte quand fou de rage il jette son chapeau à terre et laisse apparaître sa colère.

Le thème de l'enfance permet aussi à ce jeu de poser une question fondamentale sur notre relation avec la réalité, à la fin de la troisième énigme, Katrina la voyante nous confie que la formule magique ne compte pas, mais que la véritable magie se produit grâce au fait d'y croire, tout simplement, et ça fonctionne! Plusieurs personnages qui vivent dans la pension de Béatrice refusent de faire face à la réalité et semblent se trouver dans un espace liminal, entre 2 mondes, comme la majorité des éléments du jeu. L'humour utilisé repose sur l'absurde, absurde qui compose aussi l'apparence du jeu et des personnages: Dover un requin jaune, Lugol une sorte de créature du docteur Frankenstein, Béatrice la perruche, ou encore notre majordome Cromwell un véritable vampire.

Le jeu nous propose de réfléchir sur ce qui est réellement rationnel, le fait qu'il y ai un meurtre est il plus étonnant que de prendre au sérieux l'assassinat d'une puce, est-ce le discours obsessionnel des PNJs ou la résolution magique des énigmes fantaisistes qui devrait nous étonner? Ou alors les constants discours rationnels de personnages qui n'ont rien de rationnel eux même?

Quoi qu'il en soit il ne faut surtout pas s'arrêter à la surface de ce titre qui regorge de symbolisme, encore une chose m'intrigue, pourquoi placer une référence à l'histoire du roi Midas ici? J'espère que ce jeu vous posera autant de questions qu'il m'en pose!