Anecdote de vieux c** : à l'époque Ultima Underworld est le premier jeu que j'ai lancé sur mon 386DX33 flambant neuf... deux jours après l'achat, le temps de comprendre les notions de mémoire haute et de mémoire paginée et d'écrire un autoexec.bat correct. C'est aussi le jeu qui m'aura fait faire le plus de progrès en anglais !
A sa sortie le premier choc quand on lance le jeu c'est évidemment son moteur inédit, en vue subjective et en 3D temps réel. Dans la presse de l'époque on parlait de 3D mappée et on sentait parfois poindre l'embarras pour expliquer ce que ça changeait par rapport au déplacement en case par case des titres comme Dungeon Master. Alors évidemment avec le recul ça peut faire sourire : la fenêtre de visualisation était assez réduite en raison des contraintes techniques de l'époque (le plein écran viendra plus tard) et les déplacements et attaques se faisaient en cliquant sur l'écran (ou via des raccourcis clavier), la vue souris moderne n'ayant fait son apparition qu'avec Quake quelques années après.
Aujourd'hui ce qui étonne c'est la richesse et le réalisme du jeu qui trahissent un Origin en pleine possession de ses moyens créatifs : topologie complexe, usure de l'équipement, gestion de la lumière, de l'encombrement, de la nourriture, etc. Et une approche poussée du jeu de rôle, au sens noble du terme : le Stygian Abyss est peuplé de communautés qui ont tissées entre elles des relations sociales complexes. Ici les monstres ne sont pas nécessairement des réservoirs de points d'expérience sur pattes au comportement agressif mais aussi des individus avec lesquels il faut composer. Qui plus est le scénario est d'excellente tenue et permet à Ultima Underworld d'inscrire son nom dans l'histoire des jeux vidéos, en cumulant innovation technique et jeu de rôle exceptionnel, dont la profondeur reste un modèle encore aujourd'hui.