Uncharted 4 : A Thief's End. Des années qu'on l'attendait. Cinq ans, pour être précis. Et maintenant que je l'ai terminé 854 fois et que je l'ai retourné dans tous les sens, trouvé le moindre trésor, soulevé le moindre rocher, exploré la moindre zone, grappillé chaque trophée jusqu'à plus soif, il est temps pour votre serviteur métalleux (les initiés auront compris la double résonance du titre de cette critique) de vous livrer son avis. Et de dégommer au passage certains autres lus sur ce site.


---- Rhythm Of Love


Commençons par le commencement : est-ce qu'Uncharted 4 : A Thief's End est le meilleur opus de la série ? Oui, et non. Tout dépend de ce que vous attendez de la série, et surtout tout dépend de ce que vous attendez en tant que joueur d'une série. Je m'explique.


Certains d'entre vous expriment un avis négatif sur le rythme de cette aventure, trop mollassonne par endroits, en particulier durant la première moitié du jeu. Vous y fustigez notamment et à juste titre un déséquilibre entre action et énigmes, ces dernières nous accaparant trop fréquemment. Seulement, je vous le demande : auriez-vous voulu que Naughty Dog fasse à nouveau un jeu dans lequel l'action est prépondérante ? Le premier coup de génie des développeurs à mon sens a été de construire une aventure radicalement différente des trois premières, d'autant qu'il aurait été compliqué de faire mieux qu'Uncharted 2 : Among Thieves tant ce dernier tutoie des sommets à ce jour inégalés en matière d'échauffourées vidéoludiques. Sorti en 2009, Uncharted 2 fut à ce point spectaculaire tant dans dans sa réalisation que dans sa mise en scène que son ombre s'est étendue sur la stature non moins imposante d'Uncharted 3 : L'Illusion de Drake, le troisième volet des péripéties de Nathan Drake n'ayant pas réussi à nous faire oublier l'opus précédent malgré ses immenses qualités. De fait, inverser le ratio action / exploration avec Uncharted 4 apporte toute la singularité nécessaire à cette ultime épopée pour la rendre rafraîchissante. Beaucoup plus proche d'un Tomb Raider période Eidos qu'auparavant, le joueur sera invité à fouiller, grimper, sauter, trouver son chemin dans des zones toujours plus grandes, visitant tantôt l'Écosse, tantôt Madagascar et ses archipels l'île Sainte-Marie. Dépaysement garanti. On ne pourra dès lors pas reprocher à Naughty Dog d'avoir voulu (et d'avoir réussi !) à faire du neuf avec du vieux.


---- Sympathy for the Devil


Uncharted 4 : A Thief's End a été réalisé par les créateurs de The Last of Us, et le moins que l'on puisse dire c'est que cela se ressent du premier chapitre au dernier. Si l'histoire est conventionnelle à la saga (et conventionnelle à toute oeuvre du genre, Indiana Jones et autres Allan Quatermain étant en perpétuelle quête de trésors perdus), le scénario lui s'appuie davantage sur la relation que Nathan et Sam entretiennent après quinze ans de séparation, Nathan ayant toujours cru que son frère avait été tué lors de l'une de leurs aventures. On ne perd pas le sel des scénarios précédents puisque l'humour est toujours bel et bien présent, mais force est de reconnaître que la profondeur émotionnelle qui se dégage de ces retrouvailles amène Uncharted 4 vers des cimes que seul Uncharted 3 et le développement du rapport entre Sully et Nathan peut prétendre atteindre. Mais là où Uncharted 4 va plus loin, c'est en travaillant cette relation au corps tout au long du jeu, et pas sporadiquement. A ce titre, tout le gameplay est construit autour du duo à la manière de The Last of Us, puisqu'il vous arrivera très rarement d'incarner un Nathan livré à lui-même.


La force de l'écriture est de placer le joueur dans un constant doute. Sans aller trop en avant dans les révélations de ouf guedin ©Maxime Robinet, les scénaristes d'Uncharted 4 sont parvenus à nous faire sentir que quelque chose cloche chez Sam (à tort ou à raison, seuls les derniers chapitres vous révéleront si votre inquiétude est légitime ou non) tout en nous faisant partager la joie de Nathan de le retrouver vivant et de faire en sorte que cela perdure. Ce qui ne les empêche pas de continuer à travailler la relation qu'entretient Nathan avec Elena, à la fois complexe et émouvante. Ajoutons également la très grande réussite du ending, une conclusion à la saga qui sonne juste et bien, ce qui est trop rarement le cas pour ne pas être salué ici. Autant d'éléments qui me font dire qu'Uncharted 4 a le meilleur scénario écrit pour un opus de la saga à ce jour.


---- You Shook Me All Night Long


Bien sûr, il reste l'élément le plus important pour un titre estampillé "Uncharted" : les graphismes. Autant le dire tout de go : ce jeu est ma-gni-fique. Pour la première fois depuis bien longtemps, j'ai pris tout le temps nécessaire lors de mon premier run pour explorer les paysages et m'émerveiller devant. Si la partie technique ne souffre d'aucun problème majeur (tout au plus quelques ralentissements très légers), la direction artistique est absolument ébouriffante. Des décors qui confinent à ce point au sublime, on en voit rarement autant dans un seul jeu vidéo.


Mais pour revenir à la partie technique, j'ai été tout autant secoué par la qualité du level design (notamment sur les phases d'infiltration) que par la fluidité de l'animation des personnages ainsi que par l'insolente réussite avec laquelle les programmeurs ont réalisé la végétation. Une végétation dense, crédible, sans polygones saillants à tout rompre, et dans laquelle le personnage peut se mouvoir et interagir avec. Voir les hautes herbes se plier de la sorte lorsque Nathan les piétinent m'a laissé sans voix.


Reste l'I.A. des ennemis qui, hélas, est encore le talon d'Achille des TPS contemporains tant nos adversaires brillent trop souvent pour leur manque de clarté. Il n'en demeure pas moins que pour un jeu sorti sur PlayStation 4, il y a de quoi être admiratif du travail fourni. Et même s'il n'est pas le TPS parfait dans l'absolu, que sa durée de vie et sa difficulté sont relatives (15-20H pour en voir le bout, ce qui reste honorable pour ce type de jeu), il est certainement celui qui a osé aller le plus loin sans pour autant renier les codes du genre. Un grand jeu, tout simplement.

Kelemvor

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