Caca d'oie
C’est bien connu, les oies font la loi. Vous n’avez qu’à demander aux Canadiens. M’enfin, ce petit jeu nous vient d’Australie. Ce qui pourra surprendre, au vu de son ambiance très campagne...
le 24 sept. 2019
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Avant d’être des développeurs, on pourrait se demander si les australiens de chez House House ne sont pas avant de tout de forts bons communicants.
Ils ont en effet réussi le tour de force de faire émerger une forte attente autour de leur jeu, pour un studio sans réel aura dans le milieu (un premier jeu qui n’a pas eu un succès monstre), dans un champ vidéoludique où la concurrence est particulièrement acharnée.
Quelle meilleure idée pour cela que de proposer d’incarner une oie chapardeuse et espiègle merveilleusement bien animée dans un modeste bourg champêtre qui sème la zizanie en proposant un système de jeu à la Hitman le tout enrobé dans une DA léchée aux couleurs pastelles ?
A l’arrivée, c’est exactement ce qu’on y trouve.
Afin d’atteindre la suprême convoitise de notre chère oie, le joueur doit remplir différents objectifs dans une succession de petites zones ouvertes. Une fois que tous les objectifs (sauf un) d’une zone sont atteints, l’accès à zone suivante se débloque, et in fine on pourra déambuler librement dans tout le village, raccourcis débloqués oblige. La darksoulisation du jeu de l’oie.
Concernant les objectifs à remplir, point de conclusion sanglante ou d’issue dramatique, on se contente en fait de foutre joyeusement le bordel dans cette petite communauté apaisée. Par exemple, on nous demande de piquer les pantoufle d’un brave buveur de thé, de faire qu’une dame coupe une belle rose de son voisin, de subtiliser du poivre ou du sel dans un restaurant, de faire tomber par terre un innocent senior jouant de l'harmonica, etc.
Pour cela, les développeurs ne bardent pas notre oie de gadgets technologiques dignes d’un Sam Fisher ou ne lui permettent pas d’enfiler de nombreux déguisements pour franchir les lignes ennemies tel l’agent 47.
A ce niveau le jeu est assez épuré et permet surtout, réalisme oblige, d’utiliser son bec pour ses opérations chapardages (on peut bien évidemment détaler comme un.e dératé.e une fois l’objet convoité en notre possession), de tendre le cou pour attraper des objets situés en hauteur, se baisser et taper des sprints lors des moments opportuns. Et puis, sans oublier évidemment la capacité de cacarder de manière moqueuse envers ces limités d’humains.
Malheureusement pour le jeu, je trouve qu’il demeure trop limité dans ses mécaniques pour aller au-delà de l’image de petit jeu anecdotique (mais amusant, ou amusant mais anecdotique, c'est selon).
D’une part, le jeu est pour moi un peu trop mécanique. Par exemple, pour atteindre ses objectifs, il manque pour moi la possibilité de créer réellement des solutions multiples. C’est-à-dire, j’ai souvent l’impression qu’il y a une solution par énigme à trouver mais que l’expérimentation, l’itération n’est pas suffisamment mise en avant et encouragée. J’ai parfois eu le sentiment de me retrouver (c’est un peu extrapolé sans doute) devant des opportunités d’Hitman où il est nécessaire de faire X pour que Y s’enclenche. De manière prosaïque, on manque de liberté/possibilités.Je dirais même que lorsque l'on tente d’expérimenter ou de tenter des choses plus ou moins loufoques on est souvent déçu du résultat (aucun effet, réaction des personnages manquant de naturel/réactivité). Découragé au fur et à mesure de mes tentatives, je me suis rapidement résigné à appliquer une démarche scolaire. D’où aussi une rejouabilité qui semble (en tout cas pour moi) d’un intérêt plutôt réduit.
D’autre part, ce qui m’a un peu manqué, c’est une forme de “challenge”, même modeste, dans le sens où l’échec, d’une tentative de vol par exemple, n’est aucunement sanctionné et le joueur ne souffre d’aucun handicap ou contrariété, mise à part de devoir s’éloigner de quelques mètres pour repartir à l’assaut. Au moins on pourra dire que le jeu ne laissera pas grand monde sur le bord de la route et permet de le parcourir avec de jeunes joueurs ou des personnes “non joueuses”.
Enfin, même si ce n’est pas un critère majeur, le jeu est aussi très court et se termine en une poignée d’heures. Néanmoins, étant donné que le jeu ne s'épaissit pas, dans le sens où il ne donne pas au joueur la possibilité d’essayer de nouvelles mécaniques de gameplay (autre point dommageable) on évite au moins la lassitude.
Trop limité dans son game design, n’offrant pas assez de liberté au joueur pour remplir ses objectifs, Untitled Goose Game n’en reste pas moins un petit bonbon à l’humour british qui se déguste sans déplaisir et pourra continuer de faire son job principal qu’il remplit à merveille, à défaut d’être un jeu vidéo complet, être une mascotte sur les réseaux sociaux.
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Créée
le 11 nov. 2019
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