Valkyria Chronicles
7.6
Valkyria Chronicles

Jeu de Sega Wow et Sega (2008PlayStation 3)

Valkyria vous invite à faire la guerre entre deux croissants et une tasse de café.

Par Tristan Ducluzeau

Avouons-le : depuis la fin de la Xbox et malgré la réussite des Yakuza de Nagoshi, on n'espérait plus voir Sega se hisser au niveau des titres qui avaient forgé sa légende (Phantasy star IV, Shining force II, Panzer dragoon zwei… la liste serait trop longue à énumérer). Souvent déconsidéré, soutenus par une poignée d'indéfectibles, Sega diffusait cette aura d'éditeur malchanceux et usé, qui n'attendait plus que la lame du toréador pour s'écrouler dans un nuage de poussière. C'est donc un signal fort que nous envoyait le développeur en fin d'année dernière (2008) avec la sortie de Valkyria chronicles, un tactical-RPG flamboyant développé par les anciens d'Overworks (Skies of Arcadia, Sakura taisen). Valkyria avait tout pour lui : une esthétique stupéfiante, un système novateur, un cachet inimitable, une certaine envie d'en découdre. Mais une poignée de mauvais choix (plate-forme difficile + genre ultra-niche + sortie à Noël 2008, Omaha Beach du jeu vidéo) auront fauché les espoirs de ce brave petit soldat qui semble désormais parti pour devenir un titre culte, l'un de ces grands jeux maudits dont Sega s'est malgré lui fait le spécialiste. 350 000 ventes, pour un titre de ce calibre, c'est très peu. Et avec son échec vient le sentiment d'assister à la disparition d'une créature fabuleuse, à l'extinction silencieuse d'une ancienne lignée. Alors, parce que c'est rageant, parce que c'est un scandale, prenons le temps de revenir sur le jeu qui aurait dû sonner le renouveau du tactical-RPG en commençant, pourquoi pas, par sa plus grosse erreur.

Car Valkyria chronicles n'est pas non plus un titre parfait. Son premier faux pas est de chercher à revisiter la Deuxième Guerre mondiale par le biais d'une Europe fantasmée qui fait bien peu de cas de la réalité historique. Incapable de concilier la réalité des faits à son atmosphère giga-gnangnan, Valkyria traite l'histoire comme un supermarché kitschos et pioche les symboles les plus lourds avec un enthousiasme douteux (uniformes nazis parce que c'est choupi, camps de concentration à la limite de la colo', au secours, n'en jetez plus). Forcément, confronté à cette ambiance Papa Schultz, le joueur sent rapidement monter la juste moutarde de l'indignation. Et pourtant... Le titre affiche une telle légèreté, s'appuie tellement sur les codes du RPG 16-bits qu'on n'arrive jamais à lui en vouloir. Comment ne pas réaliser qu'il n'y a là qu'une maladresse embarrassante ? Parcouru de personnages stéréotypés (la méchante à gros seins, le grand noir bourru qui rêve d'ouvrir une ferme de légumes bio, la serveuse raciste à l'enfance traumatisée qui comprendra trop tard son erreur), Valkyria plane à quinze mille. Les développeurs eux-même ne savent pas trop ce qu'ils font, comme en témoigne cet extrait d'interview accordée à Gamasutra : « [A travers Valkyria], j'aimerais que les joueurs japonais prennent conscience de ce qui passe dans le monde et de l'histoire telle qu'elle s'est déroulée en dehors du Japon et de l'Asie ». Non les mecs, l'animal de compagnie number one en Europe n'est pas le petit cochon ailé. Nein, le concept de la race aryenne n'avait rien à voir avec des guerrières bonnasses qui éventrent des tanks à grands coups de rayon laser. Tant qu'à raconter n'importe quoi, vous auriez pu assumer. Bref. (...)

Lire la suite sur : http://www.chronicart.com/jeux-video/valkyria-chronicles/
Chro
9
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le 11 avr. 2014

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Chro

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