Dans notre série « les idiosyncrasies du passif vidéoludique de Tídwald », notre épisode d'aujourd'hui portera sur Versailles 1685, l'une des légendes du jeu d'aventure à la française, un jeu qui a ravi tous les possesseurs d'un micro-ordinateur dans le temps… mais que je ne connais qu'à travers son portage sur PlayStation. Alors, qu'est-ce que ça donne, un point & click sur 32 bits ?


Côté habillage, c'est correct. La musique est excellente (évidemment, dirait Erw) et participe grandement à l'immersion dans l'univers du jeu, tandis que je n'ai pas souvenir de voix trop ridicules, même si celle de Monsieur s'en approche dangereusement. Il y a bien quelques bavures graphiques çà et là : des personnages mal intégrés dans les décors ou à la modélisation un peu foireuse (le visage de poisson de Racine, le Lully microcéphale et les huissiers sans cou vont longtemps hanter mes cauchemars), l'eau étrangement pétrifiée de la fontaine dans l'Escalier des Ambassadeurs, quelques cinématiques de transition entre scènes fixes absentes qu'on aurait aimé voir (surtout dans le labyrinthe, où il est difficile de s'orienter sans ça). Dans l'ensemble, c'est quand même très plaisant de se balader dans Versailles, du moment qu'on ne regarde pas de trop près les plafonds salement pixellisés. C'est loin d'être le jeu le plus laid de la console, en tout cas. J'ai particulièrement apprécié les nuances de couleurs qui varient en fonction du moment de la journée : elles me semblaient très pâles dans le premier niveau, mais ce n'est que logique, puisqu'il est alors 8 heures 30 du matin. Les niveaux suivants sont beaucoup plus chatoyants.


Côté jouabilité, c'est déjà plus délicat. Les responsables du portage ont opté pour des contrôles très similaires à ceux d'un jeu PC, en oubliant que la croix directionnelle d'une manette n'a rien à voir avec une souris d'ordinateur. Seuls deux des quatre boutons de la manette sont utilisés, la croix pour agir et le rond pour accéder à l'inventaire. Dans le jeu, c'est relativement tolérable, même si j'aurais apprécié qu'un des boutons inutilisés soit assigné à une commande « Annuler » globale, au lieu d'être obligé d'aller au bord de l'écran pour quitter un zoom. En revanche, dans les menus d'options (des menus très laids, soit dit en passant) et dans l'espace encyclopédique, c'est un véritable supplice de devoir lentement déplacer son curseur pour faire défiler les textes ou sauvegarder le jeu. Un petit effort d'adaptation aurait été le bienvenu.


Côté scénario, encore une fois, c'est correct. L'histoire d'ensemble aurait pu profiter d'un méchant aux motivations plus claires, mais c'est un détail. Certaines énigmes sont un peu tirées par les cheveux, mais on sent qu'une certaine logique a présidé à leur conception. Les solutions sortent rarement de nulle part et sont l'occasion pour le joueur d'apprendre plein de choses sur la France du Grand Siècle. En fait, les énigmes sont dans l'ensemble assez simples, et le joueur se retrouve plus souvent bloqué parce qu'un indice lui a échappé ou parce qu'il s'est trompé dans l'enchaînement d'actions à accomplir que parce qu'une énigme est trop compliquée pour lui (d'autant que le cyclothymique Bontemps est là pour lui donner un coup de pouce au besoin). En règle générale, je ne suis guère féru de jeux d'aventures, mais j'ai parcouru celui-ci sans déplaisir… jusqu'au dernier niveau.


À l'acte VII, le joueur se retrouve subitement dans une situation délicate : il n'a que cinq minutes de temps réel pour désamorcer une bombe. Non seulement il doit avoir reconstitué un code secret dans les niveaux précédents (il est possible de le manquer, même si le jeu insiste lourdement avant de vous laisser accéder au dernier niveau), mais il doit encore accomplir des actions délicates (récupérer un objet dans une pièce plongée dans l'obscurité dont l'utilité ne devient évidente que bien plus tard, taper le LONG code secret qui permet de désamorcer l'engin) et se souvenir de l'endroit où se trouve la bombe. S'il se refuse à consulter une solution, il va longtemps galérer avant de voir la cinématique de fin…


Ce changement brutal de paradigme nuit un peu à l'impression finale laissée par le jeu. Dans l'ensemble, Versailles 1685 reste tout de même une expérience agréable, qui remplit à la perfection sa mission éducative, même s'il est évident qu'il n'a pas du tout été conçu pour une console.

Tídwald
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le 12 mai 2015

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