Jouer à Viewtiful Joe m’a donné l’impression d’être dans le film Whiplash, sauf qu’au lieu que ce soit J.K. Simmons qui me fustige parce que je viens de rater une descente de toms à la batterie, c’est Hideki Kamiya qui s’exaspère de me voir rater une parade en hurlant : « CUT! CUT! CUT! ». Viewtiful Joe est un jeu qui incarne une philosophie “à l’ancienne” : nous, les joueurs, devons apprendre minutieusement toutes les étapes qu’il nous enseigne, en acceptant d’être largement humiliés par un professeur sadique, certes, mais juste.
On est à des années-lumière des jeux “accessibles”, “en open world”, ou “avec plusieurs façons de contourner un problème”. Viewtiful Joe est construit comme un jeu d’arcade linéaire : chaque nouvelle étape nous apprend soit un nouveau move-set, soit à abattre un nouvel ennemi. Vous avez du mal avec un certain boss ? Pas de chance, il reviendra plus tard, encore plus coriace.
Pourtant, si l’on fait preuve de patience et d’abnégation, on s’étonne à contrôler Joe avec précision et à enchaîner les combos avec une grande aisance. Si vous appréciez cette joie simple qui réside dans le fait d’apprendre à jouer, vous serez servis. Un peu comme Devil May Cry, votre premier playthrough est presque un gigantesque tutoriel (mais fun de bout en bout). Relancez ensuite le jeu en NG+ et vous verrez à quel point vous êtes devenu à l’aise. Il m’a fallu plus de 12 heures pour mon premier run et moins de 4 pour le deuxième, preuve que le jeu est conçu autour d’un véritable mur de difficulté.
Il ne faut toutefois pas se voiler la face : c’est une expérience qui peut s’avérer frustrante et agaçante. Mon seul conseil pour y remédier : si vous êtes bloqué, laissez le jeu de côté et revenez-y le lendemain. Viewtiful Joe demande un certain sang-froid, et s’acharner ne fait souvent qu’empirer les choses.
Au-delà du gameplay, il faut aussi adhérer à ses graphismes cartoon, proches de Jet Set Radio, et à son ton général qui rappelle les émissions de MTV du début des années 2000, avec une touche d’humour teenage assez “débile” (au sens où on l’employait à l’époque).
Malgré tout, la joie immense que j’ai ressentie en terminant le jeu justifie largement de s’y lancer.