Tout ce que le jeu vidéo peut apporter à la narration

Virtue's Last Reward est mon premier jeu Vita. Le bouche à oreille autour du titre a eu raison de moi et je me suis décidé à l'acheter, ne serait-ce que pour tester un genre que je ne connaissais pas : le visual novel. J'ai donc par la même occasion pris 999 auquel j'ai joué en premier et qui m'a fait une très forte impression.
Virtue's Last Reward m'a appris une chose : la batterie de la Vita est vraiment trop faible, car lorsque vous la rechargez trois fois dans la journée pour poursuivre votre aventure, vous vous dites que ce n'est pas optimal. Ou bien serait-ce là la marque de cette poignée de jeux qui vous tiennent tellement en haleine que la notion du temps disparait ? Ces jeux qui vous vont vous coucher à une heure non raisonnable car demain, ou plutôt dans quelques heures, il faudra aller au bureau. Ces jeux qui vont vous marquer à jamais.

Autant prévenir de suite : jouez à 999 avant Virtue's Last Reward, sinon vous n'allez pas vivre comme il se doit les nombreux rebondissements et références (bien au-delà de clins d'œil) disséminés tout au long de l'aventure.

Pour commencer, débarassons-nous des points faibles du jeu. Techniquement, le jeu est propre mais simpliste : pas de lighting, juste des textures, musiques assez génériques, 5 animations par personnage, une interface pas toujours optimale etc. Bref c'est du visual novel qui est passé à la 3D temps réel. Le jeu fait là le minimum pour ne pas aggresser les sens. À noter quand même que le jeu propose les voix originales japonaises, avec un joli casting qui plus est.

Le "gameplay" est une alternance de 3 phases. La majorité du temps, il s'agit de visual novel (donc de la lecture, de la lecture et maintenant de l'écoute grâce aux doublages). Cette partie est ponctuée d'embranchements scénaristiques explicites. Enfin le jeu propose des énigmes sur le principe des escape rooms. Celles-ci ont une difficulté plutôt bien dosée et sont par conséquent plutôt agréables. Il s'agit au final d'un gameplay assez limité, qui par conséquent n'est pas la force du jeu.

L'intérêt de Virtue's last Reward réside dans son scénario, et quel scénario ! Il est difficile d'en parler sans en dévoiler la teneur mais c'est à l'heure actuelle le meilleur scénario qu'il m'ait été donné de voir, de vivre dans un jeu vidéo. le point de départ est simple : décembre 2028, 9 personnes se réveillent dans un lieu qu'ils ne connaissent pas sans en savoir la raison. S'ils veulent s'enfuir, ils devront jouer au jeu que leur a concocté leur hôte. Vont-ils s'allier et s'entraider ou bien vont-ils se trahir afin de quitter les lieux au plus vite ? Chunsoft affiche une superbe maitrise de toute ce que le jeu vidéo et son interactivité peut offrir à la narration : non-linéarité, embranchements, histoires parallèles etc. Comme son prédécesseur, l'écriture est d'une intelligence rare, les conséquences des choix effectués s'intègrent parfaitement dans le flot de l'histoire sans jamais en trahir les codes. 999 avait réussi avec brio à faire tenir tous les embranchements d'un scénario complexe sur un simple jeu mathématique avec les chiffre de 0 à 9. Virtue's Last Reward récidive en y ajoutant des duels psychologiques du meilleur effet dont les conséquences ne semblent jamais forcées. Tout semble logique et à aucun moment on ne se sent pris pour un idiot. Une fois les bases de ce monde futuriste posées, Il n'y a pas de passage en force scénaristique. Au fur et à mesure de l'aventure, de la découverte des personnages et la collecte d'indices, il devient impossible de rester passif face à l'histoire. On se prend à établir les scénarii les plus rationnels, les plus logiques à la vue des dernières informations regroupées, et enfin viennent les possibilités les plus folles auxquelles on n'ose croire. Et pourtant, jusqu'au dernier moment, le jeu nous entraîne de surprise en surprise jusqu'à la révélation finale qui repoussera encore plus loin tout ce que vous auriez pu imaginer jusque-là. On est là devant une forme qui ne peut être appliquée qu'au jeu vidéo et qui sait exploiter son support pour apporter des expériences nouvelles.

Après 24 fins différentes et plus de 40 heures sur ce titre, j'attends maintenant le dernier volet de cette trilogie avec une impatience non-dissimulée.
Twelvy
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le 31 août 2013

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