La naissance d'une famille de coeur

Vous pouvez retrouver mon avis avec illustrations et vidéos sur mon
blog.

Sorti en juillet 2020 Void Terrarium, de son nom complet void tRrLM(); //Void Terrarium, proposait une petite expérience comme nous a accoutumé NIS America. Point de RPG cette fois-ci mais du rogue-like couplé à de l’exploration de donjons, toujours entièrement traduit en anglais comme il est régulièrement d’usage avec le développeur. Neuf mois plus tard, l’opus a droit à une sortie sur Playstation 5 dans une version étendue comprenant de nouveaux éléments de customisations, maladies et donjons à explorer. N’ayant jamais touché à la première version, ce fut donc avec quelques vagues connaissances de l’opus que je me suis lancé dans Void Terrarium.

Petit robot anonyme, on se réveille sur une planète où la flore est omniprésente et pour cause. Cette dernière a pris l’ascendant sur l’humanité qui, afin de survivre à une contamination galopante, a creusé en profondeur à l’aide de machines sophistiquées. Point d’humain à l’horizon pourtant mais une IA qui nous explique que, face à une humanité se plongeant dans l’autodestruction, a décidé de tout bonnement les supprimer. Pour autant il reste un espoir : Toriko, une enfant ensevelie dans les restes d’un terrarium géant. Face à une IA cherchant à réparer ses erreurs, notre petit robot, tout fraîchement baptisé Robbie, décide de s’occuper de sa nouvelle petite protégée.

Drôle de famille

L’IA étant l’unique être disposant de la parole (Robbie et Toriko ne s’expriment jamais vocalement) c’est elle qui va vous guider durant votre avancée. Alliée de taille, elle vous fournit de multiples informations que ce soit vous indiquer vos objectifs, des précisions ou diagnostiquer Toriko. Car, comme tous les humains, la jeune fille peut être victime de la contamination qui sévit sur cette planète. Plusieurs facteurs peuvent jouer en cette défaveur, principalement la nourrir d’aliments non sains (contaminée ou dépassée en date) et résider dans un terrarium sale.

Toriko est une jeune fille entièrement dépendante à Robbie. Le petit robot doit veiller sur son état de santé, nettoyer ce qui lui sert de chambre et la nourrir. D’ailleurs, lorsque la jeune fille est malade, il faudra mixer l’aliment car Toriko sera trop affaiblie pour ingérer de la nourriture solide. Ce n’est pas peu dire que Robbie agit comme un parent et que Toriko demande le même suivi qu’un enfant en bas-âge.

L’IA vous fournira rapidement un logiciel vous permettant de connaître en temps réel l’état de santé de Toriko. Le visuel n’est pas sans rappeler les fameux Tamagotchi avec des icônes correspondantes à chaque type d’information essentiel : la jauge de vie, la faim, la maladie, le besoin de jouer, l’état du terrarium et le niveau de contamination.

Des monstres et des donjons

Pour rendre le séjour de Toriko agréable, Robbie va devoir explorer les souterrains de la planète. Ces derniers se présentent en des zones à explorer se découpant en étages à gravir. Chacune de vos explorations sera différente puisque les donjons sont générés aléatoirement. Robbie commence chaque visite au niveau 1. A chaque fois que le robot gagne un niveau, vous avez le choix entre deux compétences. Là aussi, c’est l’aléatoire qui prime. A vous de réussir à avancer pour cumuler les atouts. Un conseil : pouvoir convertir les dégâts en points de santé est l’une des meilleures compétences à obtenir.

Les ennemis peuvent se montrer nombreux et, surtout, il vous faudra quelques essais pour bien saisir le système de combat. Que ce soit Robbie ou les adversaires, tous agissent au tour par tour en se déplaçant sur un échiquier invisible. Les confrontations deviennent alors stratégiques, d’autant plus lorsque vous êtes seul face à plusieurs ennemis arrivant de toutes parts. Selon les compétences acquises, vous aurez plus ou moins de facilité à vous en sortir. Se faire déborder est vite arrivé si on tente de fuir la confrontation.

En plus de son attaque basique, Robbie dispose d’une attaque spéciale et peut en avoir d’autres selon ce que lui octroie la montée de niveau. En restant appuyé sur L1 plus une touche du pad, vous utilisez l’énergie de Robbie pour déployer des compétences pouvant toucher plusieurs ennemis. Un atout qui n’est pas inépuisable. Si Robbie voit sa jauge de vie ou d’énergie vidée, son exploration est terminée et il est renvoyé au terrarium. Vous pouvez trouver des objets vous permettant de remplir les jauges d’énergie et de santé, mais aussi de servir de projectiles contre les adversaires à l’instar de bombes et grenades.

Votre exploration terminée, vous pouvez conserver à l’abri la nourriture destinée à Toriko et transformer les autres objets en ressources qui vous serviront pour d’autres confections que l’on va détailler plus bas.

Prendre un enfant par la main

Durant vos explorations, le temps continue son cours et Toriko est sujette à des troubles qui vous demanderont de rentrer manu militari pour éviter le pire. Si Toriko décède, la partie est terminée ! Heureusement, dès que vous avez votre scanner Tamagotchi, il suffit d’appuyer sur le pavé tactile puis triangle pour revenir au terrarium.

En plus de la faim, Toriko peut tomber malade. La contamination s’exprime par de nombreux maux qui vont, chacun, réclamer des soins spécifiques. En plus de concevoir des médicaments, il vous faudra construire des éléments pour effectuer les soins comme une table d’opération ou d’autres engins de tortures.

Ces petites scènes sont toujours assez troublantes au vu de la patte graphique propre à NIS America. Toriko affiche tout l’aspect mignon de ces personnages enfantins que l’on peut voir dans les productions japonaises. Même si l’univers est contaminé, la flore est luxuriante et expose des coloris qui confèrent un aspect aquarelle. Il ressort de Void Terrarium un aspect enchanteur ce qui rend, comme dit plus haut, les sessions de soins troublantes, voire comiques. Surtout elles les rendent moins cruelles même avec une Toriko zombifiée ou transformée en un abcès géant.

Rassurez-vous : on peut aussi construire de jolies décorations pour le terrarium de Toriko. En transformant en ressources que vous glanez durant vos explorations, et en dénichant des plans, à vous les joies de la décoration. Que ce soit des plantes, des meubles, des jouets, vous avez de multiples possibilités pour concevoir un doux foyer pour cette petite humaine. Vous pouvez même lui décrocher la lune.

Ces éléments ne sont pas seulement décoratifs mais octroient aussi à Robbie des bonus permanents comme augmenter sa santé. Toriko peut aussi recevoir des bonus comme un estomac plus conséquent ou un terrarium se salissant moins rapidement. Vous pouvez ainsi combiner l’utile et l’agréable.

Une chasse aux trophées reposante

Le platine de Void Terrarium demeure accessible à la plupart des joueurs et va surtout réclamer d’explorer l’univers qui s’offre à vous. En plus des trophées liés à votre progression de l’histoire, nombre d’entre eux se décrocheront d’eux-mêmes puisqu’ils consistent à réaliser des actions basiques. Que ce soit tuer tous les types d’ennemis existants, utiliser des techniques spéciales un certain nombre de fois, atteindre le niveau 50 ou même stopper votre exploration en épuisant votre énergie, tous ces objectifs seront atteints durant votre progression. Il ne vous restera probablement plus qu’à construire trente éléments de décor pour le terrarium ou encore construire la lune.

Vers la fin du jeu, vous aurez accès à un donjon infini. Le temps y est figé vous permettant de l’explorer sans limite et de glaner plus aisément les ressources qui vous manquent. Un lieu idéal aussi pour chasser les trophées qu’il vous manque.

Veillez juste à chasser vos trophées avant d’accéder à la dernière étape de l’histoire car le jeu ne propose aucun end-game. Heureusement Void Terrarium précise lorsque vous êtes sur le point de passer le point de non-retour. Même avec l’aspect aléatoire des donjons, il vous faudra moins d’une trentaine d’heures pour obtenir le platine.

N’ayant que la version PS5 en ma possession, je ne saurais pas vous confirmer s’il est possible d’obtenir les trophées avec une sauvegarde venant de la version PS4.

Un récit enchanteur et touchant

Malgré un habillage qui peut sembler proposer un récit candide, Void Terrarium se permet des réflexions sur le principe même d’humanité. Après tout Toriko est dépendante d’une IA et d’un robot, seuls garants de sa survie. Le terrarium n’abrite pas les habituels insectes mais une humaine qui s’y retrouve autant prisonnière que protégée. On s’attache à ce trio atypique tentant de créer un foyer bienveillant malgré les couacs qu’ils rencontrent durant leur quotidien.

Le dernier quart du récit apporte son lot de surprises poussant le joueur à opérer un choix qui peut se révéler fort dur. Si le thème a été déjà abordé par de nombreuses œuvres, Void Terrarium arrive à provoquer un attachement entre le joueur et Toriko. Prendre soin d’une vie, veiller sur son bien-être, lui créer une maison : ce sont autant de petites actions qui tissent une relation de confiance. Au final, Robbie est peut-être aussi dépendant que Toriko. Void Terrarium propose deux fins, dont une qu’on peut qualifier de secrète car moins intuitive à trouver. Mais elle récompensera dignement les joueurs qui sauront la dénicher.

Cette version est-elle nécessaire si on possède la version PS4 ? Les quelques ajouts ne sont pas très notables, il faut se l’accorder. Par contre la version PS5 a droit à un petit collector qui peut plaire à ceux désireux d’agrandir leur collection. Titrée Deluxe Edition, elle propose une jaquette réversible et, surtout, l’OST du jeu au prix de 39,99 €.

Entre Poison Control et Void Terrarium, NIS America propose des jeux qui s’avèrent plein de bonnes surprises. Si vous recherchez un jeu au rythme apaisant, proposant néanmoins des combats stratégiques, Void Terrarium pourra vous plaire. Personnellement, j’apprécie de découvrir le catalogue riche de ce studio dont la production est souvent résumée à Disgaea.