Dans le futur, il n’y a que l’humour

Dans un futur de post-apocalypse nucléaire, l’humanité tente de se reconstruire. Plus de gouvernement, des ressources rares et une technologie aléatoire ont renvoyé la société au moyen-âge, mais avec des armes modernes. Afin de sortir de l’anarchie, un groupe appelé les rangers du désert essaie de rétablir l’ordre. Le joueur en contrôle une escouade.

20 ans après le premier opus, Wasteland 2 est un jeu de rôles sur pc encore très honnête. En effet, les graphismes n’ont pas trop mal vieilli, le gameplay est plutôt sympa et le scénario est passionnant.

L’histoire est un peu fouillis, le joueur doit assembler par lui-même les différents morceaux racontés par les protagonistes pour comprendre se qui se passe. Niveau difficulté, c’est plutôt tranquille. Le monde regorge de caisses contenant armes, munitions et médicaments. Il y a de multiples possibilités (quêtes secondaires, objets cachés et autres easter eggs) pour booster l’équipe du joueur. Enfin, les adversaires ne sont réellement sérieux qu’à la fin, et un bon coup de fusil antimatériel ou de minigun les atomisera efficacement.

Techniquement, le jeu mélange un point-and-click avec un wargame. Des compétences permettent de révéler des zones cliquables sur lesquelles il faut appliquer un objet ou une compétence. Rien que du classique. Les règles de combat comprennent de bonnes idées comme les points d’action ou l’excellente embuscade. Les déplacements, le piratage et les armes customisables sont autant de possibilités intéressantes pour offrir des combats passionnants.

Le système de jeu souffre sinon d’une profusion de compétences qui demandent une distribution fine entre les personnages, car certaines compétences sont obligatoires pour faire avancer le scénario (comme déverrouiller une porte ou convaincre un personnage). Il faut donc bien équilibrer son équipe. Par ailleurs, les caractéristiques n’influencent pas les compétences. Du coup, une gamine de 50 kilos pourra enfoncer une porte si elle a la compétence alors que le colosse de service en sera incapable. Idem, les personnages sont des mulets (le bourrin transporte sans problème 2 mitrailleuses avec leurs munitions, 2 lance-roquettes et une batte cloutée). Enfin, on trouve toujours tout de manière parfois ridicule (mais que foutent des caisses de balles ou une trousse de secours en plein désert ?). Mais bon, ces détails irréalistes offrent un vrai confort de jeu et une facilité certaine, alors on ne va pas se plaindre.

Le point fort de ce jeu est sans conteste son histoire. Les choix du joueur influent formellement le scénario et le jeu peut être recommencé avec d’autres décisions pour découvrir de nouveaux aspects. C’est très agréable. De plus, l’engagement politique de ce jeu est spectaculaire. En effet, comme toute œuvre de science-fiction, Wasteland 2 dénonce les travers de notre société en les caricaturant. Ainsi, les Skorpions rouges sont une critique virulente du système capitaliste avec ses taxes délirantes et son système d’esclavage qui ne dit pas son nom. L’extrémisme religieux ainsi que le politiquement correct font eux aussi les frais de cette critique au travers de factions rivalisant de ridicule (et exposant également toute leur hypocrisie ; les extrémistes allant allègrement aux putes). Enfin, la surprise est bien le transhumanisme qui subit la plus violente des attaques. En effet, les enfants de la Citadelle sont une secte de gogo qui aspirent à l’immortalité, mais sont transformés en esclaves monstrueux qu’une simple touche permet de déconnecter. Ça ne vous rappelle pas quelque chose ?

Wasteland 2 est un très agréable jeu de rôle qui offre des heures d’explorations et de baston dans un univers riche, à mi-chemin entre l’épouvante et le western bon enfant. Les gags, clins d’œil et références sont légion, mais au-delà de l’amusement se trouve un très sérieux message sur les dérives de notre société. Dix ans plus tard, il est assez inquiétant de voir que nous avons bien progressé en direction ce monde cauchemardesque. Espérons qu’un général Vargas nous attend dans le futur…