Quand on le compare au 2, c'est sûr, plein de choses manquent, et on a l'impression d'avoir une version au rabais. On n'a plus l'interface téléphone, avec les parodies d'applications sociales qui faisaient le sel et le sens de cet épisode qui dénonçait le big data et les GAFA.
Mais ce n'est pas le sujet du 3. Ni dans le fond ni dans la forme. On n'est plus là pour dénoncer les dérives des nouvelles technologies, parce qu'on y est. Beaucoup de choses dénoncées par le 2 sont avérées et bien en place.
Légion parle du fascisme moderne qui imprègne tant de strates politiques, économiques et sociales actuellement. Toute sa structure repose sur cela.
Le scénario. Chaque arc scénaristique va traiter d'une facette du fascisme moderne vue à travers le prisme de la dystopie, en mettant en scène les légendes urbaines et autres théories complotistes qui parsèment notre quotidien digital.
La musique qui va célébrer la scène de Londres, variée elle aussi, mais unie dans son côté rebelle.
Le level design est franchement réussi, avec une vraie sensation de faire face à un puzzle à solutions multiples (mais parfois retorses malgré tout) à chaque bâtiment à infiltrer. Car, beaucoup plus que pour les épisodes précédents, l'infiltration totale est presque obligatoire ici. Bien sûr, on peut toujours décider d'y aller bourrin et de tirer sur tout ce qui bouge, mais ce n'est ni stylé, ni agréable, et c'est surtout très risqué par rapport à son personnage (je conseille très très fortement de jouer en Difficile / Permadeath, qui semble être la vision originelle des développeurs)


Et ce level design, ouvert mais qui sait se défendre, va de paire avec la très grande diversité des compétences des personnages.
Car c'est surtout dans son gameplay que Légion va justifier son existence. Son système de personnages aléatoires, à l'ethnie, au style, au genre, à l'accent, au statut social et surtout aux capacités et compétences extrêmement diverses et variées peut paraître étrange, voir repoussant quand on est habitué au concept de "protagoniste écrit". Il n'en reste pas moins une mécanique qui emprunte au rogue-lite et qui, même si elle sort parfois des résultats qui semblent aberrants, témoigne d'une certaine poésie idéaliste.


Oui, mon agent secret, un vrai James Bond en costard cravate, est un homme aux origines troubles (peut-être mixée Afro-latino) avec un accent incompréhensible de cité... mais et alors ? Initialement déçu de débloquer un James Bond apparemment "cassé", je me suis en fait pris d'affection pour ce personnage qui sortait de l'ordinaire.
Il a l'air de venir d'un milieu plus que modeste, mais a apparemment brillé au MI-5 sans jamais renier son accent ni ses origines. Il sert l'Angleterre à sa manière en rejoignant un groupe de hackeurs activistes.
Une fois le sens critique de la technique suspendu ("arf, encore un résultat aberrant du moteur de génération de perso procédural) la magie Xcom a opéré toute seule, puissance mille, comme par magie.
Et des histoires se sont générées toutes seules dans ma tête de joueur en fin de trentaine, pour qui cette alchimie arrive de moins en moins souvent, il faut l'avouer.


Au final, oui. On perd un peu l'immersion que le 2 pouvait proposer. Mais on gagne un système poétique qui sert son sujet à merveille. Je ne peux qu'espérer que ce concept soit gardé (et peut-être affiné) sur un prochain épisode.

CardinalNoir
7
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le 10 nov. 2020

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