Je ne suis pas un grand fan de Tarantino. Comme ça c’est dit. Si j’apprécie grandement Pulp Fiction, j’avoue avoir eu un peu plus de mal avec Inglorious Basterds (en tout cas, je me sens très éloigné des gens qui crient au génie pour ce film), et Django Unchained était certes très bon, mais assez irrégulier à mon goût. Enfin, j’ai un mal fou à me motiver pour voir les Kill Bill. Je reconnais néanmoins que chacun de ses films est excellent, qu’ils possèdent tous la « patte » Tarantino (chose rare dans mon cas de reconnaître le travail d’un réalisateur sur ses films). Ce qui fait, je suppose, que je n’apprécie pas beaucoup ces films, c’est qu’ils sont trop cinématographiques, ils sont trop chargés en langage cinématographique pour moi (ils le sont d’autant plus que j’arrive à le comprendre). Mais alors, que se passe-t-il si on reprend l’univers de Tarantino, et qu’on le transpose à un jeu ?
Il se passe WET, et p***** que c’est bon ! Que ça soit clair ; oui, le jeu est mauvais, et j’aurai bien du mal à le recommander au premier joueur venu. Dans le même temps, le jeu est pourtant terriblement jouissif et fun. Alors pourquoi et comment ? Je vais essayez de vous expliquer.
On va suivre mon parcours habituel et commencer par les graphismes, car c’est peut être bien ça qu’il va repousser le plus de gens, surtout aujourd’hui à l’ère des nouvelles consoles. Oui, les textures sont crades, ça bave de partout, et sur le plan purement technique, je suis sûr qu’un pro aurait beaucoup à redire. Je ne dirai pas que c’est volontaire mais au fond, est-ce que cette faiblesse ne se transformerait pas en force pour un jeu comme WET ? Le jeu se veut crade, underground : membres tranchés, grossièretés, violences gratuites, etc… Il aurait fallu des graphismes parfaitement léchés pour pouvoir retranscrire dans des graphismes « jolies » l'univers du jeu. Donc moi, je remercie ces graphismes laids car plutôt que d’en avoir des moyens qui auraient atténués la force du jeu, on se retrouve avec un extrême visuel (non vraiment, c’est moche) qui colle parfaitement à l’extrême violence du jeu.
Ca va être exactement la même chose pour les musiques du jeu. Pour écrire cet avis en écoutant la bande-son, je vais commencer par dire que je l’ai grandement apprécié et pourtant, comme les graphismes avec les yeux, elle m’a fait mal aux oreilles par moment. Un genre de punk, bruyant, pas toujours agréable à écouter si on est mal luné mais bon sang ! On pouvait pas rêver mieux comme bande-son ! A noter que la VF est risible et là, c’est pas non plus volontaire sauf que ça sert pas forcément le jeu. Mais au diable, les dialogues sont grossiers et marrants, malgré ces voix qui ne sont pas très professionnelles, ça se mêle parfaitement au jeu, sans, encore une fois, appuyer la forme ou le fond… sauf peut-être les répliques que notre personnage gueule en tuant ses ennemis ; foi de mes parents, ça rappel l’époque de la PS2, et pas dans le bon sens.
Tout ne va pas être aussi positif pour le gameplay. L’idée de base, pas très exploitée à l’époque, est excellente et rappel sans équivoque Devil May Cry : être noté sur notre style de combat, nos actions et acrobaties. Sauf que, là où ça pêche dès le début, c’est que la visée est loin d’être parfaite et on a un mal fou à être précis. Même une fois la sensibilité réglée (et dieu merci ils ont pensé à ça ; c’est pas une évidence sur consoles, surtout à l’époque), il reste compliqué de vouloir faire un headshot, et de le réussir. Parfois, ça arrive, parfois non, et des fois ça arrive sans qu’on le veuille. Ca sert peut être le jeu là aussi, mais il aurait été bon tout de même d’avoir quelque chose de plus précis. Par contre, ce qui ne sert pas du tout le jeu et là gros carton rouge, ce sont ses phases de plate-forme : entre le mauvais positionnement de la caméra et le manque de clarté d’où on doit aller, il n’est pas rare de passer 10 minutes sur un seul passage plate-former du jeu. De plus, les checkpoints ne sont pas toujours très bien placés.
Pour ce qui est de la progression, tout est pour le coup excellent à mon goût et on retourne dans l’idée que tout sert le côté Tarantino du jeu : boire cul sec une bouteille d’alcool pour régénérer la santé, ouvrir la plus part des portes de manière bourrine (bon okay, d'ici la fin du jeu, vous en aurez peut être marre de bourrer la touche carré pour ouvrir une porte), les arènes de combats, les camps d’entraînements pour chaque nouvelle arme, les phases QTE sur les autoroutes (la dernière est juste géniale), ces spots publicitaires/préventifs qui interviennent alors que rien ne les annonçait (je ne les explique toujours pas d'ailleurs), etc… Seul élément du jeu qui pêche ici ; les phases ensanglantées. Je n’ai pas compris l’intérêt autre que graphique ; ça ne rapporte pas plus de points (ou alors j’ai pas fait gaffe) et c’est la grande confusion sur où on doit aller (un de ces passages notamment, nous a fait galéré près de 10 min avec un ami). De plus, ça casse un peu le rythme: on les voit facilement arriver (elles commencent toujours par la même cut-scene).
Reste l’histoire, qui est classique au possible : « Tu m’as trahi ? Bon bah je vais te buter. ». Ce n'est pas un drame, loin de là! Par sa simplicité, ses dialogues et ses personnages, j’ai adoré l’histoire. Si j’ai déjà parlé des dialogues, les personnages sont tous charismatiques, malgré le fait qu’on ne les voie pas énormément mis à part Rubi (notre personnage) et qu’ils soient graphiquement moches. Je précise « graphiquement » car artistiquement, c’est du tout bon, en grande partie car ça sent bon le Tarantino : les villes sous la pluie, les lieux lugubres presque glauques, les personnages hors du commun, les clichés (clichés renforcés par les voix françaises qui doublent les chinois en français, mais avec l’accent qu’on leur donne tous volontiers), etc…
Malheureusement, et c’est en partie pourquoi j’aurai bien du mal à conseiller ce jeu à n’importe qui, tous ces graphismes moches et gameplay quelque peu boiteux, on ne doit les supporter que pour six petites heures. C’est triste, même si l’aventure a été intense. Elle ne présente de plus aucune rejouabilité. Nous sommes en plus face à un jeu qui voulait manifestement se voir attribué une suite (cf. le cliffhanger) mais ça ne sera jamais le cas.
Alors oui, les phases de plates-formes m’ont fait hurler de rage et le nombre de headshot que j’ai manqué va me rester en mémoire mais finalement, je retiens le fun que m'a procuré le jeu, ainsi que le dialogue final qui je pense résume sa philosophie : «
-Le méchant : Je t’emmerde !
-Rubi : Non. Décapitation du méchant. Je t’emmerde ! ».