On connaît tous cette sensation à un moment ou un autre, et cela ne se limite d’ailleurs pas au domaine du jeu vidéo : un soft est érigé en chef d’œuvre par la majorité, et nous, pauvre couillon (et sans mauvaise foi aucune!), on ne pige vraiment pas pourquoi… Je pourrais ainsi citer une bonne dizaine de jeux, anciens comme récents, pour illustrer ce propos, mais ce serait me mettre à dos 90 % des joueurs… On va donc n’en garder qu’un : Wonder Boy in Monster Land (qu’on va d’ailleurs abréger en Wonder Boy II).
Personnellement, j’aime bien le premier Wonder Boy. Le principe est basique et répétitif, le thème principal (qu’on entend les trois quarts du jeu) saoûle au bout de trois niveaux, les décors peinent à se renouveler…mais il possède chez moi un capital sympathie indéniable. Wonder Boy III quant à lui, c’est peut-être pour moi THE masterpiece of the Master System. En plus d’être sublime, le principe des différentes transformations renouvelant constamment le gameplay et ouvrant peu à peu l’accès aux différentes zones de la carte est juste une idée de génie. Si vous n’y avez jamais joué et qu’il vous intéresse, jetez donc un œil sur le remake sorti récemment… Entre les deux, on a un jeu un peu bancal, qui propose de bons trucs mais qui ne le fait pas super bien…
Bon, déjà, même si ça n’est pas de première importance, on va parler de l’univers du jeu qui manque de cohérence. Là où on aurait pu penser contrôler le descendant du premier opus, les deux protagonistes s’appelant tous deux Tom-Tom, il s’avère que c’est en fait le MÊME héros. D’après le manuel du jeu, il ne s’est écoulé que 11 ans entre l’âge préhistorique du premier et cette nouvelle ère, d’inspiration clairement moyenâgeuse…le temps passe vite au pays des monstres ! Question scénar’, on ne s’embarrasse pas de fioritures : un dragon (et ses laquais) est soudainement apparu et s’amuse à terroriser la population. Le maire nous confie donc une épée et la mission d’aller lui botter le cul…
L’époque chevaleresque est un choix plutôt pertinent, qui sied parfaitement à la nouvelle orientation prise par jeu, à savoir un mix savamment dosé de plateforme, d’aventure et de RPG. Tout au long de l’épopée (12 niveaux), on dézingue des ennemis à la pelle, ceux-ci lachant de l’or nécessaire à l’obtention régulière de nouveaux équipements, épées et boucliers, ainsi que des sorts et armes secondaires, comme les boules de feu, la tornade ou les bombes… Les décors savent se renouveler au fil du jeu (ville, grottes, désert, îles, châteaux…) et le bestiaire est majoritairement inédit d’un environnement à l’autre. Tout paraît donc idyllique, sauf que…
En premier lieu, il faut préciser que, à l’instar de son prédécesseur, Wonder Boy II est un jeu originellement sorti en arcade. Mais si, vous savez, ces salles remplies de bornes dont le but premier était de vous chiper votre argent de poche quand vous étiez gamin, qui proposaient des expériences de jeu bien retors, histoire que vous perdiez vite fait et laissiez la place à une autre pauvre "victime"… Ben Wonder Boy II version Master System, c’est un peu la même chose, mais sans l’argent de poche.
Le jeu est dur. véritablement dur. TROP dur. Tom-Tom possède une portée ridicule (on a parfois vraiment l’impression de se battre avec une minuscule dague) alors que certains ennemis sont juste super véloces. Même en mémorisant leurs patterns, on est souvent trop lent et trop juste, et on se prend irrémédiablement des dégâts. Les points de vie peuvent très vite fondre comme neige au soleil, et c’est encore plus vrai contre certains boss (parfois optionnels, mais ce sont les principaux pourvoyeurs de bons équipements). De plus, les ennemis ne se gênent pas pour fréquemment repoper, alors que farmer ne sert à strictement rien, puisqu’ils ne donnent plus rien quand on les vainc une seconde fois. De toute manière, on n’aurait pas vraiment le temps de le faire, sachant que le sablier faisant office de timer (qui nous bouffe des points de vie en tombant à 0) s’écoule ultra vite… Pour parachever le tout, quand on perd, c’est un game over définitif : il n’y a ni continus, ni passwords, et encore moins des sauvegardes…
Bref, il vaut mieux y jouer sur émulateur pour éviter les trop grosses prises de tête, en s’auto-restreignant à sauvegarder entre chaque niveau, comme je l’ai fait pour finalement terminer ce Wonder Boy II. Mais même dans ces conditions, c’est loin d’être une sinécure…
Ma principale erreur a sans doute été de l’avoir fait APRÈS le numéro III, un jeu que je considère aujourd’hui encore comme l’un de mes Best Game Ever… C’est sûr, Wonder Boy in Monster Land ne partait pas vraiment gagnant !