Critique garantie sans spoil, tout ça, tout ça. Et pour une fois ça sera assez court.
Ceci est potentiellement un mensonge.
World of Final Fantasy, sortie le 28 octobre 2016, acheté courant 2017 (sauf erreur de ma part, vers février). Fini en stream devant des milliards de viewers en délire, que peut-on finalement dire du jeu ?
Déjà, World of Final Fantasy, sur le papier, c’est papa FF qui fait tendrement l’amour à maman Pokémon, et 9 mois plus tard, il y a accouchement d’une version chibi pop d’un joli bébé vous proposant de redécouvrir l’univers de vos FF préférés (pas le 13-2 donc.) et capturer tout ce qui peut être capturé au passage (techniquement, vous pouvez capturer des fleurs par le biais des pampa, donc j’exagère çà peine).
A l’origine, je vous le dis, je considérais que ce n’était pas un jeu pour moi : le côté chibi c’est cool mais on vit à l’époque de Darque Soule et Final Fantasy 15, alors maintenant, on veut de la real fantasy : celle qui tâche avec du sang et vous pousse au suicide (généralement parce que c'est nul)
J’ai installé la démo, principalement par dépit parce que j’attendais un autre jeu. Résultat, l’autre jeu (Nioh) est arrivé dans l’indifférence la plus complète : j’avais déjà fini de télécharger la version complète de World of et j’étais sous le charme.
I. C’est d’abord une aventure
Le jeu débute sur un jour normal dans la vie de Lann, serveur dans un café tout ce qu’il y a de plus classique. Il entrevoit au cours d’une vision un potentiel futur où le monde qu’il connait se retrouve détruit avant de se réveiller dans sa chambre (qu’il partage avec sa sœur jumelle), une étrange créature sur la tête au sujet de laquelle il ne s’inquiétera que lorsqu’on lui fera le commentaire de sa présence. Des péripéties. Finalement Lann, et sa sœur jumelle Reynn, se retrouve projeté dans le monde de Grymoire qui sera notre terrain de jeu. En effet, nos deux personnages possèdent le pouvoir unique de capturer et invoquer les myrages, ces créatures qui peuplent Grymoire. Je n’en dévoilerais pas plus au sujet de l’histoire.
De façon plus globale, le jeu nous propose donc de revisiter les mondes de FF (du 1 à 13 et on regrettera franchement l’absence d’une Eorzea (FF14) version World of) à travers une narration originale. Originale ? Oui et non. World of, c’est un FF édulcoré, avec une histoire très légère, qui est clairement construit pour séduire un nouveau public (on y reviendra, c’est une qualité comme un défaut). Mais ce n’est pas aussi simple, le jeu est beaucoup plus subtil que ce qu’il laisse paraître en réalité dans ce qu’il délivre : bourré d’humour pendant 90% du temps, c’est peut être l’un des seuls RPG qui m’a fait m’esclaffer devant les réactions et les histoires improbables des personnages. Ce n’est pas uniquement du gag ultra 1er degré mais un véritable humour de fond avec nos héros favoris revisités dont les défauts sont souvent générateurs de cet humour. World of joue subtilement avec les codes des FF et accepte volontiers de se tourner en ridicule pour vous décrocher un sourire. J’en prends pour exemple, et c’est un léger spoil :
L’attitude de Bahamut qui m’a tué de A à Z. Et globalement celles de toutes les invocations.
World of ne propose pas que de vous faire rire cependant. L’histoire qui semble être une « light fantasy » cache en réalité un véritable lore d’une richesse insoupçonnable au premier abord, un lore qui rivalise avec celui de n’importe quel FF. Le jeu va crescendo dans son histoire, en opérant subtilement un changement de la light fantasy vers la fantasy classique peu à peu et vous transmet le catalogue d’émotion qui va avec. Dès que vous pensez avoir enfin attrapé un bout du fond, la narration vous fait comprendre qu’il vous reste encore beaucoup de chose à savoir. On vole avec beaucoup de plaisir de surprise en surprise et on arrive à la fin sans même s’en rendre compte avec un goût de reviens-y prononcé.
World of n’a pas la prétention de vous offrir une expérience absolue (tournez-vous vers FF15 pour ça, mdr de rire). Il se propose de vous faire vivre la nostalgie des anciens FF, de vous retranscrire une aventure dans un univers ultra coloré, avec des thèmes musicaux revisités (ce battle thème orgasmique de FF1 avec la grosse guitare derrière) et une DA très cool (pour pas mal d’invocations, y’a même pas à tortiller des fesses, on a la meilleure itération dans le jeu – avec celles de FF15). Donc il propose finalement peu mais il le fait ultra bien. Et c’est cool parce qu’on sent que le jeu nous aime.
II. Toi et moi et Pokémon
Côté gameplay, c’est là où le bât blesse. Qui peut le plus zappe le moins.
Le jeu propose un gameplay ultra tactique sous ses airs de truc à la con : vous formez une pyramide avec vos monstres, et selon les myrages que vous prenez, vous allez obtenir des forces et des faiblesses. L’équilibre réel des forces est souvent délicat à trouver sans créer une faiblesse de fou furieux derrière. Et c’est cool. Parce que le jeu propose un bestiaire de myrage à capturer et faire évoluer (quand je vous disais que c’était pokémon) très fournis. Et ne croyez pas que parce que votre Frifrit de taille P va évoluer en Ifurie de taille M ou Ifrit de taille G il va devenir nécessairement plus puissant : le jeu vous propose la carte du tactiquement différent et non du plus fort. Et c’est donc en ce sens que vous pouvez rechanger la forme de vos monstres à votre guise (et celle de vos personnages d’ailleurs, vous pouvez les jouer en G ou P à votre guise, le jeu vous propose même de vous en débarrasser à la fin du jeu en vous donnant la possibilité de ne faire que des pyramides de monstre). Il en ressort un gameplay fluide, agréable et qui ne vous frustre pas. Ajoutez à cela d’autres possibilités introduites au fur et à mesure du jeu avec les méga invocations et des soutiens tactiques par le biais des médailles de héros sans oublier les techniques spéciales des deux personnages principaux et vous obtenez un gameplay complet dont vous n’avez pas fini d’apprendre les subtilités.
Et précisons qu’ils ont quand même une touche (bienvenue) pour accélérer la vitesse des combats. Le jeu ne se fout pas de vous.
III. Du minimalisme à la facilité
Du moins, il essaye de ne pas le faire. Je ne vais pas tourner autour du pot plus longtemps, World of n’est pas exempt de défaut mais il n’y en a qu’un seul qui est réellement gênant : à vouloir faire un jeu accessible à tous, le jeu devient beaucoup trop facile. Autant dans un FF15, on s’en fout complétement parce que de toute façon le gameplay est tellement mauvais qu’on a envie que ça finisse vite, autant dans ce World of c’est une plaie qui va vous obséder tout le long du jeu. Comprenez-moi : le jeu vous propose un système ultra bien foutu avec des propositions tactiques de partout mais vous cale deux chocobos lvl 1 en guise d’ennemi. Il n’y a que sur la fin, et dans les donjons cachés, que le jeu commence à opposer de la résistance bienvenue, vous obligeant à penser vos choix tactiques.
Sinon, tout le long du jeu, vous pouvez prendre votre Nakk blanc que vous allez attraper assez rapidement, le faire évoluer pour défoncer absolument tout le monde avec sa compétence furie.
Plus vous évoluez et engrangez de pouvoirs, plus le jeu va se simplifier à l’excès.
Pour donner un exemple concret de cette situation : il y a un moment où l’on doit traverser un certain endroit sans affronter qui que ce soit pour avancer. Sauf que si vous accrochez au jeu, vous avez commencé les quêtes secondaires (disponible depuis votre hub) et vous avez farmé un peu, situation dans laquelle j’étais. Inutile d’esquiver, dès lors. En utilisant l’avantage élémentaire, vous allez trouer les ennemis qui sont pourtant des sacs à point de vie. Résultat : encore plus d’expérience, des monstres encore plus forts et finalement le jeu ne pose plus aucun souci ou presque. Et même si tout ça reste un plaisir parce que le jeu est très bon, qu’est-ce qu’on aurait apprécié un mode de jeu qui ne donne pas l'impression d'être en mode facile constamment. Comprenez-moi, j'aime la difficulté dans un jeu parce qu'elle rend gratifiante la réussite mais au delà de ça, j'aime quand un jeu m'impose de réfléchir à mes choix sous peine de punition.
(cette phrase sonne clairement comme un truc sadomasochiste un peu sale, je m'excuse)
Pour rester objective, on peut également reprocher au jeu d’être un peu trop minimaliste dans ce qu’il propose. On est amené à redécouvrir de nouvelles itérations de nos villes préférées mais on se limite à certains quartiers, parfois sans même que ça n’est de sens, avec un mur magique qui sort de nulle part. On aurait voulu plus, au moins pour que ça ne donne pas une impression d’univers étriqué. Le jeu perd également de son humour au fur et à mesure que la gravité s’installe et je pense sincèrement que la fin du jeu (pas dans la narration principale mais dans les quêtes secondaires) n’a pas bénéficié du même soin que le début.
IV. My last fantasy
En dépit de ses défauts (et peut-être même à cause de ses défauts), j’aime ce World of. C’est un jeu de la série à part entière, qui en reprend les codes pour en jouer, qui vous cale des références constantes à l’univers dont lequel il s’inscrit et qui est un Final Fantasy jusqu’au bout des polygones. Au-delà de la fibre nostalgique vous pousse à découvrir une histoire, qui sans être exceptionnelle, reste quand même très agréable à suivre. Lann, Tama, Serafie et Reynn sont un groupe ultra attachant. Ils nous font rire une bonne partie du jeu et parviennent à nous arracher de la compassion quand la situation l’impose. (contrairement à FF15 MDRRR)
Comme je l’ai dit, le jeu n’a pas la prétention de vous offrir l’expérience jeu unique de votre vie, ce qu’il vous dit, c’est qu’il va vous faire fondre votre petit cœur en quête de nostalgie et il le réussit avec brio. On regrettera la difficulté, on regrettera le minimalisme et la baisse de la qualité de l’écriture sur les toutes dernières sous quête. Mais tout ça n’eclipse jamais le plaisir de la découverte, la DA du jeu, les graphismes travaillés, les cinématiques en animées très jolies, les musiques retravaillées et plus simplement le fait de jouer à un bon jeu. Proposant un contenu clairement généreux(comptez environ 35h pour l’histoire et 80h pour le 100%.) pour ce que l’on était en droit d’attendre, surtout à une époque où SE te lâche un FF15 à 70€ avec 12h d’histoire, 9h de Pitioss et 4h de jeu supplémentaire pour le reste, World of mérite au moins d’être essayé pour se faire un avis dessus.