World to the West
6.7
World to the West

Jeu de Rain Games (2017Xbox One)

Temps de jeu : 20 heures
Reçu dans le Humble Monthly Bundle de Novembre 2017
Test rédigé pour Nintendo-Difference [#5]

Précédemment paru sur PC, Xbox One et PS4, World to the West est disponible sur le Nintendo eShop depuis le 18 janvier ; les possesseurs de Wii U devront quant à eux attendre encore un peu. Dernier titre en date du studio indépendant Rain Games (les papas de l’excellent Teslagrad), ce jeu d’aventure mêle exploration, combats et réflexion en vue de dessus à la manière d’un Zelda, tout en y incorporant ses propres idées. Après s’être illustrés dans le genre du Metroidvania, les développeurs Norvégiens entendent bousculer du héros à la tunique verte. Alors, pari réussi ?

Alea jacta ouest

La science ça a parfois du bon, mais dans le cas de Lumina, c’est tout le contraire. Envoyée malgré elle dans un autre monde, la jeune Teslamancienne assiste avec effroi à la ruine de son téléporteur. Parce qu’il faudra bien rentrer chez soi un jour ou l’autre, elle se met en quête des composants nécessaires à sa réparation. De fil en aiguille, elle croisera le chemin du petit Knaus, de l’aventureuse Teri et du sportif Clonington. À défaut de pouvoir les déplacer en groupe, le joueur contrôle tour à tour chacun des personnages, usant de leurs capacités uniques pour progresser sur le terrain. Malheureusement, pour passer d’un héros à un autre, il faudra s’arrêter à l’un des totems qui parsèment le monde ici et là. Et si les premiers chapitres du jeu parviennent à instaurer un rythme soutenu et plaisant, les suivants se révèlent toutefois plus lourds, la faute à cette mécanique rigide. À quelques obstacles près, il faudra se farcir le même chemin jusqu’à quatre fois ; une répétitivité à laquelle s’ajoutent de nombreux temps de chargements, ces derniers s’étalant parfois sur plus de cinq secondes.

Certes, chaque héros jouit d’une ou plusieurs spécificités qui les distinguent des autres. Lumina, par exemple, pourra user de ses courtes téléportations pour passer derrière une grille. Teri, elle, se contentera de contrôler mentalement un rongeur pour le faire passer dans un terrier et activer un levier plus loin. Même Knaus et son approche plus furtive – à la limite de l’infiltration – fonctionne dans une certaine mesure. Cependant, impossible de ne pas s’ennuyer fermement au moment de diriger Clonington, le grand et verbeux dandy affichant fièrement ses muscles saillants. Oh, il peut bien fracasser des portes ou des rochers, mais là où il se donne le plus, c’est bien dans les combats. Et que les combats sont pénibles ! Trop longs et trop mous, les affrontements souffrent également de collisions foireuses, poussant le joueur à éviter autant que possible les rixes facultatives. Même les boss, pourtant ingénieux dans leurs patterns, essuient les plâtres d’un moteur physique pas toujours précis. Bien plus classique, le bestiaire se montre également assez limité.

L’ouest soient nos héros !

Fort heureusement, World to the West possède un level-design de qualité, lequel parvient à maintenir l’intérêt du joueur. Sans être particulièrement retorses, le jeu possède de nombreuses énigmes basées sur de la plate-forme. Simple mais efficace, le monde invite celui qui le parcourt à le visiter de fond en comble, même une fois l’histoire finie. De la même manière, la bande-son se révèle délicieuse, mêlant pistes atmosphériques et morceaux plus mélodiques. Sans jamais marquer l’auditeur, elle l’accompagne avec brio durant toute son aventure. Le scénario, lui aussi très secondaire, offre aux personnages une histoire souvent sympathique (notamment Knaus), à laquelle s’additionne un background plus nuancé, en retrait ; un passé dont il faudra retrouver les pièces du puzzle, éparpillées aux quatre coins de la carte. Une localisation française est disponible, bien qu’imparfaite à en juger le nombre de coquilles et de traductions littérales. Plutôt jolie, la direction artistique n’en reste pas moins terriblement générique, fadasse dans ses couleurs, comme dans ses environnements.

Verdict : Peut-être ?

Sans jamais perdre le nord, World to the West ne satisfera pas les amoureux d’un Zelda en 2D. Doté d’une direction artistique réussie mais banale, d’une bande-son agréable mais trop timide et d’un scénario sympathique mais entaché par une localisation aux choux, le jeu de Rain Games se révèle imparfait sur bien des points. Sauvé des eaux par un level-design convainquant et qui invite à l’exploration, le soft ne marquera pas autant son genre que Teslagrad chez les Metroidvania. Alors qu’il tourne comme un charme dans sa version PC, il perd souvent en fluidité sur Nintendo Switch, qu’il s’agisse du mode portable ou du mode docké. World to the West occupera le joueur entre six et huit heures en ligne droite, pour un prix avoisinant les vingt euros. Les néophytes du genre y trouveront un titre plaisant, tandis que les vétérans préféreront passer leur chemin. Pour les autres, peut-être vaudrait-il mieux jeter son dévolu sur un autre titre, moins classique et mieux enrobé.

Créée

le 3 juil. 2022

Critique lue 221 fois

Kalimari

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