Faut l'avouer, niveau J-RPG, c'est pas la joie sur la génération actuelle de consoles. La faute aux développeurs japonais, qui ont décidément bien du mal avec la HD. Mais la Wii est là pour les contenter, en proposant des spécificités proche de la génération précédente. Et c'est sur Wii que les rôlistes adeptes de Japon(i)aiseries commencent à retrouver le sourire, avec quelques RPGs nippons très prometteurs. Longtemps resté exclusif au domaine de l'import, Xenoblade Chronicles a finalement trouvé le chemin jusqu'à notre bonne vieille Europe. Et quand on sait qu'on hurle au "Best J-RPG de la décennie et de la Gen" à son propos, on ne peut qu'être curieux de le découvrir. Alors, overhype ?

Xenoblade. Si le terme "Xeno" vous dit quelque chose, c'est normal, on retrouve Xenogears sur PS1, et les Xenosaga sur PS2. Le point commun entre tous ces jeux ? Tetsuya Takahashi, l'homme derrière les différents projets. Mais ici, le terme "Xeno" tient purement du clin d’œil.

Qu'est ce qu'attendent les amateurs de J-RPG ? Voilà une question que l'homme a dût se poser, pour tenter d'apporter une réponse. Partant d'une idée originale, un monde composé d'un Océan infini et de deux colosses fossilisés, Xenoblade se présente comme une tentative de renouveau dans le J-RPG, en crise depuis quelques années déjà.

Le jeu, pourtant, s'éloigne un peu des J-RPGs traditionnels, combien même en reprend-il quelques unes des meilleures idées, en lorgnant clairement du côté du MMORPG, comme l'avait déjà fait un certain FF XII à son époque. Qu'a-t-il prit des MMO ? Beaucoup de choses en fait, si bien que le feeling du jeu est celui d'un MMORPG offline. C'est un point important à intégrer pour savoir comment s'y prendre avec Xenoblade, car ces aspects, assumés et réussis d'un point de vue purement ludique, sont à même d'être porteur de frustration pour le joueur allergique au genre de MMO.

La première chose qui frappe quand on commence Xenoblade, ce sont ses environnements. Ils jouent dans le gigantisme, s'étendant à perte de vue, et impressionnent par leur variété, leur étendue, et leur level design.Ils sont, à eux-seul, de puissants appel à l'exploration et à l'aventure, sachant qu'on peut aller quasiment partout, y compris dans l'eau. A noter, qu'ils sont si grand, que des marqueurs ont été placés à des endroits stratégiques afin de s'y téléporter directement et sans transition, et croyez-moi, ils sont indispensables au jeux. Ces décors sont recherchés, travaillés dans une esthétique particulière et recherchée pour coller avec le monde du jeu, celui des deux colosses. Tous ces environnements correspondent à un membre d'un des deux colosses, et forcément, la topologie des décors en est marqué. Le jeu regorge de panoramas « carte-postale », comme par exemple les chutes d'eau de la Jungle de Makna. Oui, osons le dire, d'un point de vue purement artistique, le jeu est sublime... Ce qui contraste fortement avec le côté graphique du jeu.

Wii oblige, la modélisation des personnages, des décors et des ennemis est plutôt faiblarde. Pire, les textures sont immondes, baveuses et étirés au possible. Si de loin, ça ne pose aucun problème, dès lors qu'on s'approche, ça fait mal aux yeux. C'est là qu'on regrette que le jeu n'ait pas été développé sur consoles HD, ne serait-ce que pour obtenir des textures plus détaillées. Heureusement que la patte artistique du jeu est un quasi sans-faute, en dehors des personnages, qui seront sujet à débat selon le goût de chacun. Et côté technique, c'est déjà bien mieux, même si ça oscille encore entre l'extraordinaire, et le moins bon. Le côté extraordinaire, c'est que les environnements, pourtant immenses, sont remplis d'animation ici et là, et que le jeu se targue même du luxe de très peu de temps de chargements, seulement entre changement d'environnement, et qu'ils sont même très courts. Ajoutons la possibilité de changer l'heure du jeu à volonté, sans la moindre coupure, ou encore le fait que tous les ennemis se baladent sur la carte, pour comprendre la prouesse réalisé par Monolith. Le côté moins bon, ce sont les animations des personnages, limitées voire saccadées, ou des ralentissements lors d'affrontements avec trop d'ennemis à la fois.

Cela permet de rebondir sur le système de combat du jeu. Encore une fois, ce dernier emprunte aux MMO quelques systèmes, telle que l'attaque auto et le déplacement sur l'aire de combat. Les compétences sont à choisir, et se rechargent au fur et à mesure du combat... Bref, un système plutôt simple à comprendre, efficace, mais qui manque un brin de tactique (hormis les boss), et qui encore une fois, déplaira aux allergiques du MMO. Par ailleurs, le jeu emprunte aussi le format des quêtes annexes aux MMO, et ces dernières sont donc, en conséquence, très (trop?) nombreuses, et en majorité inintéressantes même. C'est dommage, parce que les rares quêtes vraiment scénarisés sont sympathiques, et permettent de compléter un système nommé sociograme, qui s'il n'est pas parfaitement optimisé, constitue un attrait particulier si vous accrochez, et permet d'approfondir l'univers du jeu.

Cet univers, qui par ailleurs, est à la fois très intéressant et décevant. L'idée des Colosses est originale, comme déjà dit, et constitue un fort attrait. Le problème, c'est qu'au final, le background est assez peu développé, et on ne sait pas pourquoi telle construction se trouve ici, comment se sont formés les différents environnements, etc... Oui, on a quelques vagues infos, mais c'est bien insuffisant par rapport à la richesse proposée par les environnements, et le tout reste très superficiel. C'est dommage, car l'ambiance proposée est envoûtante, onirique parfois même.

Ce cadre est heureusement magnifié par une bande-son du feu de Dieu. Les compositions varient entre le moyen/bon, et le grandiose, collant parfaitement au jeu. Mention aux petits gars d'Ace +. Quant aux doublages, l'anglais est moyen, là où le japonais se révèle d'un très bon niveau, avec notamment la voix de Duban, dont le Seiyu est celui de Végéta, et qui nous gratifie de belles tirades.

Viens ensuite le scénario... Ben... S’il est convaincant, avec des personnages sympathiques à suivre sans être extrêmement marquants, il est aussi, et surtout, assez prévisible au final. Jusqu’à la moitié du jeu, le joueur lambda verra venir de très loin les gros rebondissements. Heureusement, la seconde partie l’est beaucoup moins, et la fin pourra être qualifiée de géniale ou de too much selon les partis. Reste néanmoins que le jeu regorge de scènes marquantes et bien mises en scène. Si on y ajoute la cadre original du jeu, qui pourra fasciner par son ambiance puisqu’on a vraiment l’impression d’être dans un autre monde (huhu), le tout est au final une réussite, même si ce n’est pas non plus transcendant.

Enfin, terminons par la durée de vie, qui est juste, comme tout le reste, gigantesque. J'ai mis personnellement 75 heures pour terminer le scénario, et j'ai la prétention d'être quelqu'un de plutôt rapide en général dans les J-RPGs. Donc compter facilement 80 heures, en faisant quelques annexes, et en ne se pressant pas particulièrement. Et on dépasse allègrement la barre des 100 heures de jeu si on se met aux annexes, ou qu'on décide d'aller latter les boss optionnels, allant juqu'au niveau 120 ! Ajoutons à ça un NG+ sympathique, et le fait que tout explorer, ce qui est l'un des attraits principaux du jeu, vous prendra du temps, pour assurer qu'on en a pour son argent.

Comme ça, tout semble très bon... Oui, mais il faut noter d'autres défauts rageants. On a déjà signalé la répétitivité des annexes, nombreuses, mais peu passionnantes hors exceptions, puisque se résumant la plupart du temps à de la recherche d'objets et du bashing de mob. Couplé à l’absence de bestiaire, elles peuvent même devenir pénibles. Ajoutons à ça une ergonomie des menus discutable, un inventaire limité même alors qu'on ramasse des objets à foison, ce qui gâche le plaisir de jeu malgré tout le système de jeu autour optimisé pour être « no frustration ». Découle d'ailleurs, de cette absence de frustration, un grande facilité dans l'ensemble du jeu, avec cependant deux/trois boss abusés, voir cheatés.



Et pourtant... Xenoblade Chronicles est une réussite. Il gagne le droit de prétendre au rang de jeu marquant, malgré ses défauts frustrants, et malgré un petit overhype. Il profite certes du contexte de crise, et on sait que l'essai aurait été plus difficilement transformé lors de la grande forme des RPGs de la fin de l'ère 128 bits, ou lors de l'âge d'or SNES/PS1. Mais Xenoblade possède assez de qualités pour se faire aimer, proposer une expérience agréable et marquante, et montrer une voie possible pour le J-RPG. Mais ils 'agit aussi d'un jeu qu'on peut facilement détester. Mais pour le savoir, il faut l'essayer.
Nivarea
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Ces jeux qui m'ont fait oublier ma vie sociale et Les meilleures musiques de jeux vidéo

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le 21 déc. 2012

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Nivarea

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