Xenoblade Chronicles par ngc111
Presque 130 heures de jeu !
L'on pourrait presque résumer la qualité de Xenoblade à ce nombre froid et lapidaire, qui symbolise pourtant à quel point le RPG de Monolith Software est long, passionnant, riche et addictif. Surtout quand on se rend compte qu'il reste une tonne de choses à faire !
On ressort du jeu un peu fatigué, après plusieurs semaines de péripéties, après des centaines de quêtes accomplies, après d'incessantes évolutions dans le scénario, après des milliers de combats, après de multiples rencontres... mais la fatigue que l'on ressent est de la "bonne fatigue" ; celle que l'on éprouve après un voyage impressionnant, varié dans les lieux traversés, et qui, lorsque l'on regarde en arrière, nous donne ce sentiment d'avoir vécu toute une vie en quelques semaines.
Un vrai voyage, dépaysant et marquant, voilà la première des qualités de Xenoblade. Chaque zone paraîtra immense au voyageur, vaste mais irrégulière et remplie de zones secrètes à dénicher. Rares sont les jeux à proposer un terrain aussi immense à explorer, qui plus est parmi les RPG, avec un level design quasi parfait (on chipotera concernant la Mer d'Eryth un peu plus laborieuse à explorer) et une liberté forçant le respect.
Et puis tout est agréable dans Xenoblade, de la possibilité de se téléporter dés le début du jeu, à la liberté offerte dans l'accomplissement et la validation des quêtes (hors évènements spéciaux) en passant par les combats sans aucune transition.
Ces combats parlons-en ! D'un dynamisme exacerbé, d'une fluidité plus que correcte (les ralentissements sont toutefois bien présents en cas d'invasion ennemie et de déluge d'effets à l'écran), ils se révèlent bien plus clairs et faciles à diriger que ce que le bazar à l'écran pourrait laisser suggérer. Il faut ajouter à cela la possibilité de jouer avec n'importe lequel des personnages (il y en a 7 au total) sachant que deux autres nous accompagne. Les personnages attaquent de manière automatique mais l'on peut déclencher des attaques spéciales, aider ses camarades sonnés ou tombés au combat, déclencher des enchaînements combinant des attaques des trois personnages... les possibilités sont nombreuses et étoffées par d'autres aspects sociaux ou tactiques présents dans le jeu comme l'amélioration des liens entre personnages (pour débloquer des dialogues supplémentaires et facultatifs), l'équipement de gemmes pour se protéger d'effets nocifs ou tout simplement améliorer ses statistiques, le partage de compétences... une plénitude de choses à gérer qui enrichissent le jeu sans pourtant jamais le rendre austère ou complexe.
Xenoblade se pose en modèle de jeu riche mais pas inaccessible, chronophage mais pas pour des raisons de difficulté d'assimilation.
L'aspect gestion/social et accomplissement de quêtes ne doit pas faire oublier que l'on joue à ce grandiose RPG pour vivre une aventure palpitante et dépaysante.
Palpitante elle l'est assurément même si l'on pourra trouver à redire sur le rythme du jeu avec certains passages où le scénario n'avance guère, et d'autres où tout s'enchaîne en nous dévoilant moult révélations sur les protagonistes et sur le passé de Bionis et Mékonis. Après tout dépend aussi des choix du joueur, entre avancer rapidement vers la suite du jeu ou bien résoudre le plus de quêtes possibles avant de continuer à progresser.
Dépaysante, l'aventure l'est totalement ! On le répète mais est là est tout le génie du jeu : l'on commence dans une zone déjà vaste et prometteuse, la Colonie 9, mais la suite nous propose des environnements tous plus marquants les uns que les autres. Il faut voir la taille éblouissante de la plaine de Gaur, la luminosité du Marais de Satorl la nuit, contrastant avec l'atmosphère poisseuse du jour, la densité de la flore de la jungle de Makna, ses chutes d'eau que l'on peut rejoindre à la nage alors que l'on pensait qu'elles n'étaient qu'un décor de fond, le dénivelé et les multiples secrets du massif de Valak. Chacun de ces endroits est immense et demande un temps d'exploration conséquent. A cela il faut ajouter des villes/villages bien remplis en PNJ et tout aussi mythiques comme la majestueuse Alcamoth, le splendide village nopon aux couleurs chaudes et nuancées et une Colonie 6 à reconstruire (une excellente et motivante idée).
Alors bien entendu le résultat aurait été encore plus intéressant sur consoles HD et l'on ne peut s'empêcher de dénoter aliasing, clipping et quelques textures franchement laides par moments ; mais le design éblouissant des décors, leur majestuosité, les personnages tous attachants, les PNJ loin d'êtres bâclés, les ennemis d'une classe affolante rattrape les quelques lacunes techniques de la console.
Puisque l'on parle réalisation il convient de glisser quelques mots sur la partie sonore. Que dire si ce n'est qu'elle frôle la perfection avec des musiques épiques, puis douces puis mélancoliques qui accompagnent la découverte, l'exploration et les dialogues avec brio. Des dialogues que le joueur européen aura le plaisir de découvrir en version originale (sous-titrés), inspirant le respect envers le travail de localisation.
La GameCube avait eu droit à un Baten Kaitos magique, beau et tout aussi culte mais dans un autre style, celui d'un jeu plus linéaire, cloisonné et aux combats en tour par tour ; Xenoblade s'impose lui comme le joyau de la Wii avec son aventure libertaire et ses combats dynamiques et en temps réel.
Console mal aimée des gamers, la Wii s'offre pourtant tout ce qu'un joueur amateur de RPG désire de ce genre en crise, où la liberté avait tendance à s'amenuiser au profit d'un dynamisme bienvenu mais insuffisant. Avec Xenoblade, les développeurs ont su concilier les deux approches pour produire le RPG phare de cette génération, mélange d'ode au voyage et à la découverte, de richesse et d'étendue de possibilités, avec un système de combat moderne et jouissif.
Un voyage de plus d'une centaine d'heures où l'on ne cesse de d'être ébahis, où l'on se demande comment une telle grandeur est possible et comment l'on va se sentir après cela.
La réponse vous l'avez déjà : fatigué mais heureux !