De modestes ambitions?

Le gameplay et le level design sont des éléments essentiels pour déterminer la qualité d'un jeu, car ils contribuent à l'immersion du joueur par le challenge proposé et la variété des situations rencontrées. Xeodrifter, édité en 2014 sur 3DS et PC et porté sur d'autres supports par la suite, est un jeu développé par Renegade Kid, dont les membres semblent avoir bien assimilé cette règle.

On y incarne un astronaute qui va devoir visiter quatre planètes pour trouver de quoi remettre son vaisseau endommagé en état de marche. Le jeu est un Metroïd-like: chacune de ces planète correspond à une zone de jeu différente qu'on peut explorer à l'envie, certaines parties de ces lieux restant inaccessibles jusqu'à l'obtention du pouvoir adéquat (par exemple, le sous-marin, qui permettra d'explorer des passages inondés).

La force de Xeodrifter réside donc dans son gameplay et dans son level design, les deux éléments étant étroitement liés.
Le petit astronaute pixélisé répond au doigt et à l'oeil, les commandes sont simples et précises. Au cour de sa progression, il va pouvoir améliorer son arme, en choisissant de dépenser des points pour augmenter la cadence, la rapidité, la taille ou la trajectoire des projectiles. Il va aussi gagner de nouveaux pouvoirs en terrassant un a un les sept bosses que compte le titre. De ce point de vue, l'une des features est réellement intéressante: à certains endroits, l'astronaute va pouvoir instantanément se téléporter dans le fond du décor et ainsi alterner avec la zone du premier plan.
Le level design, par des ennemis aux patterns variés et placés intelligemment, incite le joueur à rester concentré en permanence, et il contribue à renforcer l'immersion. Il s'adapte assez bien à la progression du personnage: il va falloir exploiter ses nouveaux pouvoirs pour progresser dans les zones de jeux. Certains d'entres eux vont aussi servir lors des affrontement contre les bosses, qui pourront, eux aussi, switcher entre le premier plan et le fond, par exemple. Ces bosses sont, à ce titre, assez représentatifs de la force du jeu.

Mais ils sont aussi symptomatiques des faiblesses principales de Xeodrifter, c'est-à-dire une direction artistique peu marquante et une durée de vie un peu trop faible. Ainsi, chaque boss est le clone du précédent: la couleur change mais la forme est la même, et les patterns se complexifient mais ne changent pas. Les niveaux proposent des ambiances différentes, mais seule la planète rouge se détache un peu grâce à un visuel plus organique.
C'est la même chose pour la musique et le son, qui collent bien à l'ensemble mais restent en retrait. Une mention spéciale est à décerner au bruit du chargement du Solar Flare, particulièrement agaçant et assourdissant.
D'un certain point de vue, le plus gênant est que ces défauts semblent avoir peu d'impact sur le titre tant celui-ci s'avère court. On a même l'impression que les développeurs ont sciemment proposé d'affronter toujours le même boss car l'aventure est brève, et ont voulu insister davantage sur l'apprentissage des patterns que sur une réelle variété.

Xeodrifter est donc un bon jeu, muni d'un gameplay solide et d'un level design bien pensé, qui offrent du plaisir au joueur (et c'est là l'essentiel). Mais, si ces éléments sont cruciaux, il ne faut pour autant pas négliger la direction artistique d'un titre, et le jeu de Renegade Kid pêche un peu de ce côté. C'est d'autant plus décevant qu'on sent que Xeodrifter aurait pu être plus qu'un bon jeu grâce à un style graphique et musical plus travaillé et à une aventure un peu plus longue.