Après avoir terminé tous les épisodes de la série et ses dérivés, il était temps de me lancer dans le spin-off zombies chelou où on donne à tous les personnages une cargaison de flingues et un bras bionique. Seul épisode malaimé d’une série légendaire, ce Yakuza Dead Souls est sorti sur PS3 en 2011, alors que les cadavres réanimés connaissaient un violent regain de popularité : Black Ops et son mode zombies, Dead Island, Dead Rising 2, mais c’étaient surtout les débuts de l’adaptation en série de The Walking Dead, qui serait suivie un an plus tard de la version de Telltale.
Mais cessons un moment de lui trouver des excuses. Dead Souls, ça parle de quoi ? Dans un univers parallèle où Ryuji Goda aurait survécu à son combat contre Kiryu, il s’est greffé une prothèse cybernétique à gros calibre et s’est reconverti dans la confection de Takoyaki (délicieuses petites boules de pâte à crêpe fourrée au poulpe), et si vous pensez que ça n’a aucun sens, ce n’est que le début.
Certains membres du clan Omi n’ont pas pardonné à Kiryu d’avoir ruiné leurs plans de domination de la scène criminelle, et l’un d’eux va déchainer sur Kamurocho une apocalypse zombies mâtinée de mutations expérimentales à la Resident Evil, décimant dans l’opération une bonne partie de la population civile, et les trois quarts du clan Tojo. Et comme il en faut plus que ça pour motiver un Kiryu à la retraite, Haruka se fait kidnapper pour la trouzième fois, parce que c’est la principale utilité des personnages féminins dans un Yakuza.
(La même critique, mais avec des images)
https://ezhaac.com/fragstories/yakuza-dead-souls/
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Casting de rêve
Postérieur aux évènements de Yakuza 4, le jeu en reprend le découpage en plusieurs personnages et nous mettra successivement dans la peau d’Akiyama, Majima, Ryuji et Kiryu, jusqu’à un final dantesque au sommet de la Millenium Tower, avec plein d’explosions et d’hélicoptères, comme d’habitude. Aucun doute, c’est du Yakuza pur jus et le twist zombies ne lui a rien fait perdre de son identité ni de ses poncifs les plus éculés. Et personnellement, en tant que fan éperdu et aveuglé par mon amour de la licence, j’en suis ravi.
Narrativement, ce “What if” est un bon petit plaisir coupable, avec son lot de scènes stupides, des moments épiques à ne plus savoir qu’en faire et quelques arcs de personnage étonnamment réussis. Ainsi, si le premier acte avec Akiyama est finalement assez anecdotique et sert juste d’introduction à la menace morte-vivante, l’histoire s’accélère avec l’irruption de Majima qui a droit à des moments d’héroïsme et de sacrifice assez touchants. C’est d’autant plus notable que Dead Souls était le premier épisode à rendre Majima jouable, quelques années avant Yakuza 0, et le fait d’une belle manière.
On enchaîne sans transition sur Ryuji Goda, un personnage au fort potentiel que Yakuza 2 avait largement sous-exploité, lui offrant en prime l’une des morts les plus absurdes d’une série émaillée de morts crétines. Dans cet univers parallèle, Goda a survécu à son combat contre Kiryu et pris sa retraite en même temps que son rival. Sans trop en révéler, son arc de personnage est plus intéressant que dans Yakuza 2 et ses interactions avec Kiryu contribuent à l’étoffer. Ryuji a toujours été l’un des favoris des fans, et il était temps qu’on lui dédie quelques chapitres.
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Un rêve moite pour fan de la série
L’histoire culmine avec l’irruption du Dragon de Dojima qui va nettoyer tout ce bordel en troquant son tiger drop contre un énorme fusil de sniper avec une méchante patate. Parmi les seconds rôles, Hana fait des apparitions toujours appréciées, ainsi que Daigo et le fleuriste, mais Date-san et Saejima sont curieusement absents.
D’ailleurs, J’ai critiqué plus tôt le énième kidnapping de Haruka, mais pour compenser, le jeu introduit un nouveau personnage féminin badass, militaire de carrière, qui va contribuer aux combats sans jamais se mettre en difficulté ni avoir besoin d’être sauvée. C’est assez rare pour être signalé !
Le plus grand plaisir de cet épisode, ce sont tous ces moments dignes d’une fanfiction où des personnages qui ne s’étaient jamais croisés dans la série se trouvent réunis et peuvent interagir ou se battre côte à côte. On a ainsi quelques séquences Majima-Daigo, Kiryu-Goda, Akiyama-Majima, etc. C’est forcément un peu limité, car le jeu est assez court et moins narrativo-centré qu’à l’accoutumée, si bien qu’on n’a pas autant de dialogues que je l’aurais souhaité, mais ça reste une friandise immanquable pour tout fan en phase terminale.
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Se mouvoir avec la grâce d’un char d’assaut bourré
J’ai beaucoup parlé d’histoire et de personnages, mais quid du gameplay ? On aborde le sujet qui fâche, car Dead Souls est un shooter conçu par un studio qui n’avait jamais fait de shooters et qui n’est pas franchement connu pour la qualité de ses systèmes de combat.
Sans surprise, Dead Souls est terriblement bancal, voir limite injouable selon votre tolérance aux contrôles Japonais approximatifs. On se croirait revenus aux débuts de la 3D, quand les développeurs cherchaient encore la meilleure manière de diriger un personnage en vue à la troisième personne et que certains titres partaient dans des expérimentations génantes.
On est en 2011 et la recette est maîtrisée depuis des années mais RGG s’en tape et fout les pieds dans le plat en nous concoctant un système complètement pété où les contrôles sont relatifs à la caméra et non au personnage, sauf qu’on contrôle aussi vaguement la caméra. C’est un peu RE1 à l’envers, ou RE2: Remake en mode ‘grosse murge au Saké’.
Bref, c’est difficile à décrire, mais c’est objectivement mal branlé, et je n’imagine personne prendre en main ce bordel et se dire “Ah oui, c’est clairement comme ça qu’on doit contrôler un third person shooter.” Et ce n’est pas tout, puisqu’on a aussi des alliés à qui on peut donner des ordres, une gestion d’inventaires et des séquences sur tourelles, dans un tank, et même en chariot élévateur.
Contre toute attente… on s’y fait. J’ai fini par m’habituer à maladroitement orienter mon personnage dans le bon sens, appuyer sur L1 pour caler la caméra dans l’axe et ne plus lâcher ce bouton, ce qui rend le tir à peu près tolérable. J’avais souvent lu que le jeu était insupportable à cause de ses contrôles, mais après une paire d’heures (oui, tout ça), j’ai fini par prendre le pli et tout se passait plutôt bien.
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Repompe et hommages
Dead Souls est très très explicite dans ses influences : il reprend textuellement une bonne partie des archétypes d’infectés de Left 4 Dead (Boomer, Witch, Tank, Hunter) et rend des hommages tellement appuyés à Resident Evil que ça en devient embarrassant. Il y a un beau bestiaire qui ne se répète pas trop et le jeu introduit de nouveaux ennemis à un rythme satisfaisant. Les combats contre les hordes sont plutôt bordéliques, mais le système de heat est bien pensé et donne lieu à des mises en scènes très cool.
C’est surtout contre les boss que le jeu tire son épingle du jeu, pour peu que vous ayez fait la paix avec les contrôles de l’enfer. En plus d’être assez impressionnant visuellement, les boss ont tous leurs stratégies spécifiques et sont rythmés par de fréquentes cinématiques, comme tout bon fight de Yakuza qui se respecte.
Le système de compétences est basique au possible, l’inventaire bien plus pénible que d’habitude et on a toute une couche d’achats de matos et d’upgrades dont je ne me suis jamais servi, car je jouais en mode facile pour limiter au maximum la friction avec le gameplay foireux. Clairement, si vous êtes là pour l’histoire, je vous recommande de faire de même.
L’une des conséquences de ce gameplay est que je n’ai pas du tout eu envie de faire le contenu annexe, les quêtes secondaires et autres NPC à secourir. Je m’y suis essayé une paire de fois, mais ça impliquait de longs allers et retours en zone infectée où ma caméra dansait la Salsa cubaine alors que j’essayais de mettre mon viseur dans le bon sens, et j’ai vite décidé d’aller à l’essentiel pour terminer la campagne avant de péter mon pad.
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Yakuza Dead Souls est bien meilleur que ce que j’en avais lu. Narrativement parlant, c’est un épisode indépendant assez solide et bourré de fan service. Si vous êtes suffisamment friand de la série pour avoir lu cette critique jusqu’au bout, je le recommande sans hésitation.
Est-ce objectivement un bon jeu ? Absolument pas, loin de là. Le gameplay est boiteux au possible, le scénario ne vaut que pour la manière dont il réutilise et détourne la trame et les personnages de la série, et même pour l’époque, c’est très moche et trop raide. Rien de tout ça ne m’a empêché de passer de très bons moments sur le titre et de le surnoter sans vergogne.