Yakuza Kiwami, premier du nom, n'est pas un mauvais jeu, loin s'en faut. Mais de bien des manières, il fonctionne comme un espace liminal étrange entre Zero et Kiwami 2; que ce soit techniquement (on est pas encore sur le dragon engine, mais le combat et les aptitudes commencent à évoluer, même si c'est encore divisé par styles de combats) - ou scénaristiquement (le jeu, en bon remake fidèle, reprends scène pour scène le scénario du tout premier Yakuza). De même, on perçoit une évolution prommeteuse mais un peu maladroite dans l'évolution du système de combat, qui sera perfectionné un an plus tard dans Kiwami 2.
Principal problème de Kiwami 1 : le scénario du premier Yakuza n'est pas des plus attachants, ou du moins peu adapté à sa forme vidéoludique. C'est, sans grande surprise, celui qui ressemble le plus à un film de Yakuza des années 70 : tout va très vite, les twists s'enchainent à n'en plus finir, et on nous présente un nombre tellement important de personnages plus ou moins vite assassinés ou trahis que tout deviens très vite dur à suivre, et cela se traduit par une certaine difficulté à maintenir chez le joueur ADHD que je suis, porté par l'émotion de l'histoire plus que par des twists sans fin, un intérêt réel pour la quête principale et ses cinématiques, qui me rendaient souvent confus et qui pour la première fois dans un jeu de cette saga, je me permettais souvent de "zapper". Une fois compris les enjeux principaux et ce qu'on à BESOIN de savoir, rien ne pousse à vouloir tout comprendre des luttes de pouvoir et permanent retournement de situation qui nous affectent peu et, au final, distancent le joueur du personnage de Kiryu plus qu'autre chose. Les motivations de Nishikiyama et d'autres antagonistes manquent parfois tellement de clarté que bon, ok, faisons cela. Les réactions s'émoussent.
Alors on se rattrappe sur les quêtes secondaires, inégales mais parfois merveilleuses, plus ou moins dignes de leur prédécésseur. Et puis on joue au bowling, aux fléchettes, et on passe une quantité de temps incroyable sur le pocket circuit pour lequel on avait peu d'intérêt dans le jeu précédent. Mais ici, pas de management de cabaret club, pas d'immobillier, pas de Sotenbori. Le setting est résolument Kamurocho, pour le meilleur et pour le pire. Le résultat positif de cet état des lieux, c'est que par manque d'interêt occasionel pour la quête principale alambiquée, on se retrouve à beaucoup explorer la ville, tester beaucoup de choses, et créer son propre jeu. Et puis peu à peu, la fin approche, tout monte en tension, on s'attache à Haruka progressivement, le dénouement arrive, et une fois le générique passé et les dernières side quest effectuées, on se dit qu'on l'aime bien, finalement, ce Kamurocho du début des années 2000, ce Majima Everywhere qui veut toujours se battre pour te level-up; et que considérant ce qui est venu avant et ce qui viendra après, tout cela était nécéssaire et beau.
Kiwami 1 est le Yakuza dans lequel j'ai passé le moins de temps, mais de cette cinquantaine d'heures je ne regrette aucune minute. Au moins, j'aurais crée les mini voitures les plus rapides de tout Shinjuku, et amené ma nièce manger du Fugu. Et puis ce scénario bordélique m'aura donné envie de revoir les vieux films de Fukasaku. Dommage : si le jeu avait eu un système à la Cabaret Club Czar ou Real Estate Royale pour combler ses autres lacunes, je lui aurais facilement mis un point de plus.