L'île nue
Curiosité morbide où appétence véritable pour les désastres en tous genres ? Le mystère restera entier sur les motivations ayant pu me pousser à plonger dans cette aventure oubliée avant...
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le 13 juin 2019
3 j'aime
Il faut croire que rajouter "New" dans le titre d'un jeu Nintendo dans le début des années 2010 n'était pas souvent synonyme de qualité. New Super Mario Bros U, New Super Luigi U mais aussi Yoshi's New Island, trois jeux qui témoignent d'une époque particulièrement délicate pour Nintendo qui ne savait foutrement plus quoi faire de ces licences après le catastrophique échec du lancement de la Wii U. La 3DS se portait un peu mieux mais les excellents titres ne se bousculaient guère non plus. Nintendo a donc appuyé sur le bouton "Yoshi's Island" pour essayer de retrouver un peu de fraicheur en faisant du neuf avec du vieux.
Retour à quelque chose de beaucoup plus classique, fini les bébés multiples, le scénario et d'autres petites originalités, place à un retour dans ses petits chaussons comme en 1995. Tezuka, le paternel de la série est certes à la supervision mais c'est bien aux développeurs de Arzest (qui seront connus par la suite pour Balan Wonderworld) que le travail va être confié. On ne s'embarrasse pas. Nintendo a pas de budget et ne veux pas perdre de temps à la création d'un jeu mineur de sa console qui, à l'époque, marche le mieux; Ça sent donc le roussi.
Et le jeu s'ouvre sur une vilaine impression de déjà-vu ! La Cigogne, celle de Yoshi's Island, arrive à destination mais catastrophe ! Elle se trompe de maison pour livrer les bébés ! La Cigogne fait donc machine arrière (je vous assure que c'est le vrai scénario du jeu) et, qui passait par là pour récupérer sa commande Uber Eats ? Et ben Kamek tranquilou qui fonce dans la Cigogne, récupère l'oiseau et Bébé Luigi tandis que Bébé Mario tombe non pas sur l'île des Yoshis mais sur l'île oeuf ou un truc du genre ! De là, par une magie qui échappe aux scénaristes, Bébé Mario se découvre un spider sens pour détecter la présence de Bébé Luigi et c'est parti pour parcourir six nouveaux mondes que l'on connait un peu déjà.
Alors, je n'ai rien contre les scénarii prétextes mais pas quand c'est deux fois le putain de même Michel ! C'est juste fainéant et mal amené. ça donne juste envie d'éteindre la console et de passer à autre chose. Oui, c'est du détail mais ce sont littéralement les premières secondes du jeu et elles sont importantes. Comme le premier contact avec le gameplay et le level design. Et là encore, ça sent le réchauffé. C'est simple : vous prenez Yoshi's Island, vous mélangez les idées dans les niveaux et vous obtenez Yoshi's New Island. Les développeurs ont tenté de reprendre quelques passages intéressants et originaux du premier mais c'est fait avec tellement d'amateurisme que ça en devient parfois limite. À croire que c'est leur premier jeu de plateforme 2D... Spoiler : c'est le cas.
Pour la plupart des GD, c'est leur premier jeu. Aucune expérience avant et souvent aucune expérience après. Et c'est là qu'on commence à comprendre certaines erreurs de conceptions, le remontage d'idées plus ou moins bien exécutées. Le jeu sent parfois l'amateurisme parce qu'il est fait par des amateurs. Certes, le réal' a déjà bossé sur Yoshi's Universal Gravitation en tant que Director mais ça ne suffit pas à insuffler des idées et du génie à tout un département. C'est scolaire, c'est parfois gadget comme l'idée des oeufs géants ou de plomb permettant de nager, une bonne idée mais sous exploitée. Les passages en gyroscope sont en revanche bien abominables avec une console que l'on doit parfois tourner à 180 degrés et c'est sans doute pour ça que ce sont des phases très souvent optionnelles et rejouables.
Néanmoins, il serait hypocrite de dire que le jeu serait mauvais. En effet, on sent une vraie bonne envie de bien faire. Au niveau de l'animation tout d'abord, le jeu est très convaincant et il y a pleins de détails qui font plaisir. Le level design bien que sommaire parvient à maintenir une certaine cohérence et il y a quelques bonnes idées de mécaniques dans les niveaux comme ce passage avec le double maléfique de Yoshi. Les niveaux sont plutôt très équilibrés entre plaines, altitudes et souterrains, un défaut qu'avait Yoshi's Island pour le coup. Le bestiaire est très varié si bien que certains ennemis ne sont présents que dans un ou deux niveaux. Tout ça sont des bons points et pour une équipe aussi peu expérimentés, le résultat aurait pu être bien plus désastreux. Le principe de base d'exploration du jeu est lui aussi toujours là avec ses nombreux secrets à trouver et cela sera d'autant plus difficile que le système d'objets de Yoshi's Island a disparu. Autrement dit, la patience et la concentration sera primordiale pour éviter de devoir refaire le niveau, ce qui peut être très pénible. Oui, le jeu sera facile pour les plus jeunes qui peuvent y aller en ligne droite. Mais pour le 100%...je serai bien moins catégorique.
D'ailleurs, pourquoi avoir fait récolté au joueur des pièces à la roulette de fin de niveau pour obtenir le niveau bonus du monde sachant que vous avez de la chance de devoir refaire le niveau si jamais vous ne tombez pas sur une fleur. Ah et puis...Bowser ?! C'était nécessaire? Genre "Soudain, Bowser apparait entre le temps et l'espace" mais WTF? enfin bref. On rajoute à ça un mode multijoueur anecdotique (comme les musiques bien que très variés, défaut de Yoshi's Island) et on obtient un jeu bancal.
Mais un jeu fait avec de belles intentions. Il ne sera pas le jeu de plateforme de la décennie mais il a le mérite d'avoir fait des choses bien. Parfois maladroite, parfois inutile mais on sent que les développeurs y ont mis toute leur application. Et je vais même lui accorder un crédit supplémentaire. Parce qu'au milieu des foutages de gueule des New Mario, Yoshi's New Island respire le travail honnête et la volonté du travail bien fait. Toute la plastique est élégante, on traverse des tableaux différents, on se surprend sur quelques idées ou pièges et au final, on finira si on y prête attention par développer un peu de sympathie pour ses hommes et ses femmes pour lesquels ce sera leur premier voir seul jeu. Et je pense qu'ils peuvent être fier de ce qu'ils ont réalisé. La malédiction des New n'est donc pas levé mais elle se conclue sur une note plus acidulée.
Créée
le 12 nov. 2023
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