En version US
Il faut jouer à ce jeu en Version US ...C'est essentiel pour tout bien comprendre.J'y ai joué à sa sorti ,enfin en 1992.C'était fabuleux.Les musiques CD collent parfaitement à l'action.On se croyait...
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le 5 nov. 2024
Une fois le genre bien installé sur le marché, les RPG japonais ont dû faire quelques péripéties pour se réinventer et offrir une expérience ludique nouvelle. Ys représente peut-être l'une des tentatives les plus audacieuses de faire du nouveau sans sortir du cadre du jeu de rôle fantasy.
Déjà, Ys sort pour une console relativement méconnue, la PC-Engine, qui à l'époque était en quelque sorte la troisième concurrente "de luxe" dans le jeu dominé par Nintendo et Sega et qui est aujourd'hui redécouverte par les rétrogamers (les versions sorties pour la Master System et la NES sont nettement inférieures). Le sort malheureux de cette machine disparue des marchés en 1994 ne doit pas faire oublier qu'elle a été la première à avoir été dotée d'un support CD via une extension qui malgré son prix élevé lui a garanti une certaine popularité au Japon.
Ys est l'un des jeux qui a profité de sa transition vers le CD-ROM. Les deux premiers titres de la saga ont en effet été remballés dans une nouvelle version qui te permet de les jouer l'un après l'autre sans interruption au prix d'un seul jeu. Les graphismes ont bien sûr été améliorés et on voit aussi apparaître deux éléments assez rares à l'époque : des cinématiques assez longues en pur style anime et des dialogues avec des voix d'acteurs en chair et os. Aujourd'hui cela peut sembler anodin, mais je vous rappelle qu'il a fallu attendre FFIX pour entendre des dialogues dans un RPG Squaresoft...
Le scénar n'offre, vous vous en doutez, rien de très exceptionnel : on incarne donc Adol, un héros typique qui une fois sur l'île d'Esteria doit accomplir des tâches, résoudre des mystères, traverser des donjons, tuer des boss et enfin sauver le monde. Plus développé peut-être que Zelda, mais pas tellement plus que les Final Fantasy ou les Dragon Quest... Bref, on est dans la moyenne de l'époque (rappelons que Ys I et II sont sortis en 1988).
Nous allons donc passer tout de suite au gameplay qui est son côté le plus intéressant. Ys se présente à première vue comme un action-RPG normal avec une vue du dessus en perspective de trois-quarts et la possibilité de se déplacer uniquement en quatre directions. On songe évidemment tout de suite à Zelda et on s'apprête à appuyer sur le bouton d'attaque pour taper sur ses ennemis... Sauf que non, ici rien de tout cela : pour tuer les ennemis il faut carrément leur rentrer dedans en les repoussant vers l'arrière jusqu'à épuiser leur barre de vie. On diminue les chances de se prendre des coups en les touchant latéralement plutôt que frontalement, et il faut toujours bouger si on ne veut pas être blessé à coup sûr quand ils viennent vers toi. Les deux touches ne serviront initialement à rien sauf à utiliser les items dans ton inventaire dans les quelques endroits où cela sera nécessaire pour faire avancer l'histoire.
"Quoi ? Un jeu qui ne se joue qu'avec les touches directionnelles ? Ca m'a l'air chiant ton truc dis-donc !" Eh bien détrompez-vous, c'est TRES fun de foncer dans les ennemis et de les bousculer à coups d'épaule, encore plus quand ils sont nombreux : on se dirait presque dans un pogo ! De fait on se rend compte de combien c'est marrant quand on passe au chapitre II et Adol acquiert la capacité d'utiliser la magie : on peut désormais lancer des boules de feu en direction de l'ennemi jusqu'à le tuer, ce qui bien sûr rend la tâche moins dangereuse... Mais aussi beaucoup moins drôle au final. Surtout qu'avec des points de magie quasiment infinis il n'y a aucun encouragement à les économiser et à lui préférer le corps à corps. C'est l'un des rares cas où un jeu aurait profité de rester dans son extrême simplicité plutôt que de se doter des éléments typiques de son genre. Ajoutons qu'à côté des boules de feu les autres sorts d'Adol sont essentiellement défensifs ou servent seulement à résoudre des énigmes ; ici aussi, rien à voir avec la variété des bagues du premier chapitre qui te permettaient de changer de style de jeu à ta discrétion.
La spécificité de Ys I & II par rapport à d'autres RPG se remarque aussi dans le design de ses donjons. Il faut le dire tout de suite, pour aimer ce jeu il faut aimer les labyrinthes... car il en est bourré d'un bout à l'autre, et sans une carte ou un bon sens de l'orientation il est assez facile de se perdre et de ne plus savoir ce qu'on doit faire. Il faut donc se préparer à être sans cesse renvoyé d'un bout à l'autre du monde, à se retrouver à devoir faire plusieurs fois le même chemin à l'envers pour sortir d'un donjon inextricable, à visiter le moindre coin de la map pour être sûr de pas avoir raté un item important ou utile, et bien d'autres joyeusetés qui risquent d'énerver ceux qui aiment les expériences ludiques plus directes. Après tout, s'il n'y avait pas cet aspect plus la nécessité du grind en quelques endroits pour se faciliter la tâche avec le boss le jeu serait en soi extrêmement court : Ys I se termine au bout d'un ou deux après-midi si on sait ce qu'on fait, et Ys II dure environ 3-4 fois de plus, sachant qu'Adol lui-même se déplace très rapidement.
Le dernier élément de gameplay qui différencie les deux premiers Ys de la moyenne des RPG est la recharge des points de vie et des points de magie qui ne se fait plus en dormant à l'auberge ou en consommant des potions (tu ne peux pas avoir sur toi plus d'une copie d'un même objet), mais tout simplement en ne bougeant pas quand on se retrouve en plein air ou dans une ville. Ce système change cependant entre Ys I et Ys II puisque dans ce dernier il n'y a que la ville de Ramia qui te fait récupérer tes points de vie ; pour le reste, on doit ou bien attendre de tuer un boss et de se voir restituer tous ses HP/MP, ou bien se rendre dans les quelques endroits éparpillés dans le jeu où l'on peut regagner sa vie immédiatement.
Beaucoup seraient enfin ravis d'apprendre que la BO du jeu est signée par la légende de la musique à 16 bits, à savoir Yuzo Koshiro en personne, l'homme derrière les thèmes mémorables de Sonic, Streets of Rage, Shinobi ou Shenmue. Je dois cependant me dire moins enthousiasmé que prévu par son travail sur ce coup-là. Certes, les musiques sont sympas et te donnent la pêche pendant la partie, mais elles n'ont pas la charge émotive d'autres action-RPG comme les Soul Blazer ou les Mana. A tout prendre, je préfère de loin ce qu'il a fait sur La légende de Thor qui était beaucoup plus original et inusité.
Verdict ? Ys : Book I & II est certainement un bon titre à ajouter à sa collection de RPG pour s'egayer quelques jours de temps en temps. Joyau rare d'une console encore plus rare qu'on ne doit cependant pas sous-estimer.
GAMEPLAY : 8/10
SCENARIO : 7/10
PERSONNAGES : 7/10
GRAPHISMES : 8/10
MUSIQUES : 7/10
Créée
le 11 déc. 2014
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