L’adage populaire est bien connu : quand on aime, on ne compte pas. Quand on se passionne, par contre, on en veut toujours plus. Ainsi, les gamers se montrent-ils souvent friands de jeux vidéo car ceux-ci leur permettent de devenir les héros de leur propre aventure, et pas seulement parce qu’ils présentent un défi comme l’avance une certaine vision « élitiste » du domaine. Les mechaphiles n’échappent pas à cette règle et se consacrent à des jeux de mechas pour la possibilité qu’ils donnent de piloter une de ces machines, et de préférence dans un contexte proche de celui de ces animes qui mettent en scène de tels véhicules.
Ce que Hideo Kojima a très bien compris, comme le démontrait déjà un an à peine plus tôt l’opus précédent de la série des Zone of the Enders, celui-là même qui lança la franchise et qui s’articulait lui aussi autour des principaux truismes du genre. Zone of the Enders: The Fist of Mars pousse cet aspect un peu plus loin et présente une structure narrative presque identique à celle d’un anime ; car il y a ici 26 « scènes » dont chacune équivaut à un épisode d’une série TV : ce titre permet donc, d’une certaine manière, d’incarner le héros de son propre anime – du moins jusqu’à un certain point, puisque le scénario global reste malgré tout invariable.
Et à ceci s’ajoute que ce récit ne fait pas dans le mièvre. À la manière des contes d’antan qui servaient à aider les enfants à se représenter le bien et le mal pour mieux grandir, il y a dans The Fist of Mars des situations souvent bien peu simples et où les divers personnages sauront montrer des facettes inattendues – à défaut de véritablement complexes. Aspect accentué par la présence d’une narration alternative suite à une bifurcation possible de l’intrigue aux environs du milieu du récit : cet autre scénario, d’ailleurs, se montre bien plus sombre et retors que le chemin principal – ce qui après tout s’inscrit bien dans la tradition d’une certaine branche du genre mecha.
Pour le reste, le titre découpe chacune des 26 « scènes » en trois parties : dialogues, mission, et dialogues à nouveau. Il vaut d’ailleurs de signaler que ce jeu se montre parfois bien bavard, ce qui ravira ceux d’entre vous friands de relations abouties entre les personnages, alors que d’autres joueurs trouveront ces passages ennuyeux : sachez donc que vous pouvez les accélérer, voire même les sauter complétement si vous voulez ; à l’inverse, vous pouvez aussi effectuer des retours en arrière pour reprendre un passage peu clair. Entre les épisodes, l’accès au hangar permet d’équiper les mechas et de modifier leurs caractéristiques avec l’argent collectée durant les missions.
Sur les mécaniques de jeu, par contre, ce spin-off se caractérise par un parti pris sans aucun rapport avec les autres titres de la série, car au lieu d’un jeu d’action c’est un TBS. S’il présente les mêmes caractéristiques que la plupart des titres de ce genre, The Fist of Mars se distingue néanmoins par un système inhabituel de résolution des affrontements : au lieu de laisser le jeu calculer les tirs en se basant sur des probabilités, on peut choisir un mode manuel qui permet de passer à une vue à la première personne où il est possible de viser son adversaire à l’aide d’une mire qu’on dirige avec les touches fléchées ; le frapper à un endroit bien précis permet de réaliser un coup critique.
Le même principe s’applique pour la défense, sauf qu’il s’agit là d’éviter que le réticule de visée de l’adversaire ne vous touche, cette fois en déplaçant votre mecha à l’écran avec les mêmes touches directionnelles. Vous pouvez bien sûr laisser le jeu déterminer le résultat de votre action défensive si vous préférez, mais plus vous progressez dans la partie et plus vos adversaires deviennent habiles, forcément, de sorte que vous en venez vite à gérer toutes les phases de vos combats en manuel : c’est plus sûr, même si certains d’entre vous regretteront peut-être que ça rend aussi le jeu un peu trop facile – encore que pas tant que ça non plus…
Sous ses airs tous publics, The Fist of Mars s’affirme en fait comme un titre original et bien pensé, tant pour son récit tout à fait dans la tradition du genre mecha que pour ses mécaniques de jeu à la fois originales et intuitives. Plus prosaïquement, c’est bien le digne héritier de ses deux illustres grand frères sur Playstation 2, quoique dans un genre tout à fait incomparable…