Pour fêter la sortie d'Anora, la Palme d'or de cette année réalisée par Sean Baker, nous avons sélectionné avec notre outil Explorer les meilleurs films explorant les marges de la société américaine disponibles sur les plateformes de streaming.
Lauréat de la Palme d'or au Festival de Cannes, le film de Sean Baker (Tangerine, The Florida Project) commence comme une histoire classique à la manière de Pretty Woman, ou d'une Cendrillon contemporaine, mais il déjoue rapidement les attentes en adoptant une tonalité à la fois comique et très réaliste, car la vie, bien souvent, s’écrit dans le genre de la tragi-comédie.
Lors de son discours de la remise des prix, Baker, chantre des marginaux et des délinquants, a rendu hommage à « toutes les travailleuses du sexe ». Son film traite en effet cette profession avec beaucoup de respect, préférant la complexité des relations humaines à une objectivation ou sexualisation banale. Anora, ou Annie (Mikey Madison), danse dans un club de strip-tease pour la vie et propose occasionnellement des relations sexuelles tarifées.. Un jour, un client préférant converser en russe entre dans le club. Anora, d'origine ouzbèke avec une grand-mère russophone, le comprend, bien qu'elle préfère parler en anglais en raison de son accent prononcé.
Le client mystérieux s'avère être Vania Zakharov (Mark Eidelstein), le fils d'un oligarque russe, qui, à son tour, parle mal anglais et rit de son « accent ******** ». Cet enchevêtrement d'accents et de langues (non seulement le russe et l'anglais, mais même l'arménien, que parle Toros, la nourrice de Vania) confère au film une tonalité unique. La rencontre de ces âmes perdues se produit en dépit de toutes les normes linguistiques. L’imperfection de la communication (jusqu’aux fautes de grammaire) transforme le film en une charmante étude sur la proximité humaine dans des situations des plus inhabituelles.
Cependant, toutes les rencontres ne sont pas bienveillantes, tous les personnages ne sont pas honnêtes avec eux-mêmes ou avec les autres, et les héros font face à la peur, la violence, l’absence de liberté et la solitude. Ils ne peuvent résister à ces obstacles qu’à travers l’amour, le respect et la fidélité à eux-mêmes.
Le film de Baker dépeint la gén Z, ces grands enfants insouciants qui savourent la vie, rêvant de passer leur lune de miel à Disneyland mais trop égarés et trop effrayés par la responsabilité. Anora n’a que 23 ans, et Vania 21, mais la jeune femme est bien plus mature et indépendante que le protagoniste – un représentant de la jeunesse dorée, qui jusqu’ici ne brille que par sa consommation de drogues douces (et moins douces) et ses sessions de jeu sur console.
Vania est dominé par ses parents autoritaires (Alexeï Serebryakov et Daria Ekamasova), desquels il n'arrive pas à se séparer, ce qui le prive de subjectivité. Tout ce qu'il fait, c'est se plaindre de « devoir travailler dans la ****** entreprise de son père », sans prendre aucune initiative pour changer les choses. Notons cependant que Baker montre une grande bienveillance envers cette jeune génération et observe avec ironie les conflits entre parents et enfants.
Quant au personnage interprété par Yuri Borisov – Igor, un voyou au service de la famille Zakharov –, il incarne à la fois la conscience et le regard de l’auteur dans le film. Igor observe la situation avec étonnement (mais sans jugement). Anora exploite l'image déjà familière de Borisov que nous avons découverte dans Compartiment No 6 de Juho Kuosmanen : une allure intimidante et une profonde tendresse dissimulée sous une carapace d'acier. La relation entre Igor et Anora mérite une mention particulière : il s’agit de la véritable intrigue romantique du film, bien que décalée intentionnellement. Igor semble même plus effrayé par l'indépendante et assurée Anora qu'elle ne l'est de lui. Mais c'est avec lui qu'Anora se sent vraiment détendue, lui permettant d'être elle-même sans faux-semblants.
Il est terrifiant de réaliser qu'il est parfois plus facile d'avoir une relation sexuelle pour la centième fois que de montrer sa vulnérabilité. La colère est plus compréhensible et plus sûre que le sentiment de fragilité – il est plus simple d'insulter que d'admettre à soi-même et à l'autre qu'on ressent encore quelque chose.
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RED ROCKET de Sean Baker
L’avis SC : Red Rocket de Sean Baker propose un regard cru et satirique sur l’Amérique profonde, soutenu par la performance flamboyante de Simon Rex en Mikey Saber, une ex-star du porno cherchant à se réinventer dans sa ville natale. Tout comme Anora, c’est une tragi-comédie passée par la compétition du Festival de Cannes, évoquant une satire sociale où la misère et les désillusions sont omniprésentes.
COFFEE AND CIGARETTES de Jim Jarmusch
L’avis SC : Mêlant humour et réflexions dans onze saynètes minimalistes autour du café et des cigarettes, Coffee and Cigarettes de Jim Jarmusch capture des interactions simples et décalées, où des célébrités comme Iggy Pop, Tom Waits, et Bill Murray discutent de thèmes variés, de l'existentiel au banal. Globalement bien rythmé, son charme réside dans son atmosphère introspective et rock’n’roll.
BOYS DON’T CRY de Kimberly Peirce
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LITTLE MISS SUNSHINE de Jonathan Dayton et Valerie Faris
L’avis SC : Little Miss Sunshine possède un équilibre subtil entre l'humour et le drame, capturant les épreuves et les excentricités d'une famille dysfonctionnelle en route pour un concours de beauté. Le talent de l'ensemble du casting, notamment Alan Arkin dans le rôle du grand-père rebelle et Abigail Breslin dans celui de la jeune Olive, apporte un charme authentique et touchant. Le film est souvent qualifié de road movie qui détourne les codes du genre pour traiter de thèmes existentiels, comme l'échec, la résilience, et l'amour familial, passant par la dérision et la réflexion sincère et profonde sur la vie.
MOONRISE KINGDOM de Wes Anderson
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