2020 - Lectures

Annotation :

Sartre expose une pensée par quelques scènes seulement, évitant ainsi de se complaire dans des développements qui n'auraient rien à faire dans une pièce de théâtre et laisse à son lecteur une liberté d'interprétation, mais finalement assez limitée, les personnages étant trop archétypaux pour être pris pour autre chose que des outils de démonstration pour l'auteur. Et puis avec un tel pitch, on s'attend à un sacré vertige existentiel qui n'arrive jamais vraiment.

Annotation :

De la science-fiction qui lorgne beaucoup plus du côté spirituel et mythologique que le genre permet. Herbert laisse des zones d'ombre sur les motivations des personnages pour affirmer l'incertitude et le mouvement constant comme seul moteur de vie. À ce titre, l'épice est loin de n'être qu'un ressort scénaristique (on sait finalement assez peu à quoi elle sert) et a beaucoup plus une fonction symbolique, à l'image de la planète Dune et ses vers ou l'organisation politique de l'univers créé. Herbert ne s'engage pas dans des détails à visée encyclopédique de son monde, les personnages peuvent même parfois être sous exploité, mais tout participe à un mystère qui force l'interprétation (les raisons du renversement de la maison Atréides, même si des théories sont avancées, restent assez floues). Le lecteur s'engage dans le livre comme dans une partie d'échec, à l'image des dialogues toujours tournés en rapport de force, une partie sans fin où l'on ne peut qu'avancer notre prochain pion sans jamais vraiment savoir où se situe la vérité finale du jeu. Un but final redouté par Paul car signifiant la stagnation et la mort. Difficile de ne pas parler du livre sans s'éparpiller dans plein d'idées un peu chaotiques.
Sinon je comprends la réputation d'oeuvre inadaptable, pas tellement pour la densité de l'univers qui, s'il semble bien infini, peut se résumer assez facilement, mais pour tout le rapport aux non-dits que développe Herbert en les explicitant grâce à un point de vue omniscient. Enfin Villeneuve semble parfait pour le projet : l'ambiguïté des motivations dans le parcours mythologique de BR2049, la perception du temps de Arrival, les pouvoirs politiques fantomatiques de Sicario, les grands espaces effrayants de tous ses films... Tout est là pour qu'il s'éclate.

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Comme l'impression de voir une bonne partie de mes intuitions sur le monde et le rapport qu'on développe avec lui étalé en moins de 200 pages. Les contraires comme créateurs d'énergie psychique devant se déverser selon un courant qui lui conviendrait, les archétypes de l'inconscient collectif comme base de toute idée... Et puis les deux couches de l'inconscient (personnel et collectif), tout ce qui est dit sur les rêves à interpréter selon deux plans (de l'objet et du sujet), le rapport à l'ombre... Passionnant.

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Sorte de "Le Prince" en plus abstrait, ancêtre de 1984 pour le côté politique, de L'Éthique pour le côté métaphysique de la liberté. Difficile à lire malgré le faible nombre de page. Je retiendrai les idées suivantes comme nous empêchant de nous emparer de notre liberté :
- Habitude
- Divertissement
- Déification d'un maître invisible

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Un livre aussi accessible que difficile émotionnellement. Au-delà du traumatisme, c'est la nature humaine dans ce qu'elle a de plus difficile à surmonter mais aussi de plus volontaire pour vivre qui se dessine dans ce bouquin. Pas besoin d'avoir été traumatisé pour retrouver ici les mécanismes inconscients qui nous animent vers la mauvaise direction. Mais comme l'explique l'auteur, ces mécanismes sont aussi une démonstration de la force du corps pour survivre dans des situations terribles, et la capacité à survivre reste toujours accessible. De quoi nourrir un nouveau regard sur le monde, sur les autres et sur soi-même.

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Un Lovecraft dont on entend pas souvent parler qui se déploie ici. Très hétérogène, le recueil peut rebuter. Mais l'auteur démontre une autre facette de son talent tout en restant en terrain connu : une horreur plus poétique, sur le désir (ou l'obsession) de pureté (esthétique souvent), et la folie dans laquelle ce désir nous plonge.
Beaucoup aimé la nouvelle "Dans les Murs d'Eryx", où l'auteur investit le genre de la SF afin de plonger son personnage cupide de colonialiste imbuvable dans un labyrinthe invisible, souris emprisonnée et observée par les monstres indigènes à la civilisation antique.

Annotation :

Déstabilisant, Cioran refusant absolument toute réflexion trop développée. Le monde existant à peine, une idée développée tombe forcément dans le mensonge. Ça donne l'impression au début de lire un escroc, puis en enchaînant les aphorismes sans trop s'attarder dessus, on finit par faire sortir quelque chose de ces idées sans construction, de cette philosophie qui refuse toute rigueur.