2022, v’là les flics ( BD)

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27 décembre
9,5/10

Fabuleux Jérémie Moreau qui ne cesse de m'emporter par ses romans graphiques à la fois magnifiques et questionnant notre rapport à la nature, un sujet qui me parle sans doute plus que tout autre. Après "La Saga de Grimr" (8/10) et "Penss ou les plis du Monde" (9/10) qui se penchaient tour à tour sur les liens de chair et de basalte entre l'homme et l'île dans l'Islande médiévale et sur la lutte entre Terre et Humain chez nos ancêtres pré-néolithiques, il questionne ici le rapport de la modernité à la vie sauvage dans une Alaska frappée plus que quelconque territoire par le changement climatique. Personnages touchants, lumineuse poésie, beauté de la catastrophe : Moreau touche ici le sommet de son art.

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22 décembre

Ce deuxième tome s'inscrit dans la lignée du premier mais deux choses améliorent sa lecture, et renforcent donc le coût-avantage qu'on en retire : l'habituation au mode narratif et l'éclaircissement des troupes dû à la structuration - encore sauvagement conduite par les appels à la compétitivité - du mouvement. On apprend pas mal de trucs, on en écoute un peu, mais pour le profane que je suis, c'est toujours difficile à suivre quand on ne connaît quasiment pas les artistes en question.

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14 décembre

Une copine m'a prêté les deux premiers tomes de cette saga suite à une discussion sur le Hip-Hop mais j'aurais certainement du mal à mettre la main sur les tomes suivants.
Le premier constat est raide : les choix narratifs d'Ed Piskor, visant à produire une sorte de récit choral des premiers moments du Hip-Hop, découragent rapidement la lecture. La fresque est labyrinthique. On se perd dans les DJs, les MCs et les noms des producteurs à qui l'auteur accorde des séquences parfois longues de trois cases. La BD est également desservie par l'aspect éminemment illustratif du dessin, dont l'intérêt déjà mince est d'ailleurs réduit par la ressemblance, au trait, de nombreux protagonistes.
Du fouillis émerge cependant progressivement une certaine ligne, toujours difficile à suivre, mais qui éclaire sur la tendance d'une époque et d'un mouvement eux aussi bouillonnants et en cours de structuration.

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9 novembre

Cette nouvelle resucée ne sera pas le renouveau annoncé. Si l'on éprouve toujours une certaine sympathie à l'égard des héros croulants des "Vieux fourneaux", voilà bien longtemps que leurs aventures, ancrées dans une actualité qui ne manque pas de matériel, ne parviennent pas à susciter l'engouement, la fraicheur et la poilade des débuts.

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1er novembre

Assez conquis, il faut le dire, par "Kobane calling", je retourne vite vers Zerocalcare pour découvrir le reste de son œuvre. "Au-delà des décombres" semble assez représentatif de sa production, qui fait écho au travail très biographique d'un Fabcaro, avec cependant la profondeur d'un "Combat ordinaire" de Larcenet. Derrière l'engagement manifeste de l'artiste, on découvre un profond mal-être, un manque criant de confiance en soi qui touche par la sincérité avec laquelle ces émotions sont mises en évidence. Contrairement à "Kobane calling" Le récit est ici un peu compliqué par la manière qu'à l'auteur de désamorcer par l'humour ses propres convictions. Mais la BD, assez dure, vise quand même juste.

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23 octobre

Décidément, Timothé Le Boucher a un grand talent pour explorer des récits à la fois dérangeants, intimes et fantastiques. Après les très remarqués "Le Patient" (6/10) et "Ces jours qui disparaissent" (9/10), il poursuit sa quête de la différence, de l'altérité, dans ces "47 cordes". De l'incipit aux dernières pages, ce roman graphique instille un malaise puissant qui agit comme moteur principal de l'intrigue et l'auteur prend son temps, et des précautions intéressantes pour le lever. En marge, Le Boucher, cultive des personnages parfois un peu trop superficiels, mais qui se distinguent par leur atypicité et leurs différences. L'ensemble fonctionne très bien et n'est desservi que par un dessin clinique peu évocateur - malgré l'assez cool intégration des gribouillis du héros, autrement plus expressifs. Hâte de lire la suite et fin.

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19 octobre

De suite happé par le récit et l'ambiance de "L'Accident de chasse" (qui rappellent beaucoup "Moi, ce que j'aime, c'est les monstres" tant dans les thèmes abordés, la période explorée que par le style du dessin), je n'ai pas déchanté jusqu'au bout du roman graphique. Les récits imbriqués et le rythme que leur donne David L. Carlson ont été travaillés avec justesse. Malgré l'ambiance très noire du roman graphique, celui-ci recherche et trouve toujours un ton assez léger, se nourrissant de la poésie de ses personnages, servi par un dessin naïf juste ce qu'il faut. Il n'y a que la fin que j'ai trouvée un peu rapide, précipitant la résolution d'un conflit qui appelait sans doute plus de développements. Mais au final, je garde en tête ce bel éloge de l'émancipation par l'art, la culture et la pensée.

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13 octobre
7,5/10

La journaliste Élodie Font, que je ne connaissais pas, revient sur son parcours - son épopée dirons-nous - de construction d'une identité sexuelle au travers d'une BD assez génialement mise en dessin par Carole Maurel. Ce point mérite qu'on s'y attarde parce qu'au delà d'un trait relativement classique et explicite, l'illustratrice restitue par un jeu de couleur et un très beau sens de la mise en scène des situations intimes complexes et donne ce qu'il faut de tension au récit. Ce dernier est très bien construit et souligne avec justesse - et douleur - ce qu'il en coûte encore moralement, psychologiquement mais aussi physiquement d'accepter son homosexualité dans notre société. En écoutant Pomme en parler l'autre jour à la radio, cela m'a confirmé avec tristesse dans le fait que Élodie Font était bien loin d'être un cas isolé...

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12 octobre

Toujours riche de sa diversité de sujets et de thèmes, j'ai été frappé par ce que ce numéro avait de mélancolique dans son traitement. Qu'il s'agisse des articles sur la surpêche au Sénégal, sur les blessures encore vives des sévices commis par les soldats français en Algérie ou encore de l'enquête sur la situation des professeurs contractuels, il se dégage une ambiance maussade et triste de cet opus. L'article sur les abeilles, en partenariat avec la revue Salamandre, est en particulier très équilibré et réussi.

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4 octobre

Au-delà de la remarquable fraicheur graphique de cette BD, immédiatement palpable et qui restitue parfaitement l'imaginaire bariolé et métissé qu'évoque le Brésil pour l'occidental moyen, Marcello Quintanilha livre avec beaucoup de réussite un récit à la croisée entre la dénonciation d'une société en proie à la violence et le drame de telenovela en tenant toujours la ligne de crête d'une comédie. Ce syncrétisme tout sud-américain est un marqueur fort de cette BD qui jongle parfaitement avec le mélange des genres, pour nous embarquer dans une aventure tendre et dure à la fois. Le personnage de Marcia est rayonnant et sert un propos fin sur les inégalités sociales, politiquement engagé mais toujours subtil et équilibré. Une très chouette découverte.

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27 août

Assez séduit par le style graphique, à la fois pop et corbusien, de ce thriller glacé, j'ai été moins emballé par le déroulé d'un scénario qui laisse peu de place à l'emphase. Certes, Matthew Dooley manie avec doigté la dérision quand il s'agit de décrire la monotonie des villes du nord de l'Angleterre ou de rendre sérieux un complot entre vendeurs de glaces, mais j'ai peiné à trouver un intérêt sensible à cette historiette dont les personnages ne m'ont pas vraiment parlé.

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26 août

O tempura, O mores ! Et ô temps qui passe et qui érode les rocs les plus solides. Nous y voilà donc, à ce moment tant redouté où enfin je me lasse de la chronique d'Esther ? Était-ce la lassitude de ce voyage en train ou le manque de rebond de cet opus qui ont eu raison de mon intérêt pour la jeune fille ? Bien sûr les mi-savoureuses, mi-déprimantes réflexions sur la masculinité toxique, bien sûr des prises de conscience salvatrices, bien sûr quelques pépites comme ce débat familial en terre bretonne. Mais je n'ai pas trouvé le sel habituel dans ces cahiers. L'avenir dira si c'était un accident ou non.

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21 août

Doux et intense, ce roman graphique engage lui aussi une réflexion sur la fin de vie par un récit choral réussi. En recherchant le regard de trois femmes sur un même homme en phase terminale d'un cancer, Judith Vanistendael dresse un portrait solide de différentes phase du deuil de l'être aimé. Moins démonstratif que "Ne m'oublie pas", plus poétique et plus juste certainement, "David, les Femmes et la Mort" noie légèrement son lecteur dans sa mélancolie.

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16 août

"Ne m'oublie pas" a pour elle la tendresse et la sincérité d'un hommage à la grand-mère, hommage qui me touche d'autant plus que la mienne s'avance doucement mais sûrement vers la fin de sa vie.

L'épopée de Clémence et de sa Mamycha met en lumière avec justesse le terrible dilemme de la fin de vie dans une société qui n'était pas préparée à accueillir le très grand âge (que l'Humanité n'avait pour ainsi dire jamais connu) et son cortège de conséquences. C'est la franche réussite de cette première BD d'Alix Garin.

Si j'ai apprécié la mise en lumière d'autres enjeux du récit - le rapport à la mère, l'homosexualité - j'ai trouvé dommage qu'ils ne soient pas plus creusés. Les péripéties s'égrainent de manière un peu trop artificielle, au détriment de la vraisemblance de l'histoire et d'un creusement plus approfondi de ces questions. Le dessin et la mise en couleur ne sont quant à eux pas dénués de qualité, mais je préfère un travail plus fouillé sur les décors et expressions.

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3 août
7,5/10

Décidément, cette Mirion Malle est une bédéaste à suivre. Quelques semaines après le très réussi "Adieu triste amour", cette plongée dans le dépression a tout autant de quoi convaincre. Le même équilibre narratif, la même délicatesse sur ce sujet mal compris, la même sensibilité dans ce dessin pourtant grossier. Évidemment, le sujet est plus lourd, ce qui a un peu affecté ma lecture, mais j'ai apprécié comment l'autrice prend la juste mesure des choses : alors qu'elle faisait du groupe d'amies la voie de salut vers la résilience amoureuse, elle en pointe ici les limites sur des sujets où la sororité ne peut pas tout, ce qui est le cas de la maladie mentale.

Comme un symbole, le lent cheminement de l'héroïne trouve une issue heureuse par la libération de la parole. Une parole que saisit cette jeune autrice avec beaucoup de brio pour détourer des sujets laissés dans l'ombre.

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17 julllet
8,5/10

Moi qui aborde souvent le délicat équilibre que peinent à trouver les auteurs dessinateurs dans la réalisation de BD d'investigation - où l'image doit autant servir le texte que le texte l'image - j'avoue ne pas m'être attendu à ce qu'un sujet aussi critique que la guerre en Syrie soit abordé sous cet angle.

Zerocalcare, bédéaste italien que je découvre ici, réussit là où je ne l'attendais pas : d'abord en livrant formellement une BD riche, rythmée et très équilibrée sur un sujet hautement casse-gueule ; ensuite en jouant sur des leviers rarement investis quand on parle de sujets "sérieux" : auto-dérision, pédagogie diffuse et parcimonieuse, distance critique à l'égard de son regard, contrechamps, approche subjective assumée et sensible... Au lieu d'atténuer le propos, ces précautions donnent de l'humanité au regard de l'artiste, rendent plus acceptable un parti-pris politique fort sur un sujet socialement très clivant et facilitent son acceptation par un lectorat a priori moins familier de ces enjeux.

En fait, j'ai eu l'impression que Zerocalcare touchait du doigt un moyen de médiation des enjeux politiques contemporains, si souvent sujets de critique cynique, de caricature voire de négationnisme, auprès d'une frange de la population a priori éloignée. Les débats journalistiques actuels sur le fact-checking, la post-vérité, le complotisme, trouveraient ici la recette heureuse d'une sortie par le haut, efficace et empathique, de l'impasse informationnelle à laquelle nous nous heurtons.

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15 juillet
8,5/10

Sur un canevas ne réservant a priori guère de surprises, Mirion Malle trouve le ton parfait pour aborder avec sensibilité et justesse le sujet de la déception amoureuse. La critique de la masculinité toxique est délicate, loin des fureurs habituelles mais d'autant plus percutante et la difficile rémission de l'héroïne est accompagnée avec bienveillance et sincérité, sans s'exposer à une critique en naïveté. L'emprise, la violence d'ambiance (je n'ai pas de meilleur mot) confinant souvent au harcèlement, la sororité trouvent ici à s'illustrer avec beaucoup de finesse, servies - ce qui ne gâche rien - par un contexte québecois offrant un twist linguistique délicieux.

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24 juin
6,5/10

Une feel-good BD au dessin manga-like qui m'a beaucoup plu pour le charme cute que Lucie Bryon donne à ses personnages. Outre le trait de crayon, j'ai apprécié la caractérisation des personnages et la trame générale d'une œuvre qui fait de l'homosexualité un acquis incontestable. Derrière, le pitch est quand même un peu faiblard et ne permet pas d'explorer vraiment les quelques enjeux qui émergent de ce "Voleuse".

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19 juin

Un opus aux sujets particulièrement d'intérêt pour moi, que ce soit professionnellement (Lyon-Turin, irrigation et agriculture...) ou personnellement (actions féministes en Corse, escalade ou Call me by your name). Mais pour une fois, je n'ai pas été saisi par une mise en images particulièrement saisissante ou réussie. La fameuse limite que j'invoque souvent.

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27 avril

Essorage en règle sous le crayon de Joe Sacco. Le bédéaste américain, réputé pour ses œuvres d'investigation engagées et sur le terrain, enterre avec son pavé (300 pages) "Payer la terre" l’innocence galvanisante supposée de la conquête de l'Ouest américain et la prétendue fin du colonialisme.

Cette BD est un bulldozer de démonstration, qui explore chaque pan de l'identité brisée des peuples autochtones et exhume avec détermination la responsabilité abyssale des gouvernements canadiens successifs dans l'éradication minutieuse de cultures, de modes de vie et de façons d'être au monde qui caractérisaient encore il y a quelques décennies les Premières nations. La force du récit, qui ne laisse guère de souffle au lecteur estomaqué, tient pour beaucoup à la richesse de ses témoignages mis en musique avec beaucoup de doigté. On ne sort pas tout à fait indemne de cette lecture mais au moins armé d'une juste colère et d'éléments de réponse à brandir à la face d'un monde occidental gangrené.

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13 avril

Restitution qui s'est voulue la plus fidèle possible du témoignage d'un ancien combattant américain de la deuxième guerre mondiale, cet assez incroyable récit d'Emmanuel Guibert est une très chouette trouvaille.

Loin des poncifs du genre véhiculés par les films hollywoodiens, "La Guerre d'Alan" met en scène le si commun destin des bidasses envoyées sur un front qui s'efface à mesure que son héros s'en approche. Le tour de force de l’œuvre, c'est de souligner le gouffre qui sépare nos représentations de la guerre d'une grande partie de sa réalité : les mois interminables de mobilisation, la répétitivité des missions insondables, l'humanité du soldat, sa vie après la guerre... Autant d'impensés qui trouvent ici une illustration des plus cocasses et des plus tendres.

J'aurais tout de même trouvé un peu long ce récit qui tire à la ligne, mais je dois reconnaître avoir énormément appris de ses pages.

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30 mars
5,5/10

A vrai dire, je suis peut être un peu dur avec cette BD de Baya qui sonne comme une tentative tragique et touchante d'exorciser le désespoir que suscite les maux de notre société, entre péril climatique, crise sanitaire, effondrement du vivant, individualisme forcené, violence sociale et j'en passe.

C'est qu'elle repose sur une proposition formelle originale et très bien mise en image ; qu'elle invoque des thèmes qui me hantent autant que leur auteur ; que ce dernier les traite d'ailleurs avec une subjectivité assumée du fait d'un dispositif narratif clair, mais sans caricature. Mais il y a une telle noirceur dans cette œuvre que je ne peux dire avoir pris du plaisir à l'avoir lue. Et la conclusion, sous forme de retrait du monde, ne m'a pas plu, parce que je crois encore au combat et reste persuadé que la valeur du monde mérite qu'on ne renonce pas à le défendre.

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19 mars

Sans le propos introductif qui ouvre cette oeuvre, je reconnais volontiers qu'on aurait un peu de peine à en comprendre le sens. "1834" est le fruit mur d'un long travail universitaire mené par des chercheurs et historiens de l'Université de Bordeaux Montaigne sur le fleuve Garonne. Dans la perspective d'une médiatisation des résultats de ces recherches, les chercheurs, bien aidés par des financements européens, se sont approchés d'un jeune paysagiste girondin, dessinateur à ses heures perdues, pour les traduire en dessin.

Le résultat est barroque et surprenant et souligne l'importance de rappeler le pédigrée de l'auteur-dessinateur, qui n'est pas un professionnel. Je dirais simplement qu'il m'a ému à deux titres. Premièrement, il explore l'histoire méconnue d'un fleuve qui a modelé, et continue de modeler le paysage et l'écologie de sa région, à commencer par la vie de ses riverains ; un fleuve que j'ai suivi pendant les 24 premières années de ma vie et dont cette BD explore quelques uns de mes lieux de vie ou de ballade. Deuxièmement, il est l’œuvre de l'un de mes plus chers amis d'enfance.

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16 mars

Mouture toujours chouette, avec un niveau assez égal d'écriture et de dessin des articles. Particulièrement soufflé (sans mauvais jeu de mots) par l'enquête sur les essais nucléaires français en polynésie française, et ce qu'elle révèle des mensonges (les énièmes) de l’État à une population plus que jamais colonisée.

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24 janvier

Très chouette hommage que ce "Delacroix" de Catherine Meurisse qui a la triple vertu de donner à voir ses talents de copiste inspirée, de renouer avec ce peintre romantique que j'aime tant et de découvrir (en ce qui me concerne) la prose simple et parfois canaille d'Alexandre Dumas. Derrière ce récit à la subjectivité revendiquée, l'auteur du "Comte de Monte-Cristo" nous exhume également un pan de la vie parisienne de ce milieu de siècle, méconnu de moi, ses intrigues et ses castes. On savoure.

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16 février

Chaque fois je me dis que le charme va se rompre, que la formule est éculée, que Sattouf ne se réinvente plus, que la vie d'une gamine bon hein voilà quoi... Chaque fois je dois constater que je suis attaché à Esther et que j'ai plaisir à la voir grandir, s'affirmer, et cultiver son humour et sa sensibilité. Son féminisme prend corps depuis quelques tomes mais je trouve cocasse de le voir se heurter encore à des réflexes sexistes vis à vis d'autres filles de son âge ("Cette pute" "Salope") : la déconstruction prend du temps. Et ce temps à la fois lent et condensé est restitué de manière toujours aussi sympathique dans ces cahiers tendres et sans filtre.

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26 janvier

Des années que j'attendais d'ouvrir le premier tome de "Gunnm", un pilier du manga seinen d'inspiration SF post-apo aux côtés de "Akira". En fait, depuis le film (hollywoodien certes) d'adaptation en prise de vue réelle de Robert Rodriguez, "Alita, battle angel".

J'avais entrevu dans le blockbuster archi réussi de Rodriguez un matériau épique, fouillé, complexe, à la mesure des univers qui me passionnent le plus dans l'univers infini de la SF et de l'Heroic fantasy. Cette promesse me parait pouvoir être tenue par le manga de Yukito Kishiro, au regard des pistes ouvertes par les notes présentées en toute fin de ce premier tome.

Mais alors, il faut quand même se fader un manga pour le moment convenu, aux personnages réduits à quelques traits et dont l'intrigue peine à s'élever. Le personnage de Gally, héroïne de ce seinen, est si caractéristique de ce que pouvait proposer l'univers manga au début des années 1990 (je résume : une enfant hypersexualisée en tenue de latex moulant, aux lèvres pulpeuses et qui ne cherche qu'à donner satisfaction à son sauveur mystérieux - mais qui est une arme de guerre redoutable) que j'ai peur de ne pas avoir le force de continuer.

Et alors, la laideur de cette couverture...

Je vais me donner la chance d'ouvrir le deuxième tome, on verra pour la suite.

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21 janvier

L'originalité du dispositif narratif et la certaine contemplativité induite par le sujet ne sauvent pas tout à fait "Le Spectateur" qui ne mène pas à son terme l'exploration des possibles et significations induits par sa proposition formelle. On en reste à une approche superficielle du sujet, d'autant plus décevante qu'elle met en scène des figures dont on peine à comprendre les rouages ou la caricature... Malgré un travail assez réussi sur les couleurs et le dessin, le message de cette BD m'a un peu échappé.

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18 janvier

Bonne poilade que ce premier tome ! J'avais mes craintes, malgré mon affection générale pour Riad Sattouf, concernant la tonalité de cette énième biographie après des "Cahiers d'Esther" qui ronronnent et "L'Arabe du futur" qui s'éternise un peu. Entre le "behind the scenes" croustillant, le regard sincère et moqueur de Vincent Lacoste sur son épopée et la bonne dose d’autodérision qu'y glisse Riad Sattouf, ce premier tome réussit le pari de l'innovation.

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11 janvier (Tome 4) et 15 janvier (Tome 5)

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