Le Sommet des Dieux
Cinq tomes, plus de mille pages, des centaines de dialogues, de planches, de visages, de regards, de coups de piolets, de tempêtes, de nuages. Des heures de survies, d'héroïsmes, de conflits, de...
Par
le 3 mars 2016
8 j'aime
1
Œuvre de légende de Taniguchi, adaptée du roman de Yumemakura, j'ai découvert "Le Sommet des dieux" au retour d'un voyage dans les Dolomites et d'une visite du musée que Reinhold Messner, l'immense alpiniste sud-tyrolien, a consacré à la montagne dans l'ancien château Sigmundskron de Bolzano.
Je retrouve dans cette très belle épopée sur l'alpinisme la patte du mangaka japonais, faite d'un dessin scolaire mais exigeant et d'une patience absolue dans la mise en place de son intrigue et sa résolution. Aventure d'un photographe de montagne parti à la quête d'un alpiniste oublié, le récit emprunte d'abord la voie du souvenir pour brosser un portrait de l'alpinisme nippon ancré dans l'histoire de la discipline et particulièrement référencé.
Le rythme de ce roman graphique en cinq tomes s'élève progressivement, passant du ronronnement des flashbacks du début à l'excitation haletante d'une ascension historique en toute fin, en passant par un forme de répétitivité au demeurant parfaitement diégétique dans la reconstitution du passé de Habu Jojî. L'ensemble demeure de haute tenue et la patience prise dans le récit, à laquelle fait magnifiquement écho l'immuable splendeur des sommets enneigés rendue sur le papier avec la dernière attention, sert finalement une histoire de la discipline, faite d'humilité, de patience, d'une dose de témérité et de contemplation.
En fin de lecture, on ne peut qu'admirer l'équilibre de l’œuvre entre reconstitution et action, entre contexte historique et fiction autonome, entre enquête, romance et aventure. Le travail sur les deux personnages principaux est exemplaire de minutie, avec cette retenue propre à l'esprit nippon, et offre un regard intime sur l'admiration que provoque certains êtres sur leurs semblables. J'ai été également bluffé par l’invraisemblable précision géographique des acensions, on se croirait transporté comme rarement dans les après-skis des personnages.
En définitive, Jiro Taniguchi offre avec cette œuvre un condensé de son art qui plaira aux épris de montagne et d'histoire, traversés comme lui et comme Reinhold Messner, plusieurs fois cité ici, par l'élévation spirituelle que provoque ces plis telluriens sur l'esprit des petits homo-sapiens.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs mangas, Les meilleures BD des années 2000, Les meilleurs mangas Seinen, 2022, v’là les flics ( BD) et Les meilleurs mangas de Jirō Taniguchi
Créée
le 18 janv. 2022
Critique lue 75 fois
1 j'aime
D'autres avis sur Le Sommet des dieux
Cinq tomes, plus de mille pages, des centaines de dialogues, de planches, de visages, de regards, de coups de piolets, de tempêtes, de nuages. Des heures de survies, d'héroïsmes, de conflits, de...
Par
le 3 mars 2016
8 j'aime
1
Le sommet des dieux, plus qu'une ode à la compétition ou à la liberté, est avant tout une œuvre sur l'orgueil. Centré sur le personnage de Hoba Joji, véritable légende du piolet et ouvreur de voies...
le 2 mars 2015
8 j'aime
4
Le Sommet des Dieux est un manga sublime. Non seulement grâce aux dessins somptueux qui rendent parfaitement hommage aux plus belles montagnes de le planète mais aussi grâce à son histoire, lente,...
le 20 déc. 2018
6 j'aime
3
Du même critique
" J' pense à Elisabeth Martin Pas ma mère, pas mon frère, pas ma maîtresse d'école Celle qui a plongé un matin Sa bouche et sa langue dans ma bouche à l'automne " Elisabeth Martin par Tom...
Par
le 28 juin 2017
18 j'aime
9
Jean-Pierre Jeunet nous livre un conte vibrant, émouvant et plein de malice. On y découvre les petits charmes discrets de la vie, ses instants dorés et ses périodes sombres. Le petit bout de fille...
Par
le 28 févr. 2012
17 j'aime
4
De l'honneur intangible elle est le vrai symbole Déroulant son fil blanc sur plus d'un bras de long, Son acier tremblotant miroite comme un gong Frappé un jour d'automne sous les ombres d'un...
Par
le 31 janv. 2014
16 j'aime
9