J'assume
Amélie Poulain, je défends sans honte. Comme Unfinished Sympathy de Massive Attack, ce film a le don de me mettre dans une petite bulle. Quand j'en ressors, je peux découvrir une cure contre le...
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Jean-Pierre Jeunet nous livre un conte vibrant, émouvant et plein de malice. On y découvre les petits charmes discrets de la vie, ses instants dorés et ses périodes sombres. Le petit bout de fille qui nous sert de guide, c'est Amélie, personnage tout entier livré à l'image qu'il se fait du monde et des individus qui l'habitent.
Fraîcheur vieillotte et douce poésie que la musique de Yann Tiersen n'a de cesse d'évoquer.
Hommage à Truffaut que l'esthétique tendrement surannée des décors et de la photographie renforce, de même que ce narrateur à la fois drôle et détaché qui nous rappelle celui de "Jules et Jim", la voix chaude si particulière de Dussolier en plus.
Une ode à Paris enfin, mais au Paris des gens simples. Pas les héros romantiques qui peuplent le dernier Woody Allen mais des personnages presque improbables, de par leur condition modeste, tous ou presque d'aussi remarquables solitaires qu'Amélie : une serveuse, un vendeur dans un sex-shop, un jeune retraité, un marchand de fruits et légumes, un vieillard casanier, un réparateur de photomatons... Autant de petites lumières vacillantes de son univers qu'Amélie va s'amuser à se faire se rencontrer, s'entrechoquer avec cette idée folle de donner aux autres ce que la vie n'a jamais entendu lui accorder.
"Les temps sont durs pour les rêveurs" nous confie Eva la collègue de Nino. Mais le jeu en vaut tellement la chandelle ! Car c'est là que le fabuleux destin entre en jeu, en réunissant ces deux êtres privés d'une enfance facile mais jamais dépouillés de leur âme d'enfant. Peut être que le fait de ne pas avoir eu d'amis a empêché leurs rêveries de lentement s'éroder. Peut être que leur idéalisme candide n'a survécu dans toute sa blancheur que grâce à leur solitude...
Cette jeune femme, pas tout à fait adulte encore, réveille en nous, en moi, un écho nostalgique et tendre. Petits déjà, on appréciait avec ma soeur cette rêverie perpétuelle avec laquelle Amélie berçait son existence. Autre chose qu'un refus de grandir : une peur de l'inconnu que tout, dans son histoire et ses fréquentations, rappelle à Amélie. Entourée qu'elle est par ces gens qui semblent passer à côté de leur vie (son père, Joseph, Hipolito, Georgette, M'dame Suzanne, l'homme de verre, Bretodeau) elle aurait pu se laisser elle aussi aller "à ce mal de vivre universel". Au contraire, elle s'approprie la langueur de ses rêves, la façonne, la remodèle et en fait un outil au service de son propre bonheur. Comme Nino et Lucien d'ailleurs, qui cherchent ailleurs ce qu'ils ne trouvent dans leur triste réalité. Si même les princesses peuvent mourir trop jeunes, personne n'est à l'abri se dit-elle.
La force de l'Amélie-mélo c'est que jamais elle ne se déprend de son idéalisme enfantin mais au contraire elle l'utilise pour elle et pour les autres. Pour sortir son petit monde de sa torpeur et enfin l'éveiller à la vie. Et par là-même elle nous réveille aussi, nous rappelle que la vie se croque et ne nous attend pas. Audrey Tautou rayonne et nous avec.
Le film qui m'a fait découvrir et aimer le cinéma.
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Créée
le 28 févr. 2012
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