Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain par MathieuM

Tiens, une petite critique rétrospective.
En sortant de la salle en 2001, j'aurais mis 8 voire 9. Mais avec le temps, je me suis ravisé. Une seule chose aura eu le don de m'agacer rétroactivement. Je n'irai pas jusqu'à reprendre à mon compte la critique un peu aigrie de Kaganski, qui a voulu faire dire au film ce qu'il n'a jamais eu l'intention de dire (la carte postale Poulbot-populo-demago-crypto-fasciste). Je pense que Jeunet était très loin d'envisager, voire d'insinuer de telles choses, il a juste voulu faire un film mignon décalé coloré avec rien que du bonheur. C'est là que le film est pénible, et uniquement pour cette raison d'ailleurs, parce que, cette fois, ça éclate à l'écran: on nous montre une jeune fille à l'existence triste qui va décider de se prendre en main...en faisant chier les autres. En les faisant chier réellement parce que Mademoiselle décide que ce sont des cons, ou en les faisant chier de manière indirecte en s'immisçant quand même dans leur vie pour leur apporter quoi ? du bonheur. Alors certes, évidemment, ça marche, les gens deviennent heureux grâce à Amélie. Mais, en analysant 2 secondes le procédé, ce n'est ni plus ni moins qu'une intrusion dans la vie des autres, une sorte de dictature du bonheur. Amélie sème le bonheur à tous vents. OK. Mais, ce faisant, elle juge la vie des autres, elle distribue les bons et mauvais points de manière simpliste, sans nuance. Collignon est une tête de con ? eh ben on va lui pourrir la vie sans s'intéresser aux raisons qui le poussent à être une tête de con (la méchanceté absolue n'existe pas, faut arrêter). Personnellement, a posteriori, je me suis mis à la place des personnages dont la vie est censée être bouleversée par l'intervention de Miss Bonheur là. Eh ben franchement, je lui aurais dit de s'occuper de son cul, de balayer devant sa porte et de résoudre ses propres névroses avant de faire chier le bas peuple.
Connasse va.