ATTENTION SPOILER
Ce film m'a gêné aux entournures.
Oui, sous son aspect léger, il aborde un drame absolu, oui c'est courageux d'aller se payer Bernard Arnault qui a licencié sans états d'âmes et délocalisé pour mieux engraisser ses actionnaires. Pas de problème là dessus.
Ce sont les moyens employés qui m'ont posé problème.
J'ai y surtout vu un gigantesque plan de promo pour Fakir et son rédac chef, qui se montre trop dans son reportage (pourquoi se grimer...en fils Klur...et y consacrer des centaines d'euros ?!). C'est toujours le problème: l'égo qui masque, voire écrase le discours. Le réalisateur qui ne parvient pas à faire preuve d'humilité et à s'effacer devant son sujet.
Le plus dérangeant, c'est que Ruffin se sert littéralement des Klur, alors qu'eux n'ont rien demandé. Il leur fabrique des revendications, qu'ils se mettent à ânonner comme s'ils avaient un flingue sur le tempe (franchement, quelle gêne quand le père Klur récite son texte...) .
Mais pourquoi Ruffin ne s'est pas contenté de réaliser un vrai film d'action militante et drôle, sans prendre en otage de pauvres gens qui n'ont rien demandé ? (alors oui, ils sont majeurs, oui, ils décident d'être acteurs du traquenard, mais le mal est fait). On nous dit que tout part d'un canular, que tout était gaudriole au départ, et que les évènements se sont tellement emballés que Ruffin s'est demandé s'il devait sortir le film. Pourtant, ça sent le truc scénarisé à plein nez. D'ailleurs, on n'est pas dans un documentaire hein. En fait on ne sait pas où on est.
La problématique de l'égo envahissant vaut également pour le maître à penser de Ruffin et de Fakir tout entier: Frédéric Lordon. Lordon a tressé des lauriers au film dans le Monde Diplo, en ne précisant pas que, justement, le projet de Fakir est de mettre en pratique ses thèses (qui sont par ailleurs très intéressantes, ce n'est pas le sujet).
Et pour finir: en sortant du cinéma, nous avions la possibilité d'acheter le journal Fakir. Pas à la sauvette, non. Les exemplaires du journal étaient bien présentés sur une table, et tout. Le truc en trop.