Oui, Merci Patron est un documentaire sympa et utile. Mais qui documente quoi ? On montre des gens qui ne bouffent pas, qui sont menacés de perdre leur maison, qui n'ont plus de boulot. Et puis on rembourse leurs dettes, et on s'assure qu'ils ne perdent pas leur maison, qu'ils aient un boulot. On nous montre la dictature du fric et de l'image.
Sauf que ce "on" est remplacé, chaque minute, par Ruffin. Ruffin Ruffin Ruffin. Et j'ai trouvé ce procédé très malaisant, narcissique. Merci Patron ou Merci Ruffin ? Il a tendance à se poser comme Patron de ceux qui n'aiment pas leurs patrons... Et s'intéresse à lui plus qu'à ses protagonistes, qui sont là, et qui pourraient crever l'écran si il leur laissait assez de place. Au fils par exemple (qui pouvait sûrement téléphoner seul). Et à la question "Est-ce-qu'on ne risque pas de tout faire foirer si on me reconnaît ?", Ruffin répond qu'il s'en fout, pas dans la parole mais dans les actes : il y va, il faut qu'on le voie.
Et le voilà qui se compare à Robin des bois devant ses enfants, "prendre l'argent aux riches et le donner aux pauvres"... Vraiment ? Le poste au Carrefour, est-ce-qu'il n'a pas été "pris", peut-être, à un autre chômeur dans une situation toute aussi grave que celle des Klur ? Ce hors-champ, je l'ai trouvé gênant.
Plus de Klur, moins de Ruffin, plus d'audace et moins de ce refrain, alors peut-être Merci Patron aurait moins ressemblé à Merci Ruffin, un merci de l'auteur à lui même, finalement.