Ah merde, c'était pas le bon. »
C'est ce qui m'a traversé l'esprit après quelques minutes et un début de film qui m'a pourtant plu. Je ne connaissais pas les Dardenne, je n'avais pas d'attentes particulières.
Le sujet et les thématiques du film sont intéressants, leur traitement l'est moins. Pour moi, le principal problème ici est le scénario : les motivations des personnages sont souvent incompréhensibles et servent de prétextes à des ressorts scénaristiques. Aussi, ils disent tout ce qu'ils pensent et réagissent de manière illogique ou exagérée (Jenny trop obsédée par la situation, les policiers qui lui révèlent énormément d'informations alors qu'ils lui demandent d'arrêter d'enquêter, les coupables qui ont l'air innocent mais viennent dire à Jenny qu'ils ne le sont pas, etc).
De même, les dialogues sont parfois abracadabrants et créent un décalage entre les intentions des réalisateurs et ce que peut en percevoir le spectateur. En témoigne cette réplique incroyable : quand on lui demande pourquoi elle est entrée quelque part, l'héroïne répond tout à fait sérieusement : "J'ai vu un noir alors je me suis dit qu'il connaissait peut-être la victime" (noire elle aussi). Fou rire général dans la salle de cinéma, pourtant très concentrée jusque là.
Adèle Haenel porte le film, et pourtant elle tourne vite en rond elle aussi : la redondance et l'illogisme des actions de son personnage ne peuvent pas être effacés par son jeu, bien qu'il soit convainquant.
C'est qu'il doit y en avoir des meilleurs, des Dardenne...