Admiration critique

Ce qui transparaît chez Bazin à la lecture de ses articles, au-delà de sa passion pour le cinéma, c'est une grande humanité -au sens positif du terme- et une immense honnêteté intellectuelle, qu'il met au service de sa volonté de transmission des idées.

En témoignent sa volonté d'être professeur, ses longues introductions pleines d'humilité et ses critiques, qui ne portent que sur des œuvres, mouvements et cinéastes qu'il apprécie. Le clash n'existe pas sous Bazin ; il élève par sa critique mais ne rabaisse jamais.

Ses textes eux-mêmes -et leur résistance au temps l'a prouvé- sont des mines d'or de réflexions sur le cinéma tel qu'il a été, est et pourra être. Si quelques mots peuvent forcer à l'ouverture d'un dictionnaire, on sent toutefois que Bazin les utilise sans prétention, qu'il est plongé dans son analyse théorique et que sa pensée fuse aussi vite que sa plume : il ne cherche pas la complication.

Bazin n'attire d'ailleurs jamais l'attention sur lui, préférant l'orienter vers des œuvres, mouvements et cinéastes que l'on veut découvrir ou redécouvrir après avoir lu ce qu'il en pense. Il les éclaire d'un regard neuf et lucide, élevé par une admiration critique d'une pertinence exceptionnelle. On apprend de Bazin comme on apprend à lire : avec soif (ici, de cinéma).

En fait, mes seules réserves quant à ce livre sont liées à l'édition : quelques fautes de syntaxe, d'orthographe ou des phrases coupées (liées sûrement à la coupe de certains paragraphes des articles originaux) viennent perturber la lecture, juste assez pour qu'on les remarque.