2023 en albums

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C'est intéressant de voir la manière dont "Tunnel of love" fonctionne comme "Nebraska" , chacun d'entre eux ayant été écrits juste après un énorme album du boss censé remplir les stades. On a l'impression que celui-ci a besoin de fuir son quotidien de rock star pour se recentrer et accoucher de morceaux plus calmes et plus intimistes, la plupart du temps enregistrés tout seul. Cependant là où "Nebraska" poussait les potards assez loin en terme de rugosité et dans son côté sans filtre on a quand même l'impression que "Tunnel of love" est beaucoup plus lisse et plus calibré pour sortir quelques tubes pour les radios. Difficile de voir si c'est 100% une volonté de Springsteen ou si c'est lié à des pressions conséquentes à son nouveau statut de poule aux œufs d'or du folk rock ricain, en tous cas ça le condamne forcément à ne pas atteindre les sommets de "Nebraska". Des synthés et percussions très 80's sont parfois collés au fond pour les ambiances, des instrumentations et solos sont parfois rajoutées pour relever certains morceaux, avec plus ou moins de réussite... Cela étant dit il n'y a pas vraiment de taches ou de temps morts et si il y a quelques rocks sympas ("Brillant disguise", "spare parts", "Ain't got you", j'ai plus de doutes sur "Tunnel of love" mais en vrai c'est pas mal) ce sont surtout les balades les plus folks qui retiennent mon attention avec ce songwriting toujours aussi brillant qui certes raconte toujours un peu les mêmes histoires (même si la candeur adolescente laisse ici de plus en plus la place à des couples en crises et à la jalousie) , mais qui le fait avec une justesse et une beauté à tomber par terre ("Cautious man", le plus nebraskaien dans l'esprit, "One step up", "Tougher than the rest", "Walk like a man", "Two faces" ...). Peu de refrains, des textes précis et lourds de sens sans jamais être pompeux, je prends tous les jours...

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Une bel enchaînement de morceaux blues à la fois maîtrisés mais desquels s'échappe une touche de folie indispensable à la réussite du genre, même si j'avoue préférer quand ils foutent plus le feu, comme dans "Exile..". Mais il y a "Sympathy for the devil" donc ça vaut carrément le coup.

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On sent une telle similarité entre le timbre de voix, la personnalité et les compositions de Prine et Dylan que le premier aurait facilement pu être assimilé à une vulgaire copie du second comme il en existe tant quand un genre marche bien. Mais si je suis encore un novice en ce qui concerne la folk/country des années 70 force est de constater que ce premier album de John Prine est absolument magnifique et comporte tout ce que j'aime dans ce style : du pur song writing très cinématographique, avec des textes simples mais également très visuels dans les images qu'ils proposent. Prine prend énormément de son vécu personnel dans son écriture ("Paradise"), mais il n'hésite pas à se transporter dans d'autres personnages, comme une femme quadragénaire dans "Angel from Montgomery" pour raconter ses histoires. A ce titre il peut rappeler énormément Springsteen bien sûr, même si le genre est différent ("Far from me"), et d'un point de vue très personnel l'écriture me rappelle également Stephen King dans la manière de raconter des personnages dans leur défaut et leur côté pathétique (au premier sens du terme) sans toutefois porter le moindre jugement, avec beaucoup de bienveillance ("Donald and Lydia"). En parallèle à ce côté songwriter très terreux et sombre comme je les aime il y a aussi un petit côté protest song un peu hippie et très anti-guerre du Vietnam ("Illegal smile" dont on a du mal à croire qu'il ne parle pas de weed, "Your flag decal...") qui marche bien. Et cerise sur le gateau on sent un côté très rigolard et frais, loin de la noirceur alcoolisé de certians de ses collègues de l'époque, ce qui lui confère une véritable identité et gomme totalement cette première impression de clone de Dylan que j'ai eu. Evidemment c'est un album qui nécessite qu'on se penche sur les textes, ça relève immédiatement les morceaux qui me paraissaient les plus faibles au premier abord.

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Réécoute / +2

Je trouve que ce Bad Religion ne vieillit pas, pour moi c'est leur meilleur. Les morceaux courts pêchus du début sont tous clairement identifiables et réussis, et les morceaux plus pop rock et posés de la deuxième phase sont pour certains de véritables tueries ("Los Angeles Is Burning", "The Quickening", "The Empire Strikes First", "Live Again (The Fall of Man)"...). Quelques tentatives sont moins réussies ("Boot Stamping on a Human Face Forever") mais c'est un de mes incontournables depuis près de 20 ans, je ne m'en lasse pas.

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Un Ken sympa mais mineur, qui lorgne de temps en temps du côté du dark NOFX ("Falling from Grace") et duquel je ne ressors malheureusement aucun titre en particulier même si aucun n'est non plus foncièrement désagréable. A des kilomètres de la folie douce et le fun de l'album précédent et des suivants.

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Encore meilleur que son premier album, une collection de purs bijoux country/folk absolument magnifiques et variés. C'est fabuleux et le personnage arrive à conserver un côté brut , mais en ignorant la sensibilité inhérente à la réussite du genre, ce qui donne à ses morceaux les plus doux ("When I loved her") une dimension stratosphérique qui marche vraiment bien. Kristofferson arrive à habiter et incarner chacun de ses 10 morceaux d'une manière différente avec son personnage de cowboy hantés par ses démons alcoolisés , ses rêves inavoués et son cœur brisé. Mention bien sûr pour "The Pilgrim, chapter 33", digne descendant de son fantastique "To Beat The Devil". Quel putain de songwriter...

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Pas sûr que ce soit l'album le plus pertinent pour s'attaquer à Willie Nelson étant donner qu'il s'agit d'une collection de reprises de gospels traditionnels, et donc pas écrits par l'artiste, mais en tous cas j'ai adoré. Malgré le puritanisme évident rattaché à ce style il y a quand même de sacrées pépites et forcément de très bons refrains à reprendre en chœur, pour un interprète talentueux tel que Johnny Cash, les DKM ou dans ce cas le très sympathique Willie c'est du pain bénit dans lequel piocher pour inclure sur un album. Ici il y a une très belle variété entre morceaux enjoués (le magnifique "Uncloudy Sky") ou plus mélancoliques ("Whispering hope", "In the garden", "Precious Memories") et la personnalité et le timbre si particulier de Nelson arrive à décoller l'encombrant label "musique religieuse" qui aurait pu plomber les chansons, tout en conservant une réelle sincérité qui donne à ce "Troublemaker" une identité propre et une saveur absolument jouissive.

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Cet album colle totalement avec l'évolution de la carrière de Kristofferson. Ses deux somptueux premiers efforts étaient marqués par un côté rugueux, désespéré qui en faisait toute la sève, alors qu'ici on sent un artiste plus installé , plus serein, un peu plus mainstream il faut le dire. La production est plus lumineuse, les morceaux sont un peu plus enjoués, même les balades et le ton est résolument plus serein. On a droit à deux jolis morceaux avec Rita Coolidge, sa future femme de l'époque, desquels se découle une très chouette alchimie. Le morceau qui rappelle le plus le KK galérien serait peut être "Why me?" mais là aussi malgré le ton très désespéré il s'agit plus d'un morceau qui célèbre une victoire sur la vie qu'une réelle complainte. Pas mon Kristofferson préféré, mais quand même très cool, et je préfère ça plutôt que de feindre le désespoir pour conserver une image de marque.

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Un concentré de ce que Renaud sait faire de mieux : des textes vraiment drôles ("Mon beauf", "le père noël noir"), d'autres très touchants et mélancoliques ("Oscar", "la blanche") parfois même les deux en même temps ("Soleil immonde", composé par Coluche) et surtout un esprit sale gosse typique de la fin des années 70 / début 80 que j'aime beaucoup. Il semble moins énervé que les précédents, abordant moins les sujets sociétaux (à part "étudiant") et se concentrant sur la description de personnages / saynettes. Musicalement c'est parfois un peu laborieux ("Banlieue rouge") mais les textes et l'ambiance sont parfaits.

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Aucune tache sur ce Renaud, à part bien sûr la dernière, mais il se moque tellement de son propre morceau que je passe l'éponge. Les textes sont tous incroyables ("Dans mon HLM" bien sûr) et même musicalement il y a de supers trouvailles (les touches western enniomorriconesques de "Gérard Lambert", le rockab sur "l'autostoppeuse"). Un concentré de fun , de tendresse et de sang dans un bon jus bien France sous Giscard, une boimbe.

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Comme "... Capricorn" cet album a été écrit très rapidement après les deux formidables premiers bijoux de Kristofferson , et pour tout dire ça se sent un peu. Pas vraiment d'accroches sur les premières écoutes , on déroule les morceaux country / folk assez gentillets sans mal mais sans vraiment faire très attention non plus. Petit à petit certains morceaux ressortent enfin , et pour une fois je retiendrai les plus énergiques, très country outlaw "Smokey, put the sweat on me" et "Getting by...", ainsi que quelques balades très sympas (les petites sonorités celtiques sur "Stagger Mountain tragedy"). Je vais sans problème continuer de creuser la disco du bonhomme , c'est quand même du très bon.

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Un Foo Fighters lourd et chargé en émotion, qu'on sent accouché avec une certaine douleur, et dans lequel je me suis beaucoup heurté avant de l'appréhender totalement. Evidemment tout l'album est centré autour du double deuil que Grohl a dû subir après la perte de sa mère et de Taylor Hawkins, les mots et les intentions sont importants, au détriment forcément de l'énergie jouissive qui fait la sève du groupe. C'est particulier parce que les morceaux sont clairement consacrés soit à Taylor ("Rescued", "Under You", "Nothing at all") soit à Madame Grohl ("Show me how", "The Teacher", "Rest") , ce qui ajoute de la diversité à l'ensemble au lieu de mélanger les deux épreuves avec des intentions communes. Quand il parle de Taylor, il y a plus de violence, on sent un réel choc pas forcément bien digéré. Mais quand il parle de sa mère, il y a beaucoup plus de douceur, de mélancolie, de tristesse "saine". Moi je ne peux que m'incliner, c'est très difficile d'apprécier ce "But here we are" de la même manière qu'un album qu'on écoute en fond en faisant les courses ou du sport. Force est de constater que ce n'est pas un Foo Fighters classique, il est bien moins aimable et l'écoute n'est pas facile. Je retiendrais le formidable morceau d'ouverture ("Rescued") et le magnifique morceau de fin ("Rest") , et au milieu ce n'est pas sûr que j'y revienne, même si encore une fois la démarche est absolument irréprochable et ne peut souffrir d'aucun reproche. C'est là qu'on voit l'absurdité totale du fait de noter des œuvres d'art.