Chro : Top 10 musique 2011

Annotation :

Toujours plus inquiet, sépulcral et poignant, Leyland Kirby continue de fouiller les ruines et les survivances. Placé à côté de ses autres oeuvres de l'année, ce grand disque d'ambient passionnant à tous ses instants incarne mieux le zeitgeist que toutes les autres, scellant la paix entre le passé et le futur sans se préoccuper du présent.

Annotation :

Dissipés les brouillards d'une longue carrière indie-lo-fi sous le pseudo Smog, Bill Callahan signe de son vrai nom des classiques clairs nets et précis, dont cet Apocalypse qui creuse en profondeur son sillon introspectif, en chercheur d'or d'une histoire et d'une géographie aussi intimes qu'universelles. Air du temps.

Annotation :

2011 fut une belle année pour la techno noire, et personne n'a chevauché le dragon comme les revenants (quarantenaires) de Sandwell District. Epuisé en quelques jours dans sa version originale, le fabuleux manifeste du collectif capte d'un seul geste la tradition et l'iconoclastie, et regarde l'époque avec un œil acéré de groupuscule techno-millénariste.

Annotation :

Toujours concentrée sur ses contradictions, la bande de Jeff Tweedy continue de s'élever au dessus de ses inquiétudes formelles. Fourre-tout, sémillant, apaisé, The Whole love est pourtant un classique instantané, un grand disque d'au-delà la Frontière.

Annotation :

Qu'on l'adore ou qu'on s'en gausse, ce doublon prescient sorti la semaine de la mort de Steve Jobs ne laisse personne indifférent. Ni ironique, ni désobligeant, Ferraro tente de reproduire à la fois les surfaces et les effets de nos vies dans l'hyperréalité généralisée et fait un mausolée musak incroyable de justesse et de musicalité.

Annotation :

On est passé à côté à sa sortie à la fin de l'été, mais ce disque est d'une telle splendeur qu'il atterrit direct dans notre top de l'année. Ange érudit tombé du ciel, Julia Holter surplombe de très haut l'invasion de lolitas hipsters (Maria Minerva, Prince Rama, Geneva Jacuzzi...) qui a déchaîné les passions en 2011.

Annotation :

L'ombre du mentor Ariel Pink plane chez John Maus qui ouvre à son tour une nouvelle brèche musicale, entre synthpop kitsch et chant liturgique, avec Alain Badiou et la French Theory au fond du cartable. Le Scott Walker des années 2010 ?

Annotation :

De la pop ambitieuse made in France, ça ne court pas les rues. Qui plus est avec autant d'élégance et de lyrisme que sur cet album en demi-teinte dont émane toute la fougue d'une jeunesse à la fois conquérante et désenchantée. Une ligne claire aux angles acérés, qui rappelle les plus belles heures du postpunk anglais.

Annotation :

Ce vétéran virtuose et luthier à ses heures signe un hommage élégiaque et romantique à la nature sauvage des collines de Los Angeles et aux glorieuses 70's qui l'ont chantée (Crosby, Young, Mitchell), transformant en ondes subtiles le bois, l'air et le soleil de Laurel Canyon. Alchimiste ou la vie dans les bois.

Annotation :

Entre le Ford & Lopatin et le nouveau Oneohtrix, notre coeur balance encore. Mais puisque la pop pleine et idiote n'a pas beaucoup soufflé ni le chaud ni le froid en 2011 et qu'on a toujours pas capté Replica, on a préféré honorer la solution instable de Ford & Lopatin. Disque malade, certes, mais bluffant de bout en bout.