Lectures 2015
44 livres
créée il y a environ 10 ans · modifiée il y a plus d’un anDora Bruder (1997)
Sortie : 2 avril 1997 (France). Roman
livre de Patrick Modiano
Sauvenier a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
"Beaucoup d'amis que je n'ai pas connus ont disparu en 1945, l'année de ma naissance. (…) Ainsi, dans l'appartement où Sachs se livrait à ses trafics d'or, et où, plus tard, mon père se cachait sous une fausse identité, 'le Zébu' avait occupé ma chambre d'enfant. D'autres, comme lui, juste avant ma naissance, avaient épuisé toutes les peines, pour nous permettre de n'éprouver que de petits chagrins."
Et tu n'es pas revenu (2015)
Sortie : 4 février 2015. Récit
livre de Judith Perrignon et Marceline Loridan-Ivens
Sauvenier a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
"J'ai été quelqu'un de gai, tu sais, malgré ce qui nous est arrivé. Gaie à notre façon, pour se venger d'être triste et rire quand même. Les gens aimaient ça de moi. Mais je change. Ce n'est pas de l'amertume, je ne suis pas amère. C'est comme si je n'étais plus là. J'écoute la radio, les informations, je sais ce qui se passe et j'en ai peur souvent. Je n'y ai plus ma place. C'est peut-être l'acceptation de la disparition ou un problème de désir. Je ralentis."
Les Bonnes (1947)
Sortie : 1947 (France). Théâtre
livre de Jean Genet
Sauvenier a mis 9/10.
Annotation :
"Je vous ai dit, Claire, d'éviter les crachats. Qu'ils dorment en vous, ma fille, qu'ils y croupissent. Ah ! ah ! vous êtes hideuse, ma belle. Penchez-vous davantage et vous regardez dans mes souliers. (Elle tend son pied que Solange examine.) Pensez-vous qu'il me soit agréable de me savoir le pied enveloppé par les voiles de votre salive ? Par les brumes de vos marécages?" (Claire/Madame)
"Je retourne à ma cuisine. J'y retrouve mes gants et l'odeur de mes dents. Le rôt silencieux de l'évier. Vous avez vos fleurs, j'ai mon évier. Je suis la bonne. Vous au moins vous ne pouvez pas me souiller." (Solange/Claire)
Nouvelles
Sortie : 2003 (France). Recueil de nouvelles
livre de Marie Rouanet
Sauvenier a mis 6/10.
Annotation :
"Il n'est que de se retrouver seul dans un lieu solitaire pour que le face à face s'établisse de soi au monde et que de toute la surface de l'être, cette peau qui nous délimite, on l'empêche de se précipiter dans le vide intérieur." Marie Rouanet, "Le silence et le vide", in 'Une chartreuse avortée'.
Felicidad
Sortie : 21 avril 2005 (France). Roman
livre de Jean Molla
Sauvenier a mis 6/10.
Annotation :
"- Sais-tu ce qu'un de vos plus brillants esprits, un physicien qui vivait au siècle dernier, a dit du bonheur, ce bonheur qui vous obsède tant et auquel vous ne comprenez rien ?
- Non.
- 'Le bonheur est l'idéal des porcs.' Conclus toi-même sur ce que vous êtes devenus."
Aucun intérêt au point de vue national
La grande illusion d'une famille juive en France
Sortie : 2001 (France). Récit
livre de Zeev Sternhell et Gilbert Michlin
Sauvenier a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
"Lors d'un de ces arrêts, plus long que les autres, je peux me hisser jusqu'à la lucarne et regarder dehors. C'est la pointe de l'aube. Nous sommes au troisième jour de notre 'voyage'. A la hauteur de la lucarne, à bout de bras, je regarde. Je peux lire le nom de la station où nous sommes arrêtés. Auschwitz. Nous ne sommes pas encore arrivés à Pitchipoï."
Le Horla (1886)
Sortie : 1887 (France). Nouvelle
livre de Guy de Maupassant
Sauvenier a mis 8/10.
Annotation :
"D'où viennent ces influences mystérieuses qui changent en découragement notre bonheur et notre confiance en détresse ?"
Silo (2012)
Wool
Sortie : octobre 2013 (France). Roman, Science-fiction
livre de Hugh Howey
Sauvenier a mis 7/10.
Natures mortes de l'Antiquité à nos jours (1992)
La Vie silencieuse
Sortie : 1992 (France). Beau livre & artbook, Peinture & sculpture
livre de Hubert Comte
Sauvenier a mis 6/10.
Annotation :
"Que nous apprend ce voyage au pays de la vie silencieuse ?
Pascal répond : rien du tout. En effet, il dit à peu près que ceux qui admirent en effigie des objets qu'ils n'admireraient pas dans la réalité perdent leur temps. (Il avait condamné aussi 'le sot projet que Montaigne eut de se peindre'.)"
La Sœur
Sortie : 17 mars 2015 (France). Récit
livre de Pascal Herlem
Sauvenier a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
"C'est une grosse bague en or façon chevalière dont le plateau carré reproduit une grille en bas-relief. Dans l'anneau se trouve une trappe qui s'ouvre du bout de l'ongle et qui révèle une cavité, une cache secrète. A l'intérieur, mon père a placé un portrait miniature de sa fille, une infime photo. Il la porte le dimanche, pluvieux ou non. Ce jour-là, il promène sa fille à don doigt, dans la crypte portative."
Le Vent de nulle part (1962)
The Wind from Nowhere
Sortie : 1977 (France). Roman
livre de J.G. Ballard
Sauvenier l'a mis en envie.
Annotation :
La chose m'est tombée des mains… Je n'ai pas vu où elle allait.
- S.
Le Collier rouge (2014)
Sortie : 27 février 2014. Roman
livre de Jean-Christophe Rufin
Sauvenier a mis 6/10.
Annotation :
"Les arbres étaient des chênes pour la plupart. Ils avaient été plantés, les premiers, dès l'époque de Louis XIV. A mesure qu'on avance dans les allées forestières, on découvre des alignements inattendus. Le désordre des troncs fait alors place, pour un instant, à une trouée rectiligne qui semble conduire jusqu'à l'horizon. Cette irruption de la volonté humaine dans le chaos de la nature ressemble assez à la naissance de l'idée dans la magma des pensées confuses. Tout à coup, dans les deux cas, naît une perspective, un couloir de lumière qui met de l'ordre dans les choses comme dans les idées et permet de voir loin. Dans les deux cas, ces moments lumineux ne durent pas. Dès que l'on reprend sa marche, dès que l'esprit se remet en mouvement, la vision disparaît, si l'on n'a pas pris garde de la fixer par la mémoire ou l'écriture. (…) Reste qu'avancer dans une telle forêt est un puissant stimulant pour la réflexion. (…) Aussi rectilignes que ces trouées, des cimetières étaient édifiés sur les champs de bataille pour abriter les dépouilles des soldats morts. Mais ces graines-là ne pousseraient jamais."
Trois petites histoires de jouets
Sortie : 2004 (France). Recueil de nouvelles
livre de Philippe Claudel
Sauvenier a mis 8/10.
Annotation :
"Lorsque vint le soir, il se livra au sommeil avec un abandon qui n'avait d'équivalent que l'espoir qu'il plaçait dans cette noirceur vers laquelle il aspirait plus que tout à chuter."
'Mains et merveilles', in Trois petites histoires de jouets.
Le Médianoche amoureux (1989)
Sortie : avril 1989 (France). Conte, Recueil de nouvelles
livre de Michel Tournier
Sauvenier a mis 8/10.
Annotation :
"Oui, il y avait du mystère dans l'air, presque du drame, et j'ai été à peine surpris quand tu m'as montré à une centaine de mètres deux corps humains enlacés recouverts de sable. Nous avons aussitôt couru vers ce que nous prenions pour des cadavres de noyés. Ce n'étaient pas des noyés recouverts de sable. C'étaient deux statues sculptées dans le sable, d'une étrange et poignante beauté. Les corps se lovaient dans une faible dépression, ceints d'un lambeau de tissu gris souillé de vase qui ajoutait à leur réalisme. On songeait à Adam et Eve avant que Dieu vînt souffler la vie dans leurs narines de limon. On pensait aussi à ces habitants de Pompéi dont on voit les corps minéralisés par la pluie des cendres du Vésuve. Ou à ces hommes d'Hiroshima vitrifiés par l'explosion atomique. Leurs visages fauves, pailletés d'écailles micacées, étaient tournés l'un vers l'autre, séparés par une distance infranchissable. Seules leurs mains et leurs jambes se touchaient. Nous sommes demeurés un moment debout devant ces gisants, comme au bord d'une tombe fraîchement ouverte. (…) Nous nous sommes retournés. A droite le rocher de Tombelaine émergeait de la brume. Mais surtout, suspendu comme un mirage saharien au-dessus des nuées, le Mont-Saint-Michel brillait de toutes ses tuiles vermeilles, de tous les vitraux de sa pyramide abbatiale.
Le temps s'était arrêté. Il fallait que quelque chose se produisît pour le remettre en marche. Ce fut un friselis qui me chatouilla les pieds. Une langue couronnée d'écume me lèche les orteils. En prêtant l'oreille, on perçoit le bruissement innombrable de la mer qui rampe sournoisement vers nous. Dans moins d'une heure, cette aire immense exposée nue au vent et au soleil sera rendue aux profondeurs glauques et miséricordieuses.
- Mais ils vont être détruits ! t'es-tu exclamée. (…)
Les mains jointes furent atteintes les premières, et elles se défirent, laissant en suspens des moignons de poignets coupés. Nous regardions avec horreur cette dissolution capricieuse et inexorable de ce couple que nous persistions à sentir humain, proche de nous, prémonitoire peut-être. Une vague plus forte s'abattit sur la tête de la femme, emportant la moitié de son visage, puis ce fut l'épaule droite de l'homme qui s'effondra, et nous les trouvions encore plus émouvants dans leur mutilation."
'Les amants taciturnes', in Le Médianoche amoureux.
Je m'avance masqué (2011)
Entretiens avec Michel Martin-Roland
Sortie : 2011 (France). Entretien
livre de Michel Martin-Roland et Michel Tournier
Sauvenier a mis 6/10.
Célébrations (1999)
Sortie : octobre 2000 (France). Essai
livre de Michel Tournier
Sauvenier a mis 7/10.
Annotation :
"La forêt est partie essentielle de notre héritage affectif humain. Des millénaires durant, elle a été le mal, la sauvagerie (du latin 'silvaticus', forestier), le refuge d'animaux effrayants, comme le loup et l'ours, et d'hommes rejetés par la société, voire de monstres à demi mythologiques, ogres et sorciers, nains et géants. Mais c'est aussi la grande nature vivante et vivifiante, le triomphe de la chlorophylle, le retour aux sources. Dans notre vocabulaire seule la forêt mérite le nom magique de 'vierge'. (...)
J'ai médité l'obsession évidente de tout végétal cloué au sol par nature. Comment assurer la dispersion de ses graines ? L'explosion, l'ailette, le fruit succulent que transporte l'estomac humain, les graines griffues qui s'accrochent aux toisons des moutons, aux vêtements des bergers, tous les procédés ont été inventoriés pour déjouer la malédiction de l'enracinement. (...)
J'ai vécu la forêt équatoriale, massive, noire, grouillante de vies dangereuses. (...) J'ai vécu de tous mes sens et de tous les pores de ma peau la forêt vierge, son épaisseur vertigineuse, sa moiteur étouffante, les bruits soudains et terrifiants qui brisent son silence - un animal qu'on égorge, une branche morte qui tombe de la voûte immense (...). J'ai vu là une forme d'enfer.
Enfer à divers titres, pour les hommes certes, mais aussi pour les arbres eux-mêmes. (...) Oui, les arbres se détestent entre eux. L'arbre est farouchement individualiste, solitaire, egoïste. J'ai compris ainsi l'angoisse qui transpire des forêts. La forêt, c'est la promiscuité forcée d'un camp de concentration. Tous ces arbres serrés les uns contre les autres souffrent et se haïssent. L'air forestier est saturé de cette haine végétale. C'est elle qui infeste les poumons du promeneur et lui serre le cœur. Une très ancienne locution dit que les arbres empêchent de voir la forêt. Ne faudrait-il pas dire aussi que la forêt empêche de voir les arbres ? (...) L'arbre ne souffre pas la forêt, car il lui faut le vent et le soleil. Il tète directement sa vie à ces deux mamelles du cosmos, le vent et le soleil. Il n'est qu'un immense réseau de feuilles tendu dans l'attente du vent et du soleil. L'arbre est un piège à vent, un piège à soleil. Quand il secoue sa crinière de feuilles en mugissant et en faisant fuir des flèches de lumière de toutes parts, c'est que ces deux gros poissons, le vent et le soleil, sont venus se prendre au passage dans son filet de chlorophylle."
'L'arbre et la forêt'.
Le Rapport de Brodeck (2007)
Sortie : 2007 (France). Roman
livre de Philippe Claudel
Sauvenier a mis 9/10.
Annotation :
"C'est bien la mort des autres, des êtres aimés, pas la nôtre, qui nous ronge et peut nous détruire. C'est contre elle qu'il a fallu que je lutte, en brandissant devant sa lumière noire des visages et des figures."
Chapitre XXI.
Conte bleu (1993)
suivi de Le premier soir et de Maléfice
Sortie : mars 1993. Conte, Recueil de nouvelles
livre de Marguerite Yourcenar
Sauvenier a mis 6/10.
Annotation :
"Il existe d'autres possibilités, des bonheurs ou des malheurs qu'on a négligé d'inviter, et qui se vengent en arrivant à l'improviste."
'Le premier soir'.
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"Elle était seule. Il en était du pouvoir qu'on lui attribuait, et que désormais elle s'attribuait elle-même, comme de ce cercle des anciens enchanteurs, qui tout à la fois les isole et les défend. Comme ce roi des légendes autour duquel tout se changeait en or, dorénavant, tout, autour d'elle, se changeait en terreur. En même temps, elle n'était plus seule. Elle se sentait reliée, à travers l'espace, par des liens d'autant plus forts qu'ils étaient invisibles, à la communauté de tous ceux qu'à la fois on persécute, l'on amadoue, et l'on révère, à la confrérie dispersée des jeteurs de sorts, des gens à secrets, des sorciers de village. Cette fille, qui jusque-là n'avait rien obtenu de la vie ni d'elle-même, éprouvait l'exaltation intime, organique, de ceux qui viennent de découvrir l'amour ou de celui qui pressent la gloire : quelque chose d'inconnu, qui la transformait, se faisait jour en elle. Une personnalité toute faite, infiniment plus riche que la sienne, lui était substituée, à laquelle, jusqu'à sa mort, elle tâcherait de se conformer.
Elle s'arrêta devant une flaque d'eau laissée par la dernière averse, se pencha sous la lueur qui venait d'une fenêtre éclairée, pour distinguer son visage, et subitement se mit à rire. Elle riait, d'un rire inattendu d'elle-même, sauvage, d'une méchanceté qui, plus que toute autre chose, la persuadait qu'elle s'était transformée, ou plutôt qu'elle s'était trouvée. Non seulement son cœur, mais l'aspect du monde avait changé pour elle : un balai oublié dans une cour, une aiguille à son corsage, le bêlement d'une chèvre à travers le mur d'une étable lui rappelaient non plus des actes usuels, faciles, de la vie ordinaire, mais des scènes d'envoûtement et de sabbat, et, quand elle rejeta la tête en arrière pour mieux aspirer l'air nocturne, les étoiles dessinaient pour elle, en grands jambages tremblés, les lettres géantes de l'alphabet des sorcières."
'Maléfice'.
Bleus horizons
Sortie : 7 février 2013 (France). Roman
livre de Jérôme Garcin
Sauvenier a mis 9/10.
Annotation :
"Car tout ce que j'ai entrepris, je l'ai raté. J'ai (…) surtout abandonné en cours de route le livre auquel je tenais le plus : mes 'Souvenirs de guerre'. Je souffrais trop. Je n'arrivais pas à décrire ce qui est indescriptible. Je cherchais en vain des mots rares, parce que les mots ordinaires ne suffisaient pas à désigner les corps en charpie de mes camarades, la bouillie d'intestins, les visages sans visages, les peurs à se pisser dessus d'avant l'assaut, les aubes qui se lèvent sur des champs blancs de cendres, les pleurs — oh, ces pleurs — des gamins qu'on ne pouvait pas secourir et qui agonisaient là-bas, sous les buissons rouillés de barbelés. J'ai compris alors ce qu'étaient les limites de la littérature. Elle n'avait pas le pouvoir de faire comprendre, à qui ne les avait pas vécus, l'intolérable scandale de la jeunesse massacrée et l'horrifique spectacle de la chair à canon. Je crois que je ne me suis jamais relevé de cette révélation. A quoi bon écrire, si tous les adjectifs sont inutiles et tous les synonymes, mensongers, si la grammaire est une fausse amie et qu'elle prend un malin plaisir à vous trahir?
Le seul manuscrit que je vais laisser est celui que, par une fidélité démodée, un loyauté d'un autre temps, j'ai voulu consacrer à un garçon dont le nom résonne comme un octosyllabe. N'est-ce pas dérisoire ? De moi, il ne restera donc que lui et une poignée de ses vers désenchantés, peut-être 'Vaisseaux, nous vous aurons aimés en pure perte', ou bien 'Quand nous aurons suivi les désirs qui nous mènent, Connaîtrons-nous, un jour, la fin de notre peine ?'."
Parfums (2012)
Sortie : 12 septembre 2012. Récit
livre de Philippe Claudel
Sauvenier a mis 6/10.
Annotation :
"C'est avec lui qu'on tue les chatons et qu'on endort les enfants. Son nom léger cache un insensible fourbe, sa poésie de ciel un assassin. J'ai 5 ans. Je tiens la main de ma mère et nous marchons dans les couloirs de l'Hôpital central de Nancy. Nous croisons des infirmières et des sœurs à cornette. Parfois, la porte ouverte d'une salle commune dévoile des corps allongés dont certains membres bandés se dressent en de bizarres écartèlements. Râles. Relents d'embrocations et de peau croupie. (…) Le masque de fer recouvre mon visage et me retire du monde. Une écœurante odeur de caoutchouc envahit ma bouche et mes narines, suivie très vite par les vapeurs d'éther dont je découvre l'existence violemment chimique, glaciale. Je deviens le chaton. On veut m'amputer de la portée. Je me débats. J'appelle ma mère. Ma voix pleine de larmes se cogne aux parois du masque. Il y a le dégoût, le grand vide, et la nuit. Depuis cet instant, je sais que la mort a un parfum d'éther. Et je ne cesse de m'entraîner en vue d'une apnée infinie."
'Ether', in Parfums.
Quelques-uns des cent regrets (1999)
Sortie : 1999 (France). Roman
livre de Philippe Claudel
Sauvenier a mis 6/10.
Annotation :
"J'ai navigué dans le sommeil comme on se perd dans les entrailles du monde. Pourtant je n'avais pas bu, mais j'étais ivre du plus mauvais des vins, celui que le remords vendange. Heureusement, le sommier exténué de mon lit me ramenait par ses grincements à de rugueuses préoccupations. On a tôt fait de se croire un héros, fût-il celui d'une histoire du malheur quotidien. Il est bon après tout que les choses nous ravalent au rang que jamais nous n'aurions dû quitter, celui des poids morts, des bêtes éreintées, des lutteurs sans triomphe."
Le Dernier des Camondo (1999)
Sortie : 19 octobre 1999. Récit, Biographie
livre de Pierre Assouline
Sauvenier a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
"En quittant cet univers dont nul ne se détache facilement, je croyais emporter le souvenir ébloui d'un voyage dans le passé, aux alentours d'un XVIIIe siècle amoureusement restitué par un homme du XIXe qui entrait à reculons dans le XXe. Une grande plaque de marbre à l'entrée me fit brutalement basculer du siècle des Lumières dans le siècle des ténèbres. Depuis, je l'ai relue à cent reprises. Chaque fois, j'en ai été profondément remué comme on peut l'être par la révélation d'une de ces ombres qui font la lumière sur terre. Avec le temps, la méditation a quelque peu atténué l'émotion."
(…)
"Dans la chapelle couronnant le caveau de famille, une plaque fut gravée en mémoire des quatre déportés. 'Morts pour la France en 1943 et 1944.' Comme Nissim, le grand frère, en 1917. Au moins lui le savait-il. Mais avait-on vraiment conscience de mourir pour la France quand on franchissait le seuil d'une chambra à gaz, dans un camp en Pologne, pour avoir commis le seul crime d'être né juif ? Malgré tout, et en dépit de l'œcuménisme de ces inscriptions, Béatrice et les siens n'avaient pas eu le même destin que Nissim. S'il était mort pour le France, ils étaient morts par la France. Moïse de Camondo était parti à temps pour ne pas vivre cette trahison."
(…)
"Sous la porte cochère, une plaque rappelle le destin tragique des enfants et petits-enfants du comte de Camondo. 'Morts pour la France.' Le camp fut la dernière étape de la longue marche de leurs ancêtres à travers l'Histoire. De l'explosion d'Espagne au génocide nazi, ils avaient réussi à perdurer pendant quatre siècles et demi. Jusqu'à ce que leurs derniers descendants directs partent en fumée."
La Cliente
Sortie : 2000 (France). Roman
livre de Pierre Assouline
Sauvenier a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Zombi (1995)
Zombie
Sortie : 4 mai 2011 (France). Roman
livre de Joyce Carol Oates
Sauvenier a mis 7/10.
Avec mon meilleur souvenir
Sortie : 1984 (France). Biographie, Recueil de nouvelles
livre de Françoise Sagan
Sauvenier a mis 7/10.
Annotation :
"On lui expliqua que ces deux petits Français avaient franchi les immensités de l'Atlantique et les banlieues de New York et les frontières du Connecticut dans le seul but de l'entendre. "Oh dears ! dit-elle, tendrement. How crazy you are!…" (…) Nous dormions fort peu ces jours-là et je jurerais avoir parfois remonté à pied la Cinquième Avenue, au beau milieu et en plein soleil, seule avec elle et Michel, seuls dans une ville déserte où après les cris des saxophones, les roulements de la batterie et les éclats de sa voix, il n'existait plus, par un phénomène de saturation, que l'écho de nos trois pas sur le trottoir. Je pourrais jurer avoir vu New York à midi parfaitement vide à l'exception de cette grande femme et son taciturne compagnon qui, nous ayant rapidement étreints, disparaissaient dans une de ces longues voitures noires et poussiéreuses, issues des fatidiques "séries B" policières. Mais je serais incapable de dire ce que nous faisions d'autre dans la journée. A part quelques heures malgré nous concédés au sommeil, il me semblait que nous errions comme des zombies dans une ville sourde et muette dont le seul point vivant, le seul refuge était cette scène, la lumière blafarde et ses spots, ce piano éreinté… et cette femme qui parfois disait qu'elle avait trop bu pour chanter et mélangeait alors les paroles de ses couplets en plaisantant, leur trouvant des substituts cocasses et déchirants dont aucun ne m'est resté en mémoire. Ce que, bizarrement, je n'ai jamais regretté : New York était devenue une ville si noire et sombre - mis à part les éclats de sa voix - que nous y bercions nos fatigues et notre abandon, notre ivresse, en une nuit tiède et scandée comme la mer. Une mer où tout souvenir précis n'eût pu surnager sans paraître une épave ou une trivialité."
Sagan, 'Billie Holiday'.
Écriture : Mémoires d'un métier (2000)
On Writing : A Memoir of the Craft
Sortie : 3 septembre 2001 (France). Autobiographie & mémoires, Essai
livre de Stephen King / Richard Bachman
Sauvenier a mis 6/10.
Annotation :
"La télé arriva donc relativement tard chez les King, et j'en suis content. Je fais partie, si l'on y réfléchit, d'un groupe passablement restreint : la dernière poignée d'américains qui ont appris à lire et à écrire avant d'apprendre à ingurgiter leur portion quotidienne de vidéo-conneries. Ce n'est peut-être pas très important."
(…)
"Je ne voudrais pas parler avec trop de mépris de ma génération, même si c'est un peu ce que je fais : Nous avons eu l'occasion de changer le monde et nous avons préféré le télé-achat."
Au-delà du mal (1979)
By Reason of Insanity
Sortie : avril 2009 (France). Roman, Policier
livre de Shane Stevens
Sauvenier a mis 7/10.