Les Pires Films de 2024
Sur 52 films vus au cours de l'année
Top 2024 : https://www.senscritique.com/top/les_meilleurs_films_de_2024/3985940
15 films
créée il y a 2 jours · modifiée il y a 2 joursDrive-Away Dolls (2024)
1 h 24 min. Sortie : 3 avril 2024 (France). Comédie, Policier, Thriller
Film de Ethan Coen
Alfred Tordu a mis 1/10.
Annotation :
D’habitude, je suis plutôt client de ce genre de comédies loufoques, même quand la recette implique une grosse dose de beaufitude, tant que c’est fait avec talent et ingéniosité. Mais là, on est tellement dans le mauvais goût que ça en devient impropre à la consommation. Pourtant, le casting fait le taf, la photo est très réussie, c’est plutôt bien rythmé et esthétiquement, le film donne l’impression de sortir tout droit des années 90, mais sa calamiteuse écriture rend l’expérience extrêmement malaisante. Même Bigard n’aurait jamais réussit à faire pire. On sent néanmoins que le réalisateur essaye de pasticher un certain type de cinéma, mais impossible de voir lequel, ce qui m’a rendu encore plus désagréable tous ces effets de style ringards et ces transitions de montage dignes de Windows Movie Maker.
Ferrari (2023)
2 h 10 min. Sortie : 8 mars 2024 (France). Biopic, Drame, Historique
Film de Michael Mann
Alfred Tordu a mis 2/10.
Annotation :
Jamais compris l’aura dont jouissait Michael Mann chez les cinéphiles. Les rares films que j’ai vus de lui étaient au mieux des divertissements regardables, et ce n’est certainement pas ce faux Biopic hollywoodien qui va me réconcilier avec son cinéma.
Déjà, si comme moi, vous ne connaissez pas l’histoire de Ferrari et que vous êtes novice en course automobile, vous risquez fort de rester sur le bord de la route. Les personnages sont très mal introduits, aucun effort de contextualisation et ça name-drop à tout va comme dans l’insupportable Mank de David Fincher. Mais ce qui flingue complètement le scénario, c’est son flagrant manque d’enjeux. Le récit se concentrant en grande partie sur la double vie amoureuse du constructeur automobile, et de tous les problèmes conjugaux que va engendrer cette délicate situation. Soit vous l’aurez compris, de belles histoires de fesses entre bourgeois façon Amour, Gloire et Beauté. Si encore Michael Mann avait sciemment choisi d’aborder sa figure historique uniquement sous l’angle du drame familial intimiste, comme a pu le faire récemment Sofia Coppola avec le couple d’Elvis Presley, on aurait au moins eu une proposition radicale et intéressante. Là, non seulement le réalisateur n’embrasse jamais le genre que requiert son sujet, mais il faut en plus qu’il nous narre une course que l’on devine importante sur le plan historique, mais dont on ne sent jamais l’importance qu’elle revêt pour Ferrari en cette année 1957, la rendant de fait sans enjeux.
En résulte un scénario et des personnages inintéressants au possible, peu aidés, il faut bien le dire, par une mise en scène fonctionnelle qui, en dehors des quelques scènes de course (et encore), se révèle incapable de donner du poids aux drames et relations compliquées que traversent les protagonistes du film. D’où la sensation d’assister à un drame de bourges affreusement chiant, désincarné et dénué de tout intérêt formel ou thématique.
Nous, les Leroy (2024)
1 h 42 min. Sortie : 10 avril 2024. Comédie
Film de Florent Bernard (FloBer)
Alfred Tordu a mis 2/10.
Annotation :
Encore une hallucination collective qui semble cette fois-ci toucher les cinéphiles élitistes, persuadés d’être face à la comédie familiale de la décennie parce que c’est la première qu’ils voient depuis 15ans ; ainsi que les fans de Flober, visiblement accoutumés à ses défauts d’écriture et qui prendront un malin plaisir à reconnaître toutes les références de leur podcast préféré. Heureusement, les retours mitigés des spectateurs semblent montrer que le grand public n’est pas dupe de la supercherie.
Parce que oui, présentez comme le renouveau du cinéma FR, une énième comédie française pleine de bons sentiments sur une famille lambda déchirée par un couple en crise et un conflit de génération, j’appelle ça une énorme supercherie. L’histoire est cousue de fils blancs. Les Leroy sont tous d’horribles clichés plus exécrables les uns que les autres et de manière générale, tous les protagonistes sont plus des personnages de stand-up que des personnages de fiction, s’envoyant continuellement à la gueule des vannes niveau Rire & Chansons, avec le même ton caractéristique du stand-upper de comédie club voulant amuser la galerie.
Rien ne sonne vrai dans cet insupportable film. L’entièreté du scénario ne repose que sur ses dialogues. Les personnages ne vivent aucune situation, ils ne font que blablater à chaque seconde de métrage, au point que garder les yeux sur l’image devient vite superflus, même pour les quelques pauses musicales totalement inutiles, ne servant qu’à stopper ce flux ininterrompu de jacasseries durant quelques minutes. Si encore les dialogues étaient bien écrits, mais n’est pas Audiard qui veut, Flober est d’ailleurs le premier à le reconnaître. A peine deux ou trois bonnes blagues qui se démarquent de cet énorme merdier, et jamais rien de bien mémorable.
Nous les Leroy m’a rappelé une autre comédie française sur le même sujet, avec le même profil de famille, le même message réconciliateur et le même mélange d’humour et d’émotions bien cul cul : « Tout nous sourit » réalisé par Melissa Drigeard. Le film ne volait pas très haut, mais il avait l’avantage d’être écrit et réalisé par des gens compétents, ce qui en faisait au moins un divertissement familial sympathique à voir durant le weekend. Nul doute que s’il avait été signé par une star du net, il aurait pu connaître un succès équivalant, voire supérieur. Mais que voulez-vous, le jour où on réceptionnera les films pour ce qu’ils sont et pas pour ce qu’on projette sur eux...
Megalopolis (2024)
2 h 18 min. Sortie : 25 septembre 2024 (France). Drame, Science-fiction
Film de Francis Ford Coppola
Alfred Tordu a mis 2/10.
Annotation :
Entre déclin du monde occidental, décadence des élites, montée des populismes, place de l’art dans la société et réflexion sur le statut d’artiste ; tout ceci sous fond d’histoire d’amour et de conflits familiaux… Non seulement Coppola se complique la vie à vouloir raconter trop de choses dans un imbroglio d’intrigues et de personnages, mais en plus, il se perd complètement en voulant aborder toutes ces thématiques à travers un symbolisme pompeux ou inapproprié.
L’idée que les artistes auraient la capacité « d’arrêter le temps », perd toute sa dimension poétique lorsqu’elle se voit représentée littéralement à l'écran, et devient totalement inconséquente vu son inutilité dans l’histoire. De même que l’analogie entre la civilisation antique de Rome et le monde moderne occidental, ne va pas forcément de soit, étant donné les nombreuses divergences entre leurs déclins respectifs. D’autant que cette analogie n’est jamais véritablement creusée durant le long-métrage, hormis quelques clins d’œil grossiers (noms, lieux ou évènements historiques) et pas forcément toujours pertinents.
Le film n’est en réalité qu’un bordélique melting-pot de références historiques, culturelles et philosophiques. Le tout baignant dans un formalisme expérimental en roue libre, qui ne pourra impressionner que les vieillards arthritiques ayant l’âge du réalisateur.
Garfield - Héros malgré lui (2024)
The Garfield Movie
1 h 41 min. Sortie : 31 juillet 2024 (France). Animation, Aventure, Comédie
Long-métrage d'animation de Mark Dindal
Alfred Tordu a mis 2/10.
Annotation :
Avec le réalisateur et scénariste du légendaire Kuzco à la barre, je m’attendais au moins à un divertissement honnête, dans l’esprit du Disney Channel des années 2000. Eh ben pas du tout ! A croire que cette licence de merde est vraiment maudite.
Garfield, Héros malgré lui a tous les apparats du long-métrage Illumination : aucune ambition esthétique, histoire convenue au possible, humour pour enfants de 4 ans grand maximum, et références pop culturelles appuyées pour que les adultes ne regrettent pas trop d’avoir fait le déplacement. Sauf que, contrairement aux produits du studio français, cette bouse n’a même pas l’avantage d’être regardable. La faute à un rythme épileptique qui ne laisse rien s’installer ; ni la dramaturgie, ni les relations entre les personnages, ni les situations humoristiques dont pourtant le film est surchargé. Dès les premières secondes, on sent venir le traquenard et absolument rien ne nous accrochera par la suite. Tous les gags tombent à plat les uns après les autres, y compris ceux qui avaient pourtant une chance de fonctionner. Mais cette logorrhée verbale incessante des personnages gâche tout. De même que ce doublage français très inégal, avec des comédiens globalement trop mécaniques dans leur interprétation.
J’en viens presque à regretter les films live avec Cauet qui eux, respectaient au moins le caractère fainéant, égoïste et machiavélique du personnage principal. Là où dans ce film, Garfield est une d’une fadeur incommensurable, à l’instar de tous les autres protagonistes.
Le Successeur (2023)
1 h 52 min. Sortie : 21 février 2024. Drame, Thriller
Film de Xavier Legrand
Alfred Tordu a mis 2/10.
Annotation :
Xavier Legrand a beau s’appuyer sur son talent de mise en scène déjà à l’œuvre dans le très réussi Jusqu’à la Garde, ici la mayonnaise ne prend pas du tout, la faute à un scénario absolument cataclysmique. Pourtant, je ne suis vraiment pas du genre à pinailler sur la moindre petite incohérence d’écriture, mais quand toute ton histoire repose sur un élément qui ne tient pas debout, c’est toute la construction scénaristique qui se pète la gueule.
A quel moment un être humain normalement constitué, qui découvrirait une femme retenue prisonnière dans la maison de son père fraîchement décédé, déciderait de la laisser à sa place et essayerait de la droguer « pour son bien » au lieu d’appeler les pompiers ? Ce n’est même pas comme s’il essayait de protéger son père. Le vieil homme étant mort et les deux hommes ayant coupé les ponts depuis belle lurette, il n’a aucune raison d’agir ainsi, encore moins sous le coup de l’émotion. Bref, une aberration scénaristique rendant la descente aux enfers du protagoniste complètement risible. Impossible de ressentir une once d’empathie pour ce demeuré qui s’est foutu tout seul dans la merde et prend systématiquement les pires décisions possibles pour les besoins du scénario. Même la révélation finale, brillante sur le papier comme dans sa réalisation, paraît forcée et artificielle au regard de tout ce qui la précède.
Et ce n’est pas en analysant cette absurde histoire comme l’analogie du poids de la succession paternelle que l’on arrivera à sauver les meubles. L’analogie n’est pas une fin en soit et elle ne vaut rien si elle n’est pas corrélée à une bonne histoire qui lui donne du sens, ce qui n’est manifestement pas le cas ici. Alors honte aux scénaristes de cette merde et surtout, honte à tous ces pseudos critiques, si promptes à pinailler sur la moindre incohérence d’un blockbuster, mais beaucoup plus enclin à tout pardonner aux auteurs qu’ils apprécient, surtout si ils ont la possibilité de les interviewer après coup bien sûr.
Le Robot sauvage (2024)
The Wild Robot
1 h 42 min. Sortie : 9 octobre 2024 (France). Animation, Aventure, Science-fiction
Long-métrage d'animation de Chris Sanders
Alfred Tordu a mis 3/10.
Annotation :
On nous le vendait comme le dessin animé de la décennie, un truc exceptionnel sortant du tout venant de l’animation ricaine, tout ça pour se retrouver avec une sempiternelle histoire de robot s’humanisant au cours de son passage sur terre !
Alors certes, ce nouveau né des studios Dreamworks avait quelques atouts en sa possession, comme le fait que, pour une fois, le robot ne s’humanise pas au contact d’humains mais d’animaux sauvages. Ce postulat permettait également une relecture du vilain petit canard élevé par une android protocolaire avec une vision très abstraite de l’existence, et un vieux roublard de renard qui lui, ne connaît que trop bien les lois impitoyables de la nature. Il y avait là le terreau idéal pour une belle histoire sur l’humanité, l’éducation, la parentalité ou l’acception des différences. Et bien que le film retombe finalement sur des développements assez communs, il avait néanmoins suffisamment de matière pour accoucher d’un divertissement tout à fait correct. Or le souci, c’est que rien ne s’incarne véritablement à l’écran. Non seulement le rythme trop soutenu du long-métrage ne permet jamais à celui-ci de poser convenablement ses enjeux et ses personnages, mais en plus, les protagonistes passent leur temps à TOUT décortiquer par d’assommants dialogues explicatifs.
« Oui e suis un robot et je vais veiller sur toi mon petit » « Oh non maman, t trop nul et en plus t’as tué mes parents, arrête de t’occuper de moi ! » « On doit parfois désobéir à notre programme pour assurer notre mission, ça vaut pour les robots comme pour les animaux en faite, hihihi » « bonjour je suis ton mentor oiseau de substitution, je vais t’apprendre à bien voler, ah et soit gentil avec ta maman adoré »… L’émotion ne naît jamais par l’image ou par des situations fortes permettant aux personnages d’évoluer par l’action. D’où l’impression de voir un schéma narratif duquel on distingue clairement toutes les intentions des scénaristes, mais absolument pas un vrai film de cinéma qui nous ferait oublier ses vilaines ficelles.
Si c’est ça le maître étalon du film d’animation en 2024, je vais arrêter d’en regarder parce que clairement, ce n’est plus de mon âge. Et franchement, je ne comprends pas pourquoi vous faites autant la fine bouche avec les dernières productions Pixar, si c’est pour tout pardonner à celles de leurs concurrents.
La Plus Précieuse des Marchandises (2024)
1 h 21 min. Sortie : 20 novembre 2024. Drame
Long-métrage d'animation de Michel Hazanavicius
Alfred Tordu a mis 3/10.
Annotation :
Même si cette histoire a déjà été vu ou entendu un milliard de fois ailleurs, j’étais prêt à ce qu’on me raconte à nouveau comment un antisémite ignorant verra sa vision du nazisme et des juifs changer radicalement au contact de l’un d’entre eux. Sauf que, après 20 bonnes minutes à pester contre sa femme pour avoir ramener une « sans-cœur » dans son foyer, celui-ci finit par changer brusquement d’avis lorsqu’il se rend compte que la petite fille en question possède bel et bien un cœur qui bat. Et… c’est tout. Pas de remise en question progressive, ni de relation père/fille naissant sous nos yeux. L’enjeu est résolu en 5 secondes par cette pirouette scénaristique, sans que l’évolution du protagoniste ne se soit incarnée à l’écran.
J’en entends déjà me sortir l’excuse du conte pour enfants, afin de justifier le comportement du bûcheron. Mais cette soi-disant approche du conte, elle se situe où dans cet univers ultra terre à terre filmé comme un film naturiste français ? Ou est-elle dans ce récit sommaire montrant les horreurs du nazisme, sans autre distance poétique que cette histoire de sans-cœur ? Nous ne sommes pas du tout dans une démarche de représentation poétique et il est évidemment que, dans ce cadre là, ce genre d’aberrations scénaristiques ça ne passe pas. Si encore le réalisateur avait assumé jusqu'au bout le naturalisme de son œuvre, mais il n’épouse jamais le quotidien de ses personnages dans le détail et sur le temps long. On ne voit que des bribes de leur existence, ce qui fait qu’on ne s’y attache jamais. Il en va de même pour le père de la petite juive, prisonnier d’un camp de concentration, que l’on apercevra furtivement au cours du récit, et dont l’horreur sera toujours évoquée de manière outrageusement larmoyante, à grand renfort de violons et d’images glaçantes. Le film a le cul entre plusieurs chaises et ne réussi à susciter de l’émotion que pour le sujet qu’il aborde, mais jamais pour ce qu’il est.
Ainsi réside tout le problème du long-métrage. Il ne suffit pas d’agiter le spectre de la shoah pour me donner la larme à l’œil. Si le sujet n’est pas soutenu par une proposition artistique cohérente et aboutie, j’y resterait de marbre, quel que soit le sujet.
Vampire humaniste cherche suicidaire consentant (2023)
1 h 31 min. Sortie : 20 mars 2024 (France). Comédie, Épouvante-Horreur
Film de Ariane Louis-Seize
Alfred Tordu a mis 3/10.
Annotation :
Très déçu par cette version québécoise de Morse qui conserve le réalisme froid de son modèle, tout en y incorporant des éléments propres au teen movie ou à la comédie romantique. Un cocktail détonant mais totalement indigeste.
Entre la lenteur du montage, la mollesse des comédiens qui prennent un temps infini pour répondre à leurs partenaires, les scènes qui se répètent plusieurs fois pour raconter la même chose, ou tous ces moments ultra stylisés pour rien, qui mettent en pause le récit pour contempler l’héroïne lutter contre son désir d’hémoglobine ; le film a tout de la bonne idée de court-métrage péniblement étalé pour atteindre les carcans d’un long. Il avait pourtant tout pour réussir : un concept solide qui avait fait ses preuves, un bon casting remplit de sang neuf et pléthore de situations cocasses avec lesquelles s’amuser. Sauf qu’à l’arrivée, l’extrême lenteur du rythme tue dans l’œuf tout le potentiel comique du script. Résultat, toutes les scènes hilarantes sur le papier tombent systématiquement à plat. Pas un seul rire dans ma salle en 1h30 et, en ce qui me concerne, un profond sentiment d’ennui face à une histoire dont on devine rapidement les grandes lignes, et qui ne cesse de tourner en rond jusqu’à un final certes cohérent mais trop abrupt pour nous laisser véritablement sur notre faim.
Pour moi, c’est le premier essai d’une cinéaste qui se cherche. On sent la cinéphilie, les bonnes idées et la malice qui émane de son œuvre, mais l’ensemble est encore beaucoup trop fouillis et pas assez maîtrisé pour réellement fonctionner.
Kinds of Kindness (2024)
2 h 44 min. Sortie : 26 juin 2024 (France). Drame
Film de Yórgos Lánthimos
Alfred Tordu a mis 3/10.
Annotation :
Après une escapade vers la fable fantasque qui avait apporté une bouffée d’air frais à son cinéma, Lanthimos revient à la froideur et à la rigidité de ses premières œuvres, pour un film à sketchs assez proche de Mise à Mort du Cerf Sacré, sa pire réalisation à ce jour.
Au moins, les 3 segments de Kinds of Kindness ont la politesse de ne pas étaler leurs intrigues plus que de raison et de laisser la part belle à d’excellents comédiens, beaucoup moins amorphes que les insupportables protagonistes du cerf sacré. Mais le projet reste d’une vacuité absolue. J’en ai entendu certains hurler à la comédie du siècle, sauf qu’en-dehors du deuxième segment qui est en effet ouvertement humoristique sur certains aspects (même si on est loin de The Lobster ou de Pauvres Créatures à ce niveau), l’ensemble reste très premier degré, autant dans les scénarios que dans leur mise en scène, et ce, malgré un pitch souvent ubuesque.
Il y a une volonté manifeste de créer de l’enjeu, du drame ou de la tension avec ces histoires. Mais si leurs intrigues sont suffisamment intrigantes pour retenir notre attention, aucune n’est suffisamment aboutie pour pleinement nous rassasier. Ce qui fait que l’on suit l’intrigue plus par curiosité que par réelle implication, et lorsque celle-ci arrive à son terme, on se demande si tout ce qui lui a précédé en valait bien la peine.
Pas de vagues (2024)
1 h 31 min. Sortie : 27 mars 2024. Drame
Film de Teddy Lussi-Modeste
Alfred Tordu a mis 3/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Avis Complet :
https://www.senscritique.com/film/pas_de_vagues/critique/303324064
Trap (2024)
1 h 45 min. Sortie : 7 août 2024 (France). Épouvante-Horreur, Thriller
Film de M. Night Shyamalan
Alfred Tordu a mis 3/10.
Annotation :
D’abord amusé par l’idée de voir un tueur en série explorer une map cloisonnée de toutes parts, et devant s’incruster dans différents services pour déjouer le piège qui lui a été tendu. Mais les aberrantes facilités scénaristiques, retirent au film tout le ludisme de son concept. Notre anti-héros n’a jamais à trop se casser la tête pour se sortir du pétrin, tant le scénario trouve toujours une pirouette pour lui faciliter la vie. Résultat, le tueur n’a pas l’occasion de montrer l’étendue de sa prétendue intelligence, on ne prend aucun plaisir à le voir s’extirper de situations improbables, et la mise en scène assez pauvre de Shyamalan, n’arrive même pas à apporter une once de tension ou de suspens au récit pour le rendre un tant soit peu intéressant. Tout cela ne mène de toute façon pas à grand-chose, si ce n’est à un traitement très caricatural de la figure du serial killer, maladroitement pompé sur la série Dexter.
The Substance (2024)
2 h 20 min. Sortie : 6 novembre 2024 (France). Drame, Épouvante-Horreur
Film de Coralie Fargeat
Alfred Tordu a mis 3/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Avis complet ;
https://www.senscritique.com/bd/ces_jours_qui_disparaissent/25168109
Le Comte de Monte-Cristo (2024)
2 h 53 min. Sortie : 28 juin 2024. Aventure, Drame
Film de Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte
Alfred Tordu a mis 3/10.
Annotation :
N’ayant jamais lu le livre original, j’y décèle une histoire intéressante, mais complètement desservie par la platitude de sa réalisation.
La musique omniprésente a beau sérieusement casser les oreilles, elle n’en demeure pas moins indispensable, tant c’est bien la seule composante du film à indiquer clairement aux spectateurs les moments de tension, de drame ou d’émotion devant lesquels il est censé réagir. A quelques rares exceptions, absolument rien dans les cadres, le découpage ou les mouvements de caméra ne traduisent la moindre parcelle d’émotion. On filme ce qui doit être filmé avec les contraintes de production qui sont les nôtres, et ça s’arrête là.
Certes, les acteurs principaux sont plutôt convaincants, Pierre Niney en tête évidemment, campant très bien toutes les facettes et son personnage et de ses alters ego. Le budget se fait également sentir dans la direction artistique, et le film profite allègrement des paysages de Marseille, comme de son ensoleillement naturel. Mais quel intérêt si tous ces éléments ne sont pas mis au service d’une vision artistique, ou d’un véritable point de vue sur l’histoire qu’on adapte ? Parce que ce récit de vengeance malsaine, consumant jusqu’à la moelle l’humanité de son instigateur ; il a un fort potentiel sur le papier. Sauf que cette monstruosité là, on ne la ressent jamais à l’image. On éprouve ni la satisfaction coupable de voir Dantes faire souffrir des pourritures, ni d’empathie à l’égard de ses victimes, et encore moins de malaise face à ce que notre héros devient au cours du récit. On ne ressent rien, car les réalisateurs ne laissent rien transparaître dans leur mise en scène, alors on finit fatalement par s’en désintéresser.
D’autant que, malgré l’apparente fidélité au matériau de base, celui-ci a dû être bien raccourci pour condenser les 1889 pages de roman en 2h58 de métrage. Cela s’en ressent principalement sur le développement de personnages secondaires qui passent un peu la trappe, et rendent certaines de leurs décisions pour le moins déroutantes.
Emilia Pérez (2024)
2 h 10 min. Sortie : 21 août 2024. Comédie musicale, Thriller
Film de Jacques Audiard
Alfred Tordu a mis 3/10.
Annotation :
J’aurais préféré voir Jacques Audiard épouser pleinement les apparts du conte musical, comme avait su le faire récemment Steven Spieberg avec son remake de West Side Story. Ce dernier prenant également pour cadre un contexte sociétal ancré dans le réel, mais sans perdre pour autant la rêverie poétique que requière le genre.
Or, Emilia Pérez est un film noir réalisé à l’américaine, dans lequel on insère des numéros musicaux jurant complètement avec le ton sérieux et réaliste du récit. Une dissonance esthétique qui, pour ma part, m’empêche de rentrer dans l’histoire. D’autant que les éléments de comédie musicale sont finalement assez superficiels, ne servant qu’à expliciter des choses que l’on avait parfaitement compris auparavant et qui pourraient être tout bonnement coupées du montage, sans que cela ne change quoi que se soit. Par conséquent, et bien que les chansons soient plutôt agréables à l’oreille, même si peu mises en valeur par la réalisation ; elles n’ont aucun intérêt sur le plan artistique et semblent plus faire office de bel emballage « pop », afin de masquer les défauts d’un scénario qui ne ferait pas l'unanimité sans cela.
On part sur des prémices intéressantes, avant de tourner en rond pendant une heure et d’aboutir à une résolution bâclée, laissant un fort sentiment d’inachevé. Or, il y avait du potentiel dans cette histoire de chef mafieux à la virilité caricaturale, qui décide de simuler sa propre mort pour se réincarner en secret sous les traits d’une femme altruiste. Il aurait été intéressant de s’attarder sur le parcours de cette protagoniste. Comment s’était-elle retrouvée à endosser un rôle aussi éloigné de sa vraie personnalité ? Que pouvait-elle ressentir en performant un genre qui n’est pas le sien ? Et surtout, comment a-t-elle vécu son changement de position dans la société patriarcale ? Tant de questions qui ne seront jamais abordés au cours du film, pas même la dernière, puisqu Emilia n’aura aucun mal à conserver son pouvoir, même auprès de ses hommes de main.
La transition de genre ne semble être qu’un moyen d’accéder à une sorte de rédemption. Détruire LE monstre de masculinité toxique, pour le remplacer par UNE bonne samaritaine sensible et aimante. Une démarche cohérente avec la vision des rapports hommes-femmes visible dans les précédentes œuvres du cinéaste, mais complètement à côté de ce qu’est le sujet. Avec même une pointe de transphobie lorsqu'à la fin, Emilia redevient LE monstre qui sommeillait en elle.
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