Top 10 des derniers jours
Concept odieusement piqué à Diionysos (oups)
La liste se renouvelle très très régulièrement.
I LOVE KANYE LIKE KANYE LOVES KANYE
9 albums
créée il y a presque 10 ans · modifiée il y a plus de 8 ansDisruptive Muzak (2016)
Sortie : 7 avril 2016 (France). Ambient, Sound Collage
Album de Sam Kidel
T. Wazoo a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
Une claque là où je ne l'attendais pas.
Pour expliquer le principe dans les grandes lignes : une boîte (Muzak Corporation, truc du genre) s'occupe de composer des morceaux de muzak - c'est à dire des plages de son les plus familières et relaxantes possibles, les moins intrusives, de la musique d'ascenseur en somme - pour améliorer la productivité des employés des entreprises qui lui achèteront leur musique. Sam Kidel lui, s'est saisi de ces plages sonores pour les subvertir complètement, leur donner un gros feeling vaporwave, les rendre "disruptive" en somme, déstabilisantes et imprévisibles. Ensuite, il a appelé les standards téléphoniques des compagnies utilisant cette musique sur leurs employés et a passé sa propre composition aux gens sur lesquels il tombait.
Le résultat : des "... hello ?" désemparés qui s’enchaînent les uns à la suite des autres, des hello confus, désemparés, dubitatifs, qui mêlés à la composition envoûtante de Kidel prennent des allures d'appels à l'aide lancés dans le néant, à un témoignage d'une humanité solitaire piégée dans son petit bureau et confronté à l'angoisse d'un appel sans réponse lancé à un Autre sans visage et sans voix....
.... je m'emporte, mais cette musique me touche au coeur. On pourrait écrire une thèse à partir de cet album, qui touche à tellement de choses. Ne croyez pas pour autant que c'est un plaisir simplement intellectuel ; Disruptive Muzak touche également au coeur de l'âme pour qui saura être sensible à ces appels qui deviennent de plus en plus bouleversant à mesure que l'écoute se prolonge...
[Merci à Lucid pour la découverte]
Waters in Azure (2003)
Sortie : 2003 (France).
Album de Steffen Basho-Junghans
T. Wazoo a mis 8/10.
Annotation :
Steffen Basho-Junghans est vraiment un guitariste exceptionnel... C'est pas comme si je n'en avais pas eu la preuve avec son album live In Morning Twilight, mais voilà la confirmation que ce n'était pas qu'un coup d'un soir.
Steffen est le roi de la guitare atmosphérique. Avec ses six ou douze cordes seules, sans effets électroniques, sans drones artificiels, le guitariste parvient à rendre le titre de son disque réel. Si on aviat droit à un extrait de "Waters" dans In Morning Twilight, cette fois il nous immerge totalement dans l'eau. Dans Waters in Azure on nagera sous l'eau, on marchera sous la pluie, on coulera le long d'une rivière, tout cela grâce à l'usage expert du bottleneck, aux échos qu'il se fabrique à la main, aux notes répétitives qu'il assène avec intuition. Si la première suite "Waters" flotte tranquillement, presque timidement, en se contentent de nous faire entrer dans l'atmosphère liquide presque psychédélique de l'album, la suite "One" montre un crescendo bien plus menaçant, nous faisant tâter l'immensité du son du guitariste... Et que dire de la conclusion magistrale "Azure No.1", épique épopée de plus de 10 minutes dans laquelle Steffen fait la démonstration d'une véritable pièce minimaliste de guitare seule à la puissance écrasante.
Voilà ce qui se rapproche le plus d'un disque d'ambient-guitar, mais un qui vous laissera sans voix et estomaqué lorsque la dernière piste aura craché ses dernières notes.
summer continue (EP) (2016)
Sortie : 30 mars 2016 (France).
EP de Maison book girl
T. Wazoo a mis 8/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Si je m'y attendais ! Voici mon EP de l'année so far, et c'est de la Jpop de Pop Idol. Maison Book Girl est donc un quatuor japonais formé en 2014.
Les instrumentations sont vraiment au top. "lost AGE" a cette espèce d'accord percussif asséné en boucle qui lui donne un côté à la fois violent, acharné et en même temps complètement catchy. Les arrangements de "blue light" me font carrément penser à une espèce d'agencement de mini motifs mélodiques à la Reich mais façonnés en pop pure. Je pense autant de bien de "bed" qui combine les qualités de ses deux prédécesseurs.
summer continue, c'est 3 morceaux d'une pop au sommet, écrite avec un flair et une intelligence remarquable et interprété avec un sentiment d'urgence palpable et enivrant, et une étrange piste finale, "empty", sorte de spoken-word expérimental qui laisse songeur sur ce dont serait capable le quatuor s'il empruntait cette voie...
Trop court, forcément, mais je vais tâcher de trouver leur album de 2015 qui s'il est dans la même veine risque de me plaire méchamment.
Niechęć (2016)
Sortie : 8 avril 2016 (France). Rock, Jazz, Fusion
Album de Niechęć
T. Wazoo a mis 8/10.
Annotation :
Niechęć est un groupe de jazz fusion polonais. Depuis que j'ai écouté l'album de Fire! de ce début d'année je me suis mis à chercher de bons albums jazz de 2016, et par la force des choses j'ai fini par me retrouver devant ce nouveau Niechęć qui porte le nom du groupe (ou bien est-ce l'inverse?) et j'ai été tout de suite séduit.
Pourquoi ? me demande-je. Très probablement grâce au sens des priorités de Niechęć, qui fait de lui un groupe de jazz capable de sortir un bon album (excellent même) : chez les Polonais l'accent est avant tout mis sur le songwriting. Ici, pas vraiment de jam - à part sur l'intro et la conclusion - mais avant tout des morceaux qui ont un début, une fin, des thèmes développés (ces hooks ♥) avec des arrangements précis et SURTOUT une grande cohérence. Quant à l'orientation dudit songwriting, c'est sur l'émotion qu'on se concentre. Et c'est l'autre grande qualité de Niechęć pour moi. Pas de virtuosité gratuite, ni de démonstration de force, rien que des beaux sentiments ; mélancolie, colère, menace, allégresse, incertitude... encapsulés dans des bulles raffinées au format court (à part l'intro et la conclusion, autour de 9mn, le reste tourne autour de 4mn en général).
Enfin voilà, Hooks de folie + Songwriting top notch + Feels = top tier de l'année pour l'instant. Formule simple, mais efficace.
She Sleeps, She Sleeps (2016)
Sortie : 15 janvier 2016 (France).
Album de Fire!
T. Wazoo a mis 8/10.
Annotation :
Et bien en voilà un qui grandit bien ! Fire! (une version réduite du big band expérimental Fire! Orchestra) est un groupe de jazz, délivrant un free jazz assez sombre, et plutôt "contraint" dans son free, très cadencé en fait, lent, lourd et puissant. Chaque frappe du trio fait mouche, et ses frappes sont élégantes, vicieuses, écorchées. Autant que ce saxo (tenu par nul autre que Mats Gustaffson himself, brutasse de renom) qui hurle comme personne jusqu'à laisser croire qu'on entend un grognement bien humain...
Les trois premières pistes m'ont instantanément convaincues, évocatrices, rampantes, acérées, que ce soit le titre introductif et sa mystique échevelée, le morceau titre et sa cadence hypnotique, presque militaire, qui semble trébucher pour mieux nous balancer un uppercut en se relevant (et cette guitare noisy sortie de nulle part est un délice) ou bien cette piste pénultième qui entame un vaudou syncopé qui aurait mérité de s'étendre au delà de 4 pauvre minutes.
La dernière me semblait manquer de climax à vrai dire. Comme sur les autres pistes l'ambiance était posée avec talent, la lente montée en puissance était perceptible, mais jamais vraiment d'explosion si ce n'est une hausse de volume en fin de morceau. Une deuxième écoute avertie m'aura aidé à me détacher de cette recherche de climax pour voir le tout, comme le titre l'indique ("She Penetrates The Distant Silence. Slowly") comme une marche funèbre saisissante, qui accompagne l'auditeur à son tombeau de silence.
Confluences (2012)
Sortie : 24 octobre 2012 (France).
Album de Saåad
T. Wazoo a mis 8/10.
Annotation :
Wouuaaaah... c'est sans aucun doute un des albums de Field Recording / ambient les plus solides que j'ai entendu. Merci Flag pour le conseil, je cours m'enfiler le reste de leur disco.
Saaad, sur Confluences en tout cas, ce sont les maîtres de l'eau. L'élément aquatique surnage si j'ose dire tout le long des deux faces de l'album, que ce soit en fond ("Confluences") ou au premier plan ("Spiritual Dilution"). Derrière cet écoulement d'eau inépuisable, Saaad balance des petits drones, des manipulations électroniques pour enrichir l'ambiance et instaurer un minimum de narration. Là où Confluence nous immerge dans les textures de Saaad, longue entrée en matière planante, c'est lorsque le rapport de force s'inverse (que le cours d'eau vient au premier plan et relègue l'électronique au second) que je crie au chef-d'oeuvre. Le pouvoir de fascination que ces enregistrements liquide exerce sur moi est absolu. Je reste hébété pendant 20 minutes.
Wrong Choice Mixfile for Versus Tokyo (2013)
Sortie : 15 mars 2013 (France).
Dj-mix de Total Freedom
T. Wazoo a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
OK.
Note de première écoute, parce que ça m'a fait un effet boeuf et que j'ai eu l'impression d'être totalement attentif (et réceptif) tout du long, et j'ai envie de donner mes impressions sur le vif, comme si je sortais de boîte un peu déboussolé.
J'ai aimé tout ce que j'ai entendu, adoré une bonne partie, me suis incliné devant les 10 dernières minutes proprement stellaires... J'ai même remué le fion pendant le fameux enchaînement dubstep/techno-village, j'ai kiffé Rihanna... Je crois qu'il va falloir que je me mette à écouter des DJ-Mix parce que punaise voir émerger toutes ces fragrances du néant, et voir ces couleurs si disparates se fondre dans une même mixture cohérente... ça a quelque chose de furieusement excitant.
Si c'est ça le futur, alors je l'accueille avec bienveillance.
Instruments Disorder (170 Songs CD) (1994)
Sortie : 1994 (France). Rock, Noise, Electronic
Album de The Gerogerigegege
T. Wazoo a mis 9/10.
Annotation :
- ONETWOTHREEFOOOUUUR !!
*KRAZZGHSHGBBLLARRRGAHHAAAGDALAPDZZZZZZINNNNWWHIIIHOUUUUU*
- ONETWOFREEFOOOOOO !!!
*BRAALRRZZINNNNNGGNAZZZNINZQQHQDFGGHHRRRAAAAAAAAKRRISSS*
- OUATAFREEEFOOOOAAR !!!!
*THRSQSNBABAALLSASBRRIIIISISIIASSDZNAAZDNDSBLAAAAMBOUMPAFPIFAARGHL*
...
Un disque qui maîtrise sa ponctuation à la perfection. On ne peut pas en dire autant de vous.
Plays the Music of Twin Peaks (2016)
Sortie : 12 août 2016 (France).
Album de Xiu Xiu
T. Wazoo a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Voilà un groupe qui aurait des leçons à donner à Colin Stetson cette année en matière de réimagination musicale d'une oeuvre d'autrui.
Xiu Xiu, groupe de "art-rock" (un jour on m'expliquera ce que ça veut dire) très glauque et très dépressif, s'attaque à la bande la plus révérée de l'histoire des séries. Et eux n'ont que faire de révérence, ils charcutent sans le moindre remord les thèmes que tout le monde connait sur le bout des doigts pour y apposer leur patte ensanglantée. Et le résultat est tout simplement magique.
Certes, on pourra objecter qu'avec un tel matériau de base, difficile de se tromper, mais je me permets d'objecter à mon tour qu'au contraire, il est tout particulièrement difficile d'imposer son originalité et son talent sur une oeuvre comme celle-ci. Parce qu'avec un travail en demi-teinte on en ressort en oubliant vite la nouvelle version pour retourner vers l'original. Xiu Xiu en revanche a su créer quelque chose de neuf au sein de la soundtrack, y insuffler une essence qui n'existait pas dans l'original, quelque chose de plus frontalement sombre, de plus explicitement torturé (avec l'organe vocal puissamment hanté du chanteur, là où il n'y avait même pas forcément de chant à la base). Ainsi, selon l'humeur, on pourra aussi bien s'écouter l'originale que la version de Xiu Xiu puisque les deux n'apportent pas les mêmes éléments sur le tapis.
Chapeau bas pour Xiu Xiu, un groupe décidément intéressant à suivre...
PS: La piste finale, en spoken-word cauchemardesque, est un petit chef d'oeuvre.