Cover Alain Corneau - Commentaires

Alain Corneau - Commentaires

Difficile d’éluder le fait que Corneau est d'abord pour moi l’auteur d’un film extraordinaire, comptant à mes yeux parmi les plus importants de son époque, et dominant probablement de plusieurs coudées son corpus artistique. Quelles que soient les valeurs (sans doute réelles) d’une œuvre me restant ...

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7 films

créée il y a plus de 5 ans · modifiée il y a environ 2 ans
Police Python 357
6.9

Police Python 357 (1976)

2 h 05 min. Sortie : 31 mars 1976. Policier, Drame, Thriller

Film de Alain Corneau

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

C’est un film de néon, de phares, de solitudes, de pavés humides, de nuit : en un mot, un polar. Thèmes, situations, tonalité générale découlent directement du thriller. Mais il n’a rien de ces décalcomanies appliquées auxquelles a trop souvent habitué le cinéma hexagonal lorsque, en mal d’inspiration ou de recettes, il louche vers Hollywood. Tissant implacablement sa toile autour du protagoniste, l’histoire révèle l’inadéquation profonde de l’individu à des valeurs dépassées conduisant au refoulement, l’incapacité des personnages à s’accorder au monde dans lequel ils évoluent à la manière d’automates désenchantés. Monde de la contrainte, de la règle, des convenances, que Corneau dénonce en se fiant à une technique solide, réfutant les effets pour mieux inscrire la fiction dans la réalité la plus française.

La Menace
6.6

La Menace (1977)

1 h 51 min. Sortie : 28 septembre 1977. Thriller, Drame

Film de Alain Corneau

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Solidement charpenté, organisé en vertu d’une mécanique rigoureuse et captivante, le film repose sur l’inversion du schéma policier classique : à rebours de l’assassin disposant des indices pour écarter de lui les soupçons, un innocent fomente les preuves qui l’accusent de façon irrémédiable. Il enclenche ainsi un processus d’autodestruction alors même que tout son itinéraire est conçu afin d’échapper à la mort. Quête tragique, quasi langienne, que le cinéaste traduit en une forme sèche, rapide, percutante, privilégiant le mouvement et le comportement, aussi proche d’un certain cinéma d’aventures nord-américain que de celui pratiqué jadis par Clouzot ou Melville. Manière pour lui, entraîné dans un morceau déjà orchestré, de se livrer à l’un de ces solos qui fondent la valeur d’un interprète.

Série noire
7.7

Série noire (1979)

1 h 51 min. Sortie : 25 avril 1979. Policier, Drame

Film de Alain Corneau

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

À l’origine, un roman de Jim Thompson qui trempait la mythologie du polar dans une insondable poisse existentielle. À l’arrivée, une dérive aux confins de la claustration, du désespoir, de l’obscurité, de la folie, et l’un des films les plus stupéfiants offerts par le cinéma français. Minable démarcheur en banlieue des terrains vagues, des pavillons lépreux et des grands ensembles, le héros y est un mal marié, beau gosse, beau parleur, qui ne rencontre que cinglés et tarés et devient assassin pour un magot qu’il se fait souffler : le roi des pommes. La solidité de roc de l’écriture, le haut sens de la signification visuelle et sonore, la direction d’acteurs magistrale se fondant dans un réalisme authentique, le vertige aspirant d’une fatalité implacable colorant d’ironie la détresse la plus noire, tout participe à la réussite exceptionnelle d’une œuvre qui n’a jamais trouvé son égale.
Top 10 Année 1979 :
http://lc.cx/AwU

Le Choix des armes
6.9

Le Choix des armes (1981)

2 h 15 min. Sortie : 19 août 1981. Policier, Drame

Film de Alain Corneau

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Le cinéaste reprend un thème qui fut l’une des règles d’or du polar français des années cinquante et, s’écartant un peu de la fascination hollywoodienne, revient ainsi aux formes nationales du genre. Il provoque une confrontation de la violence du thriller avec des traits du terroir, de zones ou de banlieue, marqués notamment dans les seconds rôles : un petit retraité dans un pavillon de pierre meulière, un ex-loubard père de famille, une matrone pompiste qui se jette comme un molosse à la tête de son agresseur… Ces éléments périphériques donnent d’étranges grincements au relief social et atténuent les limites des personnages principaux, caractères encombrés de plusieurs idées reçues. Pour le reste, Corneau maîtrise sans faiblesse son matériau et suggère avec un brio professionnel le poids du destin.

Nocturne indien
6.8

Nocturne indien (1989)

1 h 50 min. Sortie : 16 août 1989 (France). Drame

Film de Alain Corneau

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Étrange et fascinant voyage que celui de cet homme heureux de se perdre en Inde sur les traces de son double. Les rues chaudes de Bombay, l’enfer de ses hôpitaux, les hôtels de dernière zone, les oasis d’occidentalité rassurante que sont les fastueux palaces aux piscines moirées font surgir des créatures improbables ou chaleureusement familières. Un théosophe frappé de littérature portugaise, un médecin désabusé, une fraîche écolière, une voyante difforme et aveugle, un rescapé des camps, bavard comme le personnage sans ombre de Chamisso, emplissent le carnet de route de portraits inspirés. Et le périple, évoluant dans une atmosphère d’intemporalité indécise, de flou perpétuel, de rêve éveillé, s’achève à Goa sur la révélation qu’il n’y a pas à chercher bien loin ce qui se trouve ailleurs pour toujours.

Tous les matins du monde
6.8

Tous les matins du monde (1991)

1 h 54 min. Sortie : 18 décembre 1991. Biopic, Drame, Historique

Film de Alain Corneau

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Loin de la cour du Roi-Soleil qui pourtant le réclame, Sainte-Colombe, noir, saturnien, taciturne, s’enferme dans son art comme dans un convent, confond sa voix de catacombes et les pleurs de sa viole de gambe. Son disciple Marin Marais devient quant à lui un compositeur illustre, cerné par les honneurs et la gloire. Faut-il se repaître des recours superficiels qu’apporte le siècle ou, au cœur d’une solitude purificatrice, s’enfoncer dans une quête janséniste au risque de faire le malheur d’autrui ? Corneau assume la ligne d’un film austère, presque cartésien par l’apparence, qui cherche à s’inscrire dans les fibres mêmes de la musique. Il lui manque hélas cette forme aventurée faisant l’instabilité du baroque, apte à conjurer le dessèchement et la gravité d’officiant auxquels il n’échappe pas tout à fait.

Le Cousin
6.1

Le Cousin (1997)

1 h 52 min. Sortie : 10 décembre 1997 (France). Policier

Film de Alain Corneau

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

S’appuyant sur un scénario fortement charpenté de Michel Alexandre, ancien de la "grande maison" apportant à la fiction une précision socio-documentaire irremplaçable, le cinéaste livre un polar efficace, tendu, réaliste, nocturne, rythmé comme un morceau de jazz, ponctué de brèves flambées de violence intime. C’est une histoire de frontières floues, de territoires mêlés, qui accorde sa primauté à l’ambigüité des personnages. La relation du flic et du dealer, du microbe de base et de son anticorps de police, précipite ainsi les tensions latentes, révèle des vérités paradoxales, se développe au fil des planques interminables, des descentes foireuses, des galères familiales, bousculée par les petites mains ni propres ni sales de la justice en gants de crin. Dans la limite de ses ambitions, le film est une réussite.

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