Années folles !
Dans la série littérature en saucisson, les années 1920-1929
Quelques instantanés pour saisir un monde en pleine ivresse
Fin de siècle ! : https://frama.link/findesiecle
Belle époque ! : https://frama.link/bellepoque
21 livres
créée il y a presque 14 ans · modifiée il y a 4 moisLa Jeune Fille verte (1920)
Sortie : 1920 (France). Roman
livre de Paul-Jean Toulet
Chaiev a mis 7/10.
Annotation :
Encore un titre un peu raté (je n’ai pas compris d’ailleurs qui était cette jeune fille verte dans l’histoire) pour un roman très joliment troussé. Une « comédie de caractères » qui se déroule en plein Béarn, avec curés, notaires, adultères et garden parties, mais relevée par une écriture admirablement forgée : arabesques, volutes et tourbillons Belle Époque, Toulet est dans la place, et il sait y faire ! Période bénie pour la prose française, derniers feux d’artifices qui disparaîtront bientôt dans les décombres de la Seconde Guerre mondiale.
Anicet ou le Panorama, roman (1921)
Sortie : 1921 (France). Roman
livre de Louis Aragon
Chaiev a mis 8/10 et a écrit une critique.
Annotation :
CRITIQUE INSIDE ↓
Polycéphale et Madame
Sortie : 1922 (France). Roman
livre de Ramón Gómez de la Serna
Chaiev a mis 9/10.
L'Inimitable Jeeves (1923)
The Inimitable Jeeves
Sortie : mai 1923. Roman
livre de P. G. Wodehouse
Chaiev a mis 9/10.
Le Bal du comte d'Orgel (1924)
Sortie : 1924 (France). Roman
livre de Raymond Radiguet
Chaiev a mis 8/10.
L'Europe galante (1925)
Sortie : 1925 (France). Recueil de nouvelles
livre de Paul Morand
Chaiev a mis 9/10.
Annotation :
C'est une affaire entendue : Morand me fascine, me caresse, m'émeut, me fait rire, bref dans toutes les acceptions du terme me séduit. Et c'est pas avec cette Europe galante que les choses risquaient de se calmer, puisqu'ici il écrit depuis et sur les Années Folles. In media res, avec l’acuité et l'intelligence qu'on lui connait. Plus la légèreté, l'ironie, la maitrise, l'émotion, la poésie qui sont toujours les siennes.
Ouais, j'arrête, je sais bien qu'un homme amoureux - fût-ce d'un style - n'est jamais cru. N'empêche une chose m'a frappé à la lecture de ces 14 petites merveilles : c'est la ressemblance entre Cendrars et Morand. L'un est plus écorché que l'autre, moins mondain, plus direct peut-être, mais les deux sont de grands aristocrates, de la langue et du coeur, des vrais aristocrates dans l'acception nietzschéenne du terme, sans cesse ouverts aux autres mais ne se reposant que sur eux-même, et traversant le monde avec des yeux émerveillés, toujours et malgré tout.
Manhattan Transfer (1925)
(traduction Maurice-Edgar Coindreau)
Sortie : 1928 (France). Roman
livre de John Dos Passos
Chaiev a mis 9/10.
Annotation :
J'avoue, pendant les 30 première pages, c'est uniquement la réputation du livre qui m'a empêché d'abandonner ma lecture. Et puis soudain, sans crier gare, la sauce a pris, et passant d'un désarroi complet à une excitation grandissante, je n’ai plus pu lâcher le livre, ce qui m’arrive rarement. Ce mélange d’incroyable pessimisme et de tristesse pudique, cette façon unique que Dos Passos a de mêler les voix, les scènes, les personnages, dans un rythme syncopé tenant à la fois du jazz et du montage vertovien m’a subjugué, bouleversé, conquis. Dos Passos est à la fois très sobre, très retenu, et complètement au coeur des choses. Les aventures de ses héros n’ont rien de saillant, et j’imagine à quel point il doit être facile de ne pas s’intéresser à cette longue plongée dans l’absurde condition humaine, très loin par exemple de la brillance d’un Steinbeck. Moi ça m’a fait l’effet de ces tableaux du XVIIe où la nature est foisonnante, torturée, les couleurs bouillonnent, et rendrait presque imperceptible les minuscules personnages tapis dans les recoins, qui d’apparaitre si peu en prennent une force démultipliée. John, tu m’as bien eu.
Gatsby (1925)
(traduction Julie Wolkenstein)
Sortie : 2011 (France). Roman
livre de F. Scott Fitzgerald
Chaiev a mis 8/10.
La Madone des sleepings (1925)
Sortie : 20 mai 1925. Roman
livre de Maurice Dekobra
Chaiev a mis 7/10.
Annotation :
Ça commence comme un Paul Morand (qui était son cadet de trois ans, et bien moins connu que lui à l’époque), exquisement mondain et pétillant parmi les heureux des Années folles, avant de bifurquer sur des aventures façon Tintin chez les soviets (on dit d’ailleurs qu’Hergé s’est largement inspiré de Dekobra pour inventer son reporter cosmopolite). C’est un peu comme si Maurice donnait ses lettre de gloire à la littérature de gare : pas celle qu’on lit vite fait en attendant son train, mais celle qui fait voyager et réfléchir, de sleeping grand luxe aux tortillards enfumés, des boudoirs des nantis aux sous-sols révolutionnaires. Mais ce qui fait surtout relief et permet au bouquin de perdurer c’est le style de l’auteur, tellement années 20 : ciselé, frisant, ironique, qui s’amuse à suivre les volutes des psychologies et les arabesques des discours.
« Pour chasser ces visions désespérantes, je m’écriai, affectant un optimisme factice :
— L’humanité semble être une infirmerie pleine de malades… Heureusement, il y en a qui guérissent.
Lady Diana croisa son manteau sur ses épaules nues et répliqua simplement :
— Oui… Ceux qui sont morts. »
La Tigresse (1925)
Die Tigerin
Sortie : 1925. Roman
livre de Walter Serner
Chaiev a mis 9/10.
Annotation :
C’est chouette de se dire qu’on peut toujours être surpris, quel que soit le nombre de livres qu’on lise/qu’on ait lu. Un tonneau des Danaïdes, mais en bien. Parce que, bien que totalement inconnu, ce bouquin est génial, en tout cas si on aime l’idée d’une rencontre hors du commun : les marlous parisiens (putes, escrocs, indics, nuits de Montmartre) plongés dans une intrigue digne d’Henry James (mensonges, dialogues alambiqués, histoires d’amour à double fond, casino de Monte Carlo). Oui Henry James, rien de moins, ce qui pour moi est beaucoup ! A l'arrivée, ça donne un mélange proprement hallucinant, alliant la description la plus gouailleuse à l’analyse psychologique la plus précise, je ne pensais pas que ça existait. Bon, je sais, dit comme ça personne ne va le lire maintenant. Pauvre Serner !
La Danse pieuse
Der fromme Tanz : Das Abenteuerbuch einer Jugend
Sortie : 1926 (France). Roman
livre de Klaus Mann
Chaiev a mis 8/10.
Annotation :
Ok certaines choses ont un peu vieilli, certaines passages sont un peu maladroitement lyriques, certains sentiments sont un peu trop romantiquement exprimés, mais quoi, Klaus n’avait même pas 20 ans quand il a écrit ce premier roman, qui décrit les années d’apprentissage d’un Wilhem Meister des années 20, perdu dans Berlin interlope et corrupteur. Reste un texte brûlant de sincérité et de sensibilité, en prise avec les malaises d’une génération coincée entre deux guerres mondiales, l’ancienne qui a tout détruit derrière elle, et la prochaine que les esprits alertes sentent déjà arriver. Comment aimer, comment créer, comment vivre, quand on sent qu’on danse sur un volcan ?
Vers le phare (1927)
(traduction Françoise Pellan)
To the Lighthouse
Sortie : 1996 (France). Roman
livre de Virginia Woolf
Chaiev a mis 9/10.
Les New-Yorkaises
Midnight Sleep
Sortie : 1927 (France). Roman
livre de Edith Wharton
Chaiev a mis 8/10.
Tous les conspirateurs (1928)
All the Conspirators
Sortie : 1968 (France). Roman
livre de Christopher Isherwood
Chaiev a mis 7/10.
Berlin Alexanderplatz (1929)
(traduction Olivier Le Lay)
Sortie : 2009 (France). Roman
livre de Alfred Döblin
Chaiev a mis 8/10.
Êtes-vous fous ? (1929)
Sortie : 1929 (France). Roman
livre de René Crevel
Chaiev a mis 10/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.