Paradis Artificiels : Happy Mondays (& More)

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Deuxième album des Mondays, "Bummed" voit le groupe continuer sur sa lancée new wave/funky débutée avec "Squirrel and G-Man". Obsédés par l'arrivée de l'acid house à Manchester, le groupe se met à consommer de l'ecstacy en masse. Complètement défoncés, ils se retrouvent en studio avec Martin Hannett, l'ex producteur de Joy Division/New Order, qui apporte sa patte psychédélique pleine de reverb et de delay au son déjà bien perché du groupe. Shaun continue de déblatérer sa vie quotidienne dans une espèce de nov-langue bien à lui, ou pour maquiller la réalité, il remplace des mots par des autres.

Concernant les arrangements, le groupe compose toujours autant autour du duo basse/batterie, avant d'y ajouter diverses couches de synthés, de guitares et de percussions. Le "son Hannett" aidant, les guitares sonnent moins carillonnantes que sur le premier disque, et les basses sont beaucoup plus puissantes. L'ensemble des dix titres forme l'alternative rock parfaite au son acid house qui envahit les clubs à la même période.

Dans l'ensemble, il se pourrait que "Bummed" reste l'œuvre la plus réussie des Happy Mondays.

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Surfant sur le succès conjoint de "Bummed" et de leur EP "Hallelujah - Madchester Rave On", les Mondays s'embarquent pour Los Angeles et s'adjoignent les services de Paul Oakenfold pour produire leur nouvel album. Gardant leur côté funky sale et "made in Salford", ils injectent dans leur musique une certaine dose de soul américain, de rock psychédélique évoquant un mélange des Doors, des Beach Boys et des Stones de la fin des années 1960 mais également quelques petites touches de hip-hop et d'électronique.

Sur les dix morceaux, Shaun raconte toujours des histoires plus sordides les unes que les autres, dont certaines deviendront des tubes quasi internationaux (mais pas spécialement en France, étrangement, quand ça veut pas) : "Step On", "Kinky Afro", "Loose Fit" et "Bob's Yer Uncle", pour ne citer qu'eux. Armés de leur nouvelle production "baggy", le groupe explose à travers le monde et, en compagnie de leurs voisins directs les Stone Roses, entrent dans l'histoire du rock'n'roll. "Pills'n'Thrills and Bellyaches", titre ô combien ironique au vu du mode de vie "1000% sexe, drogues et rock'n'roll" des membres du groupe, restera dans les mémoires comme "le meilleur album" des Mondays. C'est un jugement qu'il me plaît de nuancer au vu de la teneur et de la qualité des deux premiers albums du groupe. Il est néanmoins vrai que ce disque est très fédérateur, festif et joyeux bien comme il faut !

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Premier album de Shaun Ryder, avec les Happy Mondays, "Squirrel and G-Man" (qui doit faire partie des titres les plus longs pour un disque) voit le groupe se donner à fond pour livrer un excellent premier effort discographique. A la fusion entre le son carillonnant "made in Manchester" des Smiths, le kraut de Can et la northern soul (les lignes de basses à tomber par terre de Paul Ryder), les Mondays livrent dix titres tous plus bons les uns que les autres, qui dépeignent avec un certain humour leur style de vie à Manchester et Salford (leur banlieue d'origine).

Produit par l'ex Velvet John Cale, le son du groupe reste assez simple, sans fioritures. Quasi enregistré "live", la production du disque permet d'appréhender facilement le son global du groupe au milieu des années 80, avant leur transition vers des drogues plus dures et un son plus festif. On remarque aussi que le chant de Shaun Ryder se fait encore très approximatif, révélant sa nature de "chanteur par défaut", ce qu'il avoue volontiers lui-même.

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En 1992, à la suite d'une tournée au Japon avec Big Audio Dynamite (le deuxième groupe de Mick Jones), les Happy Mondays se séparent, bouffés par des tensions concernant le son général du groupe et les envies de Shaun et Bez. Une fois les Mondays dissolus, Shaun va chercher des membres de plusieurs petits groupes originaires de Manchester pour fonder son nouveau projet, Black Grape.

Leur premier album, "It's Great When You're Straight" (encore une fois complètement ironique étant donné que les Mondays se sont également séparés à cause de la drogue) reprends finalement les grandes lignes dessinées 5 ans plus tôt par "Pills'n'Thrills and Bellyaches" : un savant mélange de rock, de soul et de hip hop. La nouveauté réside dans un son nettement plus électronique qu'auparavant. Auto-produit par le groupe, Shaun affirme sa position de leader et de star puisque l'album marche très bien en Grande Bretagne.

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EP, ou compilation composée de morceaux enregistrés pendant les sessions de "Bummed" remixés par des tiers (Paul Oakenfold et Vince Clarke, pour ne citer qu'eux), l'EP est véritablement ce qui fait exploser le groupe dans son propre pays, comportant plusieurs de ses tubes qui feront la notoriété du groupe ; "Rave On", "Hallelujah" et "WFL", la version électro de "Wrote For Luck".

Le groupe commence dés lors à surfer sur la vague du succès, qui culminera peu aprés avec la sortie de leur troisième album, "Pills'n'Thrills".

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En 1991, le label indépendant Factory commence à connaître un certain nombre de déboires financiers et juridiques. En urgence, il est demandé aux groupes moteurs, à savoir New Order les Happy Mondays de remettre le couvert le plus vite possible. Shaun et Bez, alors aux prises avec la méthadone, sont envoyés avec le reste du groupe dans les Barbades, atoll réputé pour ne pas avoir accès à cette drogue. Une fois sur place, le groupe se rends compte qu'en effet il n'y a pas possibilité de se fournir en méthadone, mais qu'il y a une offre incroyable de crack disponible sur l’île. Le groupe commence alors à passer son temps à fumer plus qu'a jouer, et consomme quasiment tout le budget de ce quatrième album dans l'achat de cette drogue, très coûteuse.

"Yes, Please", quatrième album des Mondays, aurait dû définitivement assurer leur place de champions des charts pop rock et leur faire accéder au succès mondial. Au lieu de ça, le groupe, produit par Tina Weymouth et Chris Frantz de Tom Tom Club/Talking Heads, laisse tomber le son de leur album précédent et retourne à un son orienté early 80's qui laisse complètement de marbre le label, puis déçoit la critique et le public.