Brûle mon cosmos animé

Annotation :

La série emblématique, l'une des rares anomalies du paysage des Shonen. Un humour inexistant, un récit dramatique où les héros pleurent fréquemment, une toile de fond mythologique parsemée de tyrannie divine et de cupidité humaine, autant d'éléments qui confèrent à Saint Seiya une atmosphère plus pesante que dans les habituelles productions du genre. Une gravité qui persiste à faire fuir les spectateurs coutumiers de la légèreté décomplexée de Dragon Ball et autre One Piece mais qui continue d'enflammer l'engouement des fans.

Soutenue en permanence par une incroyable bande sonore où les compositions d'un Seiji Yokoyama au sommet de sa créativité amplifient la rage de vaincre des seiyus endiablés, la série bénéficie aussi par moments d'une mise en scène d'une grande inventivité parvenant à compenser l'animation minimaliste. Si la transposition du récit de Masami Kurumada s'est faite dans la douleur durant l'arc des chevaliers d'argent aboutissant à un récit bordélique et incohérent, l'intrigue de la série animée se rattrape dans le chapitre inédit d'Asgard dont la portée mélancolique et la mythologie employée confèrent une âme particulière à cette épopée.

Annotation :

L'adaptation tant espérée du chapitre le plus dramatique et réussi du manga originel. Une attente désespérement longue qui aura été à la hauteur du soin accordé à la transposition de cet ultime acte héroique. Supervisé par un Shigeyasu Yamauchi en plein épanouissement créatif, ce Junikyu-hen est à la fois le chapitre le plus intelligemment mis en scène, le plus habilemment rythmé et l'un des plus poignants émotionnellement de la saga Saint Seiya. L'usage ingénieux de la bande sonore de Yokoyama et l'implication passionnée des seiyus renforcent également la qualité de fabrication de ces OAV.

La perfection n'est toutefois pas de ce monde et ce chapitre Hades souffre de son éloignement avec la série originelle. Outre des images de synthèse d'une qualité médiocre dénaturant grandement l'atmosphère globale, ces OAV présentent également une direction artistique beaucoup plus glaciale et moins onirique que celle de la précédente série. Des défauts persistant à faire regretter, malgré la qualité concrète de ces OAV, que le dernier arc du manga n'ait pas été directement adapté à l'époque de la série animée. La débâcle qualitative qui en suivit lors des OAV Meikai-hen n'aide pas à adoucir ce jugement.

Annotation :

GO F*** YOURSELF

Tel fut le message inconscient adressé par la Toei Animation envers toute une génération de fans qui avait attendue des années durant la finalisation de l'adaptation animée de Saint Seiya. Un attente désespérément longue qui fut à la hauteur de la médiocrité de ces OAV.

Suite aux conflits artistiques entre le réalisateur Shigeyasu Yamauchi et Masami Kurumada à propos du très controversé film Tenkai, la transposition en animation du chapitre Hades connut bien des difficultés. Yamauchi dont la mise en scène onirique avait su magnifié la première partie d’Hadès fut remercié, entrainant avec lui une partie de son équipe, et prendra plus tard sa revanche avec Casshern Sins, œuvre dont la réalisation se place dans la continuité de son travail sur Saint Seiya. Le nouveau réalisateur en charge d'Hades Inferno témoigne hélas d'un manque d'implication consternant en se contentant de reproduire de manière paresseuse la mise en scène originelle du manga. La médiocrité de la mise en scène s'accompagne d'une animation minimaliste et pratiquement inexistante à de multiples moments, donnant parfois le sentiment de regarder une version colorée et sonore du manga plus qu'une adaptation animée.

Et de surcroît même l'aspect sonore n'est plus appréciable. Comme si cela ne suffisait pas, Inferno souffre en plus du changement du casting vocal, les seiyus originaux de la série animée ayant eux aussi abandonnés l'aventure comme si la cause Saint Seiya était définitivement perdue. Évidemment, les nouveaux seiyus, en dépit de leur bonne volonté, ne peuvent s'approprier les personnages en arrivant aussi tard dans le récit encore plus dans la deuxième partie du chapitre final. Bref à l'image du récit crépusculaire de ce chapitre final, Hades Inferno est bien la partie la plus sombre de Saint Seiya, celle qui enterre les espoirs des fans et signa définitivement la fin de la série animée et émotionnelle telle que nous la connaissions. Seule la puissance de l'histoire initiale garantit quelques moments d'émotions dans un océan d'amertume et de regrets.

Annotation :

GO F*** YOURSELF AGAIN

Annotation :

Être fan de Saint Seiya est à la fois synonyme de satisfaction et de frustration. Satisfaction car la dernière décennie a été marquée par un revival de la licence dont la longévité inattendue a entrainée une multitude d’œuvres offrant une nouvelle interprétation de cet incroyable imaginaire. Frustration car rien n'est parfait au royaume des chevaliers et après la fin précipitée du manga dont le dernier chapitre Zeus ne fut jamais traité, le revival lui même connut ses propres difficultés avec malheureusement en tête Next Dimension, la suite supervisée par Masami Kurumada.

Et dans ce foisonnement créatif qui ne s'est toujours pas interrompu, Lost Canvas demeure toujours l’œuvre la plus convaincante du revival car elle est celle qui parvint à concilier le respect de la saga originelle avec la modernisation nécessaire pour conquérir un nouveau public. Retrouvant la dimension dramatique et émotionnelle de Saint Seiya, le manga Lost Canvas de Shiori Teshirogi proposait un aspect visuel beaucoup plus étoffé, une ambiance plus gothique et romanesque au fil d'une narration moins rébarbative où les personnages ne passaient pass plus de cinq volumes au même endroit. Dans la continuité de cette modernisation, l'excellente adaptation animée proposait une animation de grande qualité dont le dynamisme contrastait avec la rigidité typique de la série originelle et offrait un rafraichissement inespéré après la catastrophe d'Hades Inferno.

S'il trouve au départ un équilibre adéquat entre l'originalité et le respect de l'univers, le récit montre par la suite des lacunes conséquentes, Teshirogi étant visiblement dépassée par la longévité inattendue de son spin off Saint Seiya témoignant parfois d'un mauvais goût surprenant et surtout en recyclant de multiples scènes du Saint Seiya original. Des lacunes narratives davantage atténuées dans l'adaptation animée dont le récit bénéfice de quelques rajouts rendant l'intrigue plus consistante.

Bref, avec Lost Canvas tout semblait être réuni pour que Saint Seiya connaisse enfin sa véritable résurrection en animation. Du moins jusqu'à l'arrêt de la série animée faute de ventes suffisantes pour satisfaire leur budget élevé de production...Il demeure donc 26 épisodes où Saint Seiya retrouve la puissance épique et émotionnelle que la saga avait perdue depuis le Junikyu-Hen sans que le fan puisse espérer voir l'intégralité du récit de Shiori Teshirogi transposer en animation. Satisfaction et frustration donc.