Chroniques du cinématographe - 2015

Annotation :

Un film qui aurait pu s'appeler Posage de couilles: The Movie. C'est à la fois le blockbuster ultime mais aussi tellement plus. Du cinéma absolu, sans limites, complètement fou.

Annotation :

Film complètement fou, longue destruction d'un acteur condamné à vivre dans l'ombre de sa gloire passée, sous forme plan-séquence enivrant et virtuose où l'on passe de l'humour noir et absurde à des moments de pures émotions, à d'autres complètement étranges. Entre la poésie décalée et le cynisme bien acide. Casting parfait, musique tarée (quasiment que de l'impro jazz à la batterie), ambiance vraiment particulière, un film excellent qui fait vraiment du bien en cette période de super-héros formatés.

Annotation :

Michael Mann redéfinit une fois de plus le thriller et le film d'action. Il s'empare d'un scénario somme toute très bancal et en fait une sorte d'oeuvre sensorielle absolue porté à la fois par la maîtrise brutale des scènes d'action et l'onirisme hypnotisant cher au cinéaste. C'est typiquement le genre de cinéma qui me fait halluciner.

Annotation :

Un film complètement à part sur cette liste puisque totalement amateur et diffusé sur YouTube. Bon le projet faisait peur mais à l'arrivée c'est complètement génial, du Jason Steele deluxe, fauché assumé, prodigieusement débile, et bien acide comme il faut. AMERICAAAAAA

Annotation :

C'est l'heure du grand retour pour Pixar. Inside Out marque le retour aux idées et aux univers originaux, au traitement intelligent des thématiques et à l'émotion sincère, qui manquait un peu trop au studio dernièrement. Le film manque un peu de créativité au niveau artistique et d'ambition visuelle, il aurait sans doute pu se classer dans mon top 3 sinon.

Annotation :

En une seule réalisation, Deniz Gamze Ergüven prouve qu'elle est une cinéaste de grand talent et à suivre. Parce que Mustang aurait pu être un machin bien misérabiliste, mais pas du tout. C'est d'une grande pureté, les personnages sont terriblement vrais et attachants. C'est déchirant de voir ces cinq filles qu'on adore se faire enfermer, dépérir progressivement. Mais la réalisatrice ne nous accable pas, au contraire elle n'oublie jamais de mettre en scène les moments de beau, ensoleillés. C'est un film plein de vie malgré la gravité de son sujet. Et les cinq actrices sont excellents et magnifiques chacune à leur façon. Et la musique est superbe et très justement utilisée. Bref c'est de la tuerie, à voir !

Annotation :

Villeneuve assoit sa suprématie avec ce monument de tension, viscéral, noir et scotchant. Si je peux lui reprocher une histoire secondaire pas très subtile, je pardonne tout quand le gars offre des séquences du niveau de celle à Juarez. Et quel trio principal formidable...

Annotation :

Papy Scott enchaine inlassablement et, cette fois, retrouve les faveurs du public. Il faut dire que son Martian était sans doute plus à même de parler au plus grand nombre avec son ton résolument positif et son message plein d'optimisme. Mais le film dépasse le cadre du consensuel par une exécution remarquable, le scénario est peaufiné, le rythme sans faille, la mise en scène impressionnante et jamais m'as-tu-vu. Et puis ce côté décalé joue décidément en sa faveur, on désarçonne les attentes qu'on peut avoir d'un tel film pour se retrouver avec Matt Damon qui raconte des blagues en écoutant du disco... Ça vaut la peine, un des meilleurs films de Scott !

Annotation :

[Sorti le 18 février en Belgique]

Un film sur le plus bel instrument du monde, qu'est-ce que c'est beau, surtout quand la musique est mise en scène avec une telle intensité. Et autant c'est pas subtil, autant les petites intrigues secondaires ne sont pas passionnantes, autant quand il s'agit de jouer, qu'il n'y a plus que la confrontation entre ce prof taré et cet élève tout aussi taré, putain que c'est excellent !

Annotation :

Le dernier Kore-Eda, cinéaste que je connais assez peu au demeurant, est une bouffée d'air frais. Un feel-good tout ce qu'il y a de plus nippon, de petites tranches de vie où l'on découvre ces 4 soeurs très différentes, leurs spécialités mais surtout ce lien indicible et terriblement fort qui les lie. Enormément de pudeur, de retenue, mais aussi de tendresse. Le plus beau film de l'années sur un groupe de soeurs s'il n'y avait pas Mustang.

Annotation :

Ma découverte du cinéma de Nanni Moretti, eh bien ça m'a énormément plu. L'alternance de tonalités est plutôt surprenante mais loin d'être désagréable, et participe grandement à rendre le personnage de Margherita Buy d'autant plus empathique. On rit face à Jogn Turturro, génial en acteur complètement à côté de ses pompes et finalement assez touchant, mais c'est surtout la relation avec la mère qui prend aux tripes. Un sujet horrible mais qui parvient à émouvoir sans jamais étouffer, tant Moretti sait filmer avec talent mais surtout avec retenue.

Annotation :

Ma découverte du cinéma de Desplechin, et c'est une très bonne première impression. Trois souvenirs de ma jeunesse vaut surtout pour le sublime troisième souvenir, centré sur un amour de jeunesse très littéraire, parfois surréaliste, mais profondément emphatique. Les deux autres, quoique moins essentiels, offrent toutefois une variété de registres assez vivifiante.

Annotation :

Bennett Miller confirme qu'il est un talent à suivre avec un autre film sur le sport (dont je n'ai d'habitude rien à foutre), encore plus passionnant que Moneyball. Foxcatcher est avant tout bati autour de ses personnages fascinants et complexes : ce gros taré de John Du Pont, et les deux frères joués par Tatum et Ruffalo, l'un complètement bourru et paumé, l'autre raisonné et plein d'empathie. C'est un film très maîtrisé dans son écriture, et relativement radical dans son parti pris. Loin des codes du biobic à Oscars classique, Miller fait bien durer ses scènes pour installer la tension, conçoit des cadres très précis et terriblement froids, utilise la musique avec parcimonie. Une oeuvre assez brillante.

Annotation :

J'ai envie de dire que pour le coup les louanges sont méritées pour un film d'épouvante qui a une vraie intelligence dans la mise en scène et sait créer des personnages qu'on aime suivre malgré leurs clichés. Difficile de faire plus terrifiant comme idée que celle que la menace peut se cacher derrière n'importe quel individu, Carpenter l'avait déjà compris.

Annotation :

Encore une fois, le Woody annuel est un très bon cru. Malgré le point de départ on ne peut plus allenesque (une relation entre une jeune étudiante pétillante et un professeur brillant mais autodestructeur), le film parvient à se révéler très surprenant passé sa première demi-heure et à recycler de manière assez jouissive une thématique déjà abordée par Allen dans certains de ses plus grands films.

Joaquin Phoenix arrive à être un personnage typiquement allénien sans mimiquer le jeu du cinéaste, et Emma Stone est tout simplement hypnotique, sublimée comme jamais. En prime, très belle photo de Kondhji et mise en scène bien inspirée.

Annotation :

Pas évident tant la forme est atypique (presque que du plan fixe, rythme très lent et absence de vraie construction dramatique), mais le dernier Apichatpong n'en demeure pas moins un objet cinématographique fascinant. Il y a vraiment une grande pureté et une infinie sérénité qui se dégagent de ces images, une manière de capter à la fois les personnages, le naturel mais aussi le surnaturel qui semble s'intégrer au reste tout naturellement. Puis cette séquence nocturne, ces lampes qui changent de couleur, quelle merveille !

Annotation :

On reprend la même recette que le 4, avec toujours autant d'efficacité et suffisamment de renouvellement pour éviter la redite. McQuarrie prend la relève de Brad Bird avec les honneurs : la séquence de l'opéra seule restera dans mes mémoires comme grand moment de maîtrise. On a aussi un Cruise toujours aussi génial dans son ego-trip spectaculaire, puis globalement c'est super bien rythmé, sérieux mais pas trop et on pardonne les trucs un peu gros, ou les rebondissements parfois trop nombreux sur la fin. Du divertissement de grande qualité.

Annotation :

Ah que j'aime voir de la bonne stop-motion, pour ça on peut compter sur Aardman. C'est vraiment super, drôle, dynamique, inventif, parfois touchant. Un film destiné aux mômes avant tout mais qui arrive à ne pas les prendre pour des débiles et même à insérer des références subtiles et vraiment bien vues. Et tout ça sans dialogue intelligible !

Annotation :

En voilà un film intéressant. Yorgos Lanthimos semble se délecter avec le monde dystopique qu'il crée, incontestablement absurde, drôle mais aussi glaçant quand on y pense. Colin Farrell est complètement pitoyable mais parvient à dégager une étrange sympathie.

Annotation :

Le dernier né des studios Ghibli est finalement une bonne surprise de la part d'un réalisateur dont on peinait à discerner la singularité dans Arietty. Yonebayashi livre ici une histoire plutôt singulière pour Ghibli, dans sa base comme dans son traitement. L'atmosphère se fait plus mélancolique et doucement rêveuse, avec ce jeu très juste entre réel et irréel, et le tout est porté par un duo de jeunes filles terriblement attachantes chacune dans leur genre, d'autant plus que le film fait de leur traitement psychologique sont principal focus. La direction artistique ne sort pas des canons ghibliesques, mais demeure de grande qualité. Pas aussi marquant que le duo Miyazaki/Takahata de l'année passée, mais un film très agréable et qui augure du meilleur pour son auteur (dommage que l'avenir des studios reste incertain).

Annotation :

Vinterberg livre un film relativement classique à travers cette adaptation littéraire, mais nuance néanmoins ses personnages, tous divinement interprétés, et offre une mise en scène sauvage et inventive, soutenue par une magnifique photo rougeoyante.

Annotation :

Guillermo revient avec un film assez imparfait mais avec une putain d'ambiance, une photo à tomber, une mise en scène excellente... Qui arrive à créer un vrai climat de mystère et d'inquiétude, à faire vivre cette histoire de manoir hanté, à parfois même créer de l'angoisse. Un travail maîtrisé et généreux. Les personnages arrivent également à bien emmener le récit, il faut dire que le casting est rudement bien choisi et que Mia Wasikowska a toujours autant de charme.

Dommage que l'écriture soit un peu bancale, avec un déroulement parfois très automatique et une histoire finalement assez anecdotique une fois le fin mot révélé, le travail autour est tellement énorme qu'on en attend plus.

Annotation :

Bon, mieux vaut le dire tout de suite : oui, Spectre est une relative déception et non il ne vaut pas son illustre prédécesseur. Le film fait des promesses qu'il ne tient pas forcément et finit par sous-exploiter toutes ses thématiques potentiellement intéressantes, ainsi que son méchant (et sous-exploiter Christoph Waltz, c'est mal), là où Skyfall allait au bout de son propos. Mais ça reste un divertissement de grande qualité, à mi-chemin entre l'esprit des vieux Bond et celui du reboot de Craig. Il y a pas mal de séquences qui valent vraiment la peine, et la maîtrise formelle de Mendes est toujours impeccable. Déception très très relative donc.

Annotation :

Le film du renouveau pour Tim Burton, exit les acteurs fétiches et l'ambiance gothique, on a droit ici à un biopic tout ce qu'il y a de plus classique. Un peu trop ? Il est vrai que Big Eyes peut paraître conventionnel et peu osé, en particulier quand on le compare au généralissime Ed Wood. Toutefois, le film n'en porte pas moins la marque de son auteur, de par son sujet très personnel (le rapport entre l'artiste et son oeuvre), mais aussi ce ton un peu satyrique typique du réalisateur. Mais le film est avant tout construit autour de cette relation de couple si particulière, de ce mensonge de plus en plus insupportable, et de la complémentarité des deux acteurs principaux : Amy Adams, touchante de retenue, et Christoph Waltz bien barré comme on l'aime. Un Buton "mineur" mais qui mérite amplement qu'on s'y intéresse.

Annotation :

Sorrentino se laisse peut-être parfois trop aller à la surenchère stylistique (bon après le gars sait filmer) mais arrive malgré tout à dresser de très beaux personnages avec notamment ce duo incarné par Caine et Keitel, tous deux resplendissants. Un très beau film sur la vieillesse, pas des plus sobres mais avec de vrais instants mémorables.

Annotation :

Bon bon, que puis-je en dire ?

En tant que fan de Star Wars, j'en ressors forcément un peu déçu. Le gros problème, c'est qu'on a un film qui brosse le fan dans le sens du poil au point de faire un remake du film de 1977. C'est qu'à force de vouloir éviter de faire comme la prélogie, on se retrouve avec des problèmes inverses, à savoir un manque d'explications du contexte géopolitique qui n'auraient pourtant pas fait de mal, un rythme peut-être trop rapide. C'est enfin le fait qu'on sente finalement bien plus qu'avant l'oeuvre d'un studio, qui sérialise ses films, laisse volontiers des questions en suspens pour attirer le spectateur dans les salles la fois suivante.

A côté de ça, on retrouve vraiment un certain esprit, une simplicité dans l'écriture des personnages, une dynamique qui marche vraiment (Rey et Finn sont attachants et ont une vraie complicité), ce côté aventures spatiales qui manquait à la prélo. Sans compter Han Solo dont le rôle fait bien plaisir, d'autant plus que Harrison Ford semble s'amuser comme un petit fou. Kylo Ren est un méchant intéressant, hélas assez imparfait dans son traitement. A ce titre, c'est peut-être le premier tiers la meilleure partie du film, quand on découvre tous ces personnages et avant que les parallèles avec Un Nouvel Espoir ne deviennent trop présents.

Le brave JJ livre une mise en scène propre mais sans génie, de même que la musique de Williams.

Bref, déception relative donc mais je n'ai pas pu m'empêcher de prendre mon pied.